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Publié : 16 novembre 2014

Projet de déviation RD 154

Contournement de la RD 154, la lutte finale

Le 15 novembre environ 350 personnes ont manifesté leur mécontentement : Ils ne veulent pas cette énième bretelle routière qui détruirait l’espace agricole et qui affecterait le cadre de vie des habitants. Le bras de fer est désormais entamé et le compte à rebours a commencé.

Depuis 2002, ce projet de contournement de la RD 154 fait polémique ici dans les Deux Rives et en particulier dans les villes de Verneuil-sur-Seine et Vernouillet. L’ADIV environnement a croisé le fer avec les autorités publiques : des recours avaient été formés - et perdus par l’ADIV - pour contrer un projet initié au début des années 1980 et dont les études ont été menées entre 1996 et 2002. L’enquête publique s’est déroulée du 10 juin au 10 juillet 2004 et le préfet avait signé l’arrêté de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) le 25 avril 2005. En novembre 2009, cette DUP a été prorogée jusqu’au 25 avril 2015.

Il s’agit donc de cinq mois (d’ici à avril 2015) de combats juridiques qui attend les propriétaires fonciers. L’enjeu de cette "grande manifestation " était donc de mesurer l’ampleur de la mobilisation citoyenne et des autres acteurs associatifs. Plus de 350 personnes ont foulé le bitume pour dire NON à ce projet "inutile", coûteux et néfaste pour l’environnement. "Non à la destruction des prairies agricoles" ont scandé les manifestants depuis les deux points de départ de la manif : mairies de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet. Vers 15 heures, les deux cortèges ont convergé à l’emplacement du rond point envisagé par le Conseil général des Yvelines qui compte dépenser 40 millions d’euros dans cet ouvrage pour "dégorger" la circulation entre Orgeval et les Mureaux. Cet élément est fortement contesté par les associations avec des chiffres à l’appui.(1)

Selon Jean-Pierre Granier, président de l’association "Bien vivre à Vernouillet" les recours sont susceptibles d’arrêter ce projet malgré le fait que la procédure ne soit pas "suspensive" autrement dit le chantier peut allègrement continuer si chantier il y a. Un plan d’action juridique est en cours afin de mutualiser tous les bonnes volontes pour monter un dossier juridique "béton". Jocelyn Maury, habitant de Vernouillet, et de formation juridique, a exhorté les forces présentes de continuer la mobilisation car la médiatisation de cette affaire peut et doit aider "les opposants à ce choix" inacceptable aux manifestants. Certes, la puissance de la mobilisation va faire réfléchir plus d’un leader politique du coin car la période électorale qui s’annonce au Conseil général des Yvelines peut modifier la donne sur le terrain. Le président de l’association ADIV environnement, Bernard Destombes a aussi martelé la nécessité de faire pression sur les élus en exhortant les habitants à assister aux prochains conseils municipaux des deux villes concernées, Verneuil-sur-Seine et Vernouillet.

"Je suis né à Vernouillet, je travaille au marché de Verneuil et je laboure ma terre et je mourrai à Vernouillet" a exclamé Marc Surgis dans un moment fort de prise de parole. Figure local du mouvement, cet agriculteur, connu par son énergie et son message écolo-compatible, a assené : "Je vais épuiser tous les recours..." pour contrer cet ouvrage qui n’a pas lieu d’être.(2) Habitants, commerçants, cyclistes, chasseurs, promeneurs, anciens et nouveaux venus dans la zone verte de notre territoire ont applaudi ce message à la fois d’un acteur économique qui tente de concilier la Nature et l’homme. Sur cette terre de convoitise pour les "bétonneurs", l’enjeu foncier est classique : le mitage de la zone agricole protegée (ZAP) commence toujours par une bretelle ici et là et après les bulldozers convergent pour laisser derrière de l’urbanisation insipide et non chaleureuse.

Enfin, cette manifestation - pacifique- a démontré une fois encore que de tels projets continuent à être questionnés par les habitants des communes des Deux Rives. Pourquoi tel gâchis ? Pourquoi continuer à penser le monde avec les outils et les méthodes des années 80 et 90 ? Dans un monde en pleine (r)évolution, cette manifestation a démontré l’ancrage des habitants à leur territoire à caractère naturel. Ce bras de fer classique a sonné le glas de la lutte "finale" entre les pro et opposants de cette voie de contournement de la RD 154.

Post-scriptum

Notes

(1) Pour les opposants au contournement, les arguments du Conseil général ne sont pas recevables car :

Contrairement à ce qui était écrit dans le dossier d’étude d’impact, la circulation automobile n’a pas augmenté sur la RD154 dans les centres-villes de Verneuil-sur-Seine et Vernouillet.
La sécurité dans les centres-villes, en particulier celle des piétons, a été améliorée par la mise en place de moyens simples et peu couteux pour ralentir la circulation automobile (chicanes, ronds-points, ralentisseurs).
La déviation serait un massacre pour la plaine agricole de Vernouillet ; ce serait une catastrophe pour le bois de Verneuil et notamment sa partie la plus riche du point de vue écologique, la zone des Planes.
La construction de la déviation serait un argument de plus pour urbaniser à outrance notre territoire.

(2) D’ailleurs, la Région Ile-de-France avait acheté une partie des terres concernées par la déviation pour les rendre à nouveau agricoles. Et puis par la décision de la technocratie, ces terres sont à nouveau convoitées par les "constructeurs de bretelles d’autoroutes..."