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Publié : 11 novembre 2014

Festival Blues-sur-Seine

Cabu : "notre société est complexe et disparate !"

Dans le cadre du Festival Blues-sur-Seine, l’association Bulles de Mantes a invité, le 8 novembre, CABU* pour une dédicace à l’Hospice Saint-Charles de Rosney-sur-Seine. En marge de l’exposition "Cabu Swing" tirée de l’album éponyme, dans lequel il exprime librement sa grande passion pour le jazz, Cabu a répondu aux question du J2R.

Journal des Deux Rives : Cabu, comment a été l’accueil du public durant cette dédicace ?

Cabu  : "Cela a été très sympa ! Les gens sont accueillants et la file est très longue donc cela veut dire que mes oeuvres

sont toujours lues et pertinentes."

J2R : La musique - en l’occurrence le Jazz- le dessin (la caricature) sont-ils des expressions efficaces pour toucher le plus grand nombre ? En fait, peut-on changer le monde ou sa manière de penser avec le Jazz et la caricacture ?

Cabu : "Rien n’est définitif. Parfois cela marche mais prenons le Jazz dans les années 1950 : Les Jazzmen noirs avaient investi la scène musicale à Chicago et New-York avec un nouveau mode d’expression qui bouleversa l’Amérique. A partir de là, je pense que le mouvement des droits civiques avaient planté les germes de sa viabilité qui culmina avec la victoire d’un mouvement progressiste aux Etats-Unis dans les années 1960. Laisser la scène aux blacks qui jouaient d’une manière endiablée tout en véhiculant un message "politique" voilà un succès. Cela me laisse supposer que la culture est le créneau où les idées s’implantent ou pas. Quant au dessin, voire la caricature, cet art est vieux comme le temps... Je croque mes personnages - même en accentuant les traits - à partir de mes observations du quotidien. Le reste c’est un exercice technique qui demande une certaine dextérité et du temps."

J2R : Avec l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux, quel est rôle et la place du dessinateur de caricatures ?

Comment faire dans un monde où le modèle économique ne répond pas à cet exercice classique de la caricature ?

Cabu : Vous avez raison de s’inquiéter du modèle économique de l’Internet ! Pourquoi ne pas s’interroger sur tout le système économique tout court. D’une manière générale, la presse se pose le même type de question : comment se faire rétribuer le travail et la plus-value d’un rédacteur ou d’un dessinateur ? Comment obliger aux gens de payer le processus de création et de production de cette oeuvre ? Je crois qu’il y a des modèles à tester et je vous renvoie la balle : comment vous faites le J2R et qui paie les coûts de conception et de production ?

J2R : En voyant le nombre impressionnant de fans, je me demande si vous n’êtes pas devenu une parcelle du patrimoine français ? Comme les caricatures - l’adjudant Kronenburg et le jeune idéaliste pacifisite par exemple - que vous proposez au "Canard enchaîné" chaque semaine, cela fait partie désormais de la culture française ?

Cabu : "Je ne suis pas encore mort et mes personnages sont le fruit de l’observation de notre société, complexe et disparate. Il y a de tout dans la France d’aujourd’hui : Kronenburg était bourré à dix heures du matin et voulait faire la guerre coûte qui coûte... Dans la jeunesse on passe forcément par des étapes d’idéalisme et d’altruisme. Enfin, je vois que vous pouvez devenir ministre de la Culture avec votre manière de voir la France !"

Post-scriptum

CABU Swing sur Seine

L’Hospice Saint-Charles de Rosny-sur-Seine l’exposition "Cabu Swing" Une occasion à ne pas manquer !

Exposition du 25 octobre au 22 novembre 2014
Hospice Saint-Charles
30 rue Nationale à Rosny-sur-Seine (78)
Ouvert tous les jours de 14h00 à 18h00
Entrée libre