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Par : M.Kleiche
Publié : 4 avril 2014

Gouvernement

Un nouveau gouvernement de combat…

En réponse à la défaite cuisante subie par sa majorité aux élections municipales, le président Francçois Hollande a nommé Manuel Valls comme Premier ministre qui a constitué un gouvernement resserré autour d’anciens ministres et de quelques nouveaux. Est-il possible de gagner une bataille, quand on a déjà perdu la guerre ?

Est-ce que ce Gouvernement est en mesure de réussir là où le précédent a échoué ? On peut en douter. Les Ecologistes quittent le Gouvernement malgré l’offre alléchante qui leur a été faite de diriger un grand ministère de l’Ecologie, de l’Energie et des Transports, ministère qui sera dirigée par Ségolène Royale. Et le casting est important en politique comme au cinéma, en inscrivant ce nouveau gouvernement dans la continuité de la politique du précédent, François. Hollande montre qu’il ne tire aucun enseignement du résultat des élections.

Les urnes ont rendu quatre verdicts.

Premier verdict

Une défiance extrême vis-à-vis de la classe politique : les élus municipaux de dimanche sont les plus mal élus de la cinquième République. Les meilleurs scores ne dépassent guère 30% des inscrits et l’écrasante majorité des élus flirtent avec 20% des inscrits. L’offre politique ne séduit pas les Français, en particulier les jeunes et les populations défavorisés, ceux-là même qui rencontrent les plus grandes difficultés et qui seraient en droit d’attendre que la politique améliore leur sort.

Deuxième verdict.

A côté des abstentionnistes, actifs ou passifs, il y a ceux qui veulent renverser la table et par leur vote expriment tout à la fois et selon les régions et les catégories de population, la désespérance sociale extrême, le sentiment d’insécurité, la défiance envers une justice inefficace et partiale et la haine d’une Europe perçue comme le symbole d’une mondialisation intrusive, omnipotente et destructrice de repères et de valeurs traditionnelles. Ces voix s’expriment principalement à travers le Front national, mais aussi à l’extrême gauche. A cet égard, on constate que le vote Front national recoupe les anciens bastions du Parti communiste dans les régions industrielles(ou ce qu’il en reste) de l’Ile de France, du Nord et de l’Est.

Troisième verdict.

Le Gouvernement en place paie, comme le précédent, l’incapacité à produire des résultats concrets et, surtout, à convaincre que les orientations prises sont celles qui réussiront à faire sortir la France de l’ornière. Tout d’abord, F. Hollande, en dépit d’une situation économique très dégradée a escompté, imprudemment, sur le retour de la croissance pour limiter la réduction des dépenses. Dans l’attente, de ce retour de croissance, il a misé sur la création d’emplois jeunes pour contenir la poussée du chômage. Malheureusement aucun de ces deux paris n’a été tenu. Devant ces échecs et pour répondre à l’impatience de la Commission européenne et la crainte d’une nouvelle dégradation de la note financière de la France, F. Hollande a lancé le pacte de compétitivité comme on lance une bouée de sauvetage à un naufragé. Les électeurs ont bien compris que loin d’être la traduction concrète d’une vision et d’une stratégie, ce pacte de compétitivité, dont on ne connaît toujours pas le contenu exact, est porté comme un moyen de gagner du temps en attendant que la croissance revienne. Car la croissance est toujours revenue dans le passé. Certes mais de moins en moins vigoureuse et durable.

Quatrième verdict.

Que l’opposition ne se trompe pas : il ne s’agit pas d’un vote d’adhésion à l’UMP ou l’UDI, mais d’un vote de rejet du Gouvernement en place. Car quelle alternative crédible la droite peut-elle présenter ? A-t-on seulement entendu les leaders de l’opposition exprimer un projet pour l’avenir ? Mais est-elle prête ? L’échec cuisant du Gouvernement l’oblige à sortir du bois. Les élections européennes prochaines nous fourniront une partie de la réponse. Mais gare à la tentation de critiques à outrance pour présenter finalement une politique identique à celle du Gouvernement et tout autant vouée à l’échec.

Relancer l’économie et créer de l’espérance.

Le Gouvernement présenté ce mercredi 2 avril ne constitue pas une réponse appropriée à ces quatre verdicts. Il ne modifie en rien la politique suivie et continue à miser sur l’imminence du retour de la croissance pour se sortir d’affaire. Or on voit mal comment celle-ci pourrait prospérer dans un contexte où les mesures d’austérité se succèdent aux déficits des comptes publics. Sur la méthode, en se posant avant tout en socialiste, le nouveau Premier ministre réduit une base politique déjà étriquée et qui, avec la sortie des Écologistes, se retrouve réduite aux seuls PS et PRG. Or dans une situation politique dramatique de cette ampleur, il fallait ouvrir, prendre le risque de tendre la main à l’opposition républicaine pour qu’ensemble les éléments modérés de la droite et de la gauche prennent les mesures courageuses pour relancer l’économie et créer de l’espérance.

Hélas, cela n’en prend pas le chemin. Et le refus des Écologistes de participer au Gouvernement malgré l’amour immodéré du pouvoir affiché par certains (es) de ses dirigeants est le meilleur signe que ce Gouvernement est mort-né.