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Par : Sirieux
Publié : 22 avril 2015

Finances publiques

Philippe Tautou exhorte les contribuables à comprendre les vrais enjeux fiscaux

Lors de la présentation à la presse du budget de Verneuil-sur-Seine, Philippe Tautou, maire de Verneuil et président de la CA2RS et du Pôle métropolitain, a exhorté les contribuables à mieux comprendre les enjeux de la situation inextricable des finances publiques locales.

Philippe Tautou

Conférence de presse du 17 avril à Verneuil-sur-Seine

Verbatim

« Comme Pierre Bédier (NLDR : président du Conseil départemental des Yvelines) je vais pousser un coup de gueule pour qu’on arrête de nous (élus) taper dessus car notre Etat c’est défaussé de sa responsabilité, afin d’expliquer à nos concitoyens qu’après avoir augmenté les impôt nationaux l’Etat nous met dans l’obligation pour certains d’augmenter les impôt locaux [en raison de la diminution des dotations aux communes dont la Dotation globale de fonctionnement, DGF). Cela dit, je ne dis pas que l’Etat a tort de demander aux collectivités de faire des économies je dis simplement qu’on n’a pas voulu informer nos concitoyen de cette obligation et, partant de là, on nous laisse le soin de gérer en disant qu’il y a 3 000 000 euros à trouver en l’espace de trois ans.

La majorité des commune - si elles n’ont pas augmenté leur impôt - seront dans l’obligation de le faire dans 1 ou 2 ans. Quant à Verneuil-sur-Seine, si l’Etat supprimait la DGF d’un montant de 1 200 000 €, je ne pourrais plus assurer l’équilibre de mon budget et je ne pourrais pas faire autrement qu’augmenter des impôts.

Il faut que l’on arrête de nous qualifier de mauvais gestionnaires car, au niveau des impôts locaux, les élus sont obligés d’augmenter les taux après deux ans de ponctions de l’Etat. Par conséquent, il y a un ras-le-bol général dès que l’on évoque les impôts. Autour de vous, tout le monde s’est dit saturé !

Encore une fois, c’est la politique du gouvernement [NDLR : d’austérité] qui a été suivie depuis deux années et qui n’a pas été couronnée de succès ; les élus locaux augmentent les impôts si derrière ces mêmes élus réalisent des projets ou font des travaux dans la commune la rendant plus attrayante, plus belle... Et si vous êtes propriétaire, la valeur foncière des biens va augmenter et ceux qui sont locataires ne verront pas d’augmentation inconsidérée des loyers.

En parlant du logement, on m’avait critiqué car « le maire était toujours en train de construire » ; non seulement je construis, mais je continuerai à construire demain et pourquoi ? Regardez les communes aux alentours, comme Triel ! L’Etat s’est réveillé en leur disant qu’il y avait des obligations de logement... Vous ne les respectez pas donc on vous taxe ! Est-ce que c’est malin de taxer une commune ?

Mais il ne reste pas moins vrai que, dans les finances communales, Triel doit payer plus de 230 000 euros ce qui est énorme pour un budget communal. Moi étant que maire de Verneuil, je n’ai pas voulu mettre ma ville dans cette situation ; donc c’est pour cela que les projets [immobiliers] se sont multipliés. Pour l’année prochaine, fin 2016, on aura atteint nos 25 % de logement sociaux voir même légèrement dépassé, donc aujourd’hui j’ai mis Verneuil-sur-Seine hors des pénalités financières et j’ai surtout mis la ville en conditions d’accueillir des gens dans des logements modernes et, ce qui est compatible avec la vie d’aujourd’hui, c’est-à-dire avec des loyers qui vont être accessibles au plus grand monde. Au début de ce processus, Verneuil a reçu environ 3,2 M€ d’incitations pour construire dans le cadre de la CDOR du Conseil départemental des Yvelines. Cette aide s’est révélée être énorme pour les projets initiés dans la ville.

Je suis en train de travailler sur d’autres projets ; le projet le plus structurant pour la commune sera le nouveau projet de port dans la zone du Point de Verneuil. »

Question du J2R :« Monsieur le président, auriez vous eu le même discours si M. Sarkozy avait gagné l’élection présidentielle en 2012 en sachant que M. François Fillon, une des personnalités les plus écoutées de la droite en matière de finances publiques, a exhorté les élus et les habitants à redresser les finances publiques... et même locales. Or, le gouvernement actuel fait justement cela ; vous, en tant qu’élu local, est-ce que vous auriez eu le même discours ? »

Philippe Tautou : «  C’est bien pour cela que tout à l’heure j’ai pris le soin de dire que je n’attaquais pas le fond, j’attaque la forme. Autrement dit, oui il faut que ce pays fasse des économies donc oui le gouvernement a raison de demander aux collectivités de faire des économies.  »

Question du J2R :«  Il y a presque un an, des grèves ont été menées par les salariés de la commune. Par rapport à l’effort que vous avez fait sur la masse salariale dan ce budget 2015, est-ce que vous ne craigniez pas une réaction de ce type du personnel de Verneuil ? »

Philippe Tautou : «  A l’évidence tous le jours dans les médias vous entendez des fermetures d’usine ou des entreprises... encore hier il y avait des manifestations où chacun défend son angoisse, ce qui est légitime. Vous avez à faire à des fonctionnaires qui sentent la même angoisse. Je dis simplement à ces gens là - vous fonctionnaires - si vous êtes vraiment fonctionnaire vous êtes à l’abri d’un licenciement, ce qui n’est pas le cas des autres contractuels qui travaillent dans la fonction publique. Là encore, il ne faut pas renchérir ; parce que là encore, cela ferait que des fonctionnaires se trouvent en décalage par rapport au reste de la population, qui n’a pas de boulot car on vous a licencié ou des usines ferment ici et là. Vous n’avez pas le choix. »

Question du J2R : « Juste pour terminer, vous ne pensez pas qu’il y a un problème aujourd’hui car les collectivités locales sont des donneurs d’ordre pour les investissements publics et les travaux publics et avec la rigueur qui s’installe partout on est en train de freiner la croissance ? »

Ph. Tautou : « Parce qu’on n’a pas d’autres choix pour équilibrer votre budget : ou bien vous augmentez vos recettes ou vous diminuez vos dépenses. Si vous diminuez vos dépenses vous avez forcément à intervenir sur ce qui est le plus important, la masse salariale, avec toutes les conséquences que ce choix implique et deuxièmement vous limitez obligatoirement les investissement parce que, pour reprendre dans les grandes masses, vous avez vu qu’on dégageait une fois qu’on a tout payé, les recettes et les dépenses.

Après tout cet exercice comptable, il reste environ 1 400 000 euros par an ; si demain, en 2016, on nous en supprime 1 300 000, il nous reste 100 000 euros pour des investissements. Cela ne vous permet même pas de renouveler le parc informatique et nos véhicules.

Pour reprendre l’explication de M. Pierre Claude Dessaignes, ce n’est pas par doctrine qu’on dit que l’on ne veut pas investir et que l’on ne veut pas alourdir notre dette. Quand on se dit que l’on ne veut pas passer 6 000 000 euros de dette, ce montant signifie qu’on a des capacités tous les ans de rembourser le capital de la dette et ses intérêts... dans un contexte de pénurie des recettes. Il faut s’y préparer et c’est là que j’insiste et j’en appelle à vous tous pour que vous puissiez reprendre cela dans vos journaux car les élus locaux sont mis à mal aujourd’hui et vivent très mal cette situation.

Construire une intercommunalité [NDLR : super agglo allant de Poissy à Mantes] sera à moyen et à long termes bénéfique pour investir. C’est une réalité arithmétique alors la seule chose c’est que vous ne pouvez pas passer d’une situation A à une situation B et demander en l’espace d’un an d’avoir fait des économies. Mais, je ne suis pas contre ce que le gouvernement a fait [l’austérité], je dis simplement qu’il l’a fait dans la précipitation, et cela ce n’est pas bon. On ne nous laisse pas le temps de bien travailler nos sujets puisque qu’on nous demande vraiment d’aller à un rythme infernal.

Sur le fond, je suis d’accord. Par contre sur la forme, une fois de plus, le procédé a été désastreux et on constate bien les difficultés [financières] des villes et des intercommunalités... Vous allez regarder ce qu’il va se passer dans les années à venir avec les régions. Le fait de regrouper ne va pas forcément générer des économies ! »