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Par : C.S.B
Publié : 27 mai 2015

Bloc notes de l’Histoire

Qui était Jean Zay ?

A Verneuil-sur-Seine comme dans une centaine de communes françaises une école, un collège ou un lycée porte le nom d’une personnalité du Front Populaire : le ministre Jean Zay. L’actualité met en avant son itinéraire et sa fin tragique. Un livre, écrit conjointement par deux personnalités de bords politiques opposés retrace dans un même éloge son parcours.

Aujourd’hui, 27 mai 2015, Jean ZAY entre au Panthéon.

Un destin dense, fulgurant et tragique.

Le collège de Verneuil-sur-Seine porte le nom de Jean Zay qui fut le ministre de l’Instruction et des Beaux Arts du Front Populaire, puis un Résistant, dont la vie, la carrière et la fin tragique sont plus qu’exceptionnelles, exemplaires. Député à 27 ans, ministre à 31 ans, prisonnier politique à 36 ans, assassiné à 39 ans : l’itinéraire de Jean Zay est dense, fulgurant et tragique.

Un républicain méconnu.

Jean Zay (1903-1944) est un homme politique français né à Orléans en 1904 et mort assassiné en juin 1944 par la Milice à Molles. Il fut ministre du Front Populaire. On lui doit les grandes réformes qui marquent encore à ce jour les principes de la scolarité à la Française.

Né d’un père juif laïc et d’une mère protestante. Il milite aux Jeunesses laïques et républicaines. Bachelier, en 1923, il entre comme journaliste au «  Progrès du Loiret  ». En 1928, il devient avocat et s’inscrit au barreau d’Orléans. C’est à partir de cette période qu’une grande carrière s’ouvre devant lui.

Militant en vue au Parti Radical et Radical-socialiste pour ensuite être élu député de la première circonscription du Loiret de 1932 à 1936. Après être apparu comme « chef de file des jeunes radicaux » et l’un des artisans du Front Populaire, il est réélu. Durant cette période, il rencontre Madeleine Drieux, qu’il épouse en 1931. De cette union naissent deux filles : Catherine en octobre 1936 et Hélène en 1940.

En 1936, Jean Zay entre dans le Ministère Sarraut comme sous-secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil. Le 4 juin, il est appelé par Léon Blum au poste de ministre de l’Education Nationale et des Beaux-Arts, il a alors 32 ans. Lors de son passage au Ministère, entre 1936 et 1939, Jean Zay mit en œuvre les réformes suivantes :

* Prolongation de la scolarité, de 13 à 14 ans, à partir d’octobre 1937.

* Ouverture d’un très grand nombre de classes.

* Introduction de l’éducation physique obligatoire dans les horaires et construction de terrains de sport.

* Organisation de l’orientation professionnelle.

* Développement de l’hygiène scolaire et création de cantines.

* Essor des colonies de vacances avec en particulier la « Jeunesse en plein air. »

* Paiement des vacances aux suppléants.

* Construction de lycées (féminins notamment) et création de postes.

* Impulsion donnée à l’enseignement technique.

* Instauration de la médecine préventive et encouragement à la pratique du sport.
* Augmentation du nombre de boursiers et du taux des prestations versées.

* Institution du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).

* Création du musée de l’Homme.

* Ouverture du Palais de la découverte.

* Projet d’Ecole Nationale d’Administration.

Les temps de guerre

La guerre met fin à sa carrière de ministre lorsqu’il s’engage, le 2 septembre 1939, il entend partager le sort de sa génération sur le front. Le 18 juin 1940, il se rend à Bordeaux pour participer à une séance extraordinaire de la Chambre des députés et partir pour l’Afrique du Nord avec d’autres parlementaires. Il s’embarque alors sur le Massilia avec des hommes comme Mendès France où le nouveau pouvoir les fait arrêter. En juin 1940, il est condamné à la déportation et à la dégradation militaire, peine jamais prononcée depuis l’affaire Dreyfus, pour une durée indéterminée par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, il est détenu successivement au fort Saint-Nicolas à Marseille puis à la prison de Riom. Il subit une violente campagne de presse orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l’Information du gouvernement de Vichy, réclamant la condamnation à mort du «  juif Jean Zay ». Durant ces années de souffrances physiques et de tortures morales, il prend des notes qui lui donnent une grande force. Celles-ci seront rassemblées dans un livre en 1945, sous le titre : « Souvenirs et Solitude ». Le 20 juin 1944, il est enlevé durant son transfert à la prison de Melun et assassiné par des miliciens de Joseph Darnand dans un bois à Molles dans l’Allier.

Olivier Barbeau et Roger Kaoutchi - Jean Zay : 1904-1944 Ministre de l’Instruction du Front populaire, Résistant, martyr – Ramsay 2006

Olivier Barbeau et Roger Kaoutchi ont écrit un livre en 2006 qui retrace la vie et l’œuvre exceptionnelle de Jean Zay. Le paradoxe de ce livre c’est qu’il est l’œuvre d’un homme de droite (Roger Karoutchi) qui façonne une sorte de panégyrique (bien que l’éditeur s’en défende) d’un homme de gauche (Jean Zay). Deux justifications s’imposent : celle de l’éditeur puis celle des auteurs.

La présentation de l’éditeur :

« Figure majeure de la IIIe République, Jean Zay fut député radical à vingt-sept ans et ministre de l’Instruction, comme on disait alors, à trente et un. Il a connu les troubles des années 1930, la menace des Ligues et de la guerre civile, le Front populaire de 1936, la difficile conversion d’une France rurale en une puissance industrielle, alors qu’à l’extérieur le pays se trouvait pris en tenaille par les dictatures, jusqu’à son effondrement face aux fascismes. L’oeuvre ministérielle de Jean Zay est d’une exceptionnelle richesse : le festival de Cannes, l’Ena, le statut moderne des droits d’auteur, le CNRS, et même les bibliobus lui doivent leur existence ! Mais c’est surtout dans l’éducation que son action fut la plus considérable : avec une remarquable avance sur son temps, ce grand pédagogue a posé les fondements de ce qui deviendra le système scolaire moderne. Si la guerre n’avait pas mis un terme à sa carrière, il est certain que Jean Zay aurait pu accomplir encore beaucoup.

C’est ce destin tragique que nous racontons ici : sa carrière politique fulgurante bien sûr, ses projets et son œuvre visionnaire, son emprisonnement par le régime de Vichy, son assassinat par la Milice en 1944, mais aussi ses épreuves et ses faux-pas. En notre époque de crise idéologique profonde, il est nécessaire de faire retour sur cette période de l’histoire de France qui, plus que toute autre, a vécu l’angoisse du lendemain, les luttes et les déchirements. La situation des années 1930, à bien des égards, est comparable à celle que nous vivons aujourd’hui : l’historien y décèle la même lassitude démocratique, la même crise économique, la même désespérance populaire face à ses dirigeants. Retracer les erreurs de l’une pourrait bien être un moyen efficace pour éviter les mauvais pas de l’autre. Ni panégyrique ni instruction à charge, cette biographie se veut un récit fidèle sur l’un des hommes politiques les plus remarquables du XXe siècle. »

Les premières lignes.

Pourquoi s’intéresser à un homme de gauche quand on partage soi-même des convictions qu’il est convenu d’appeler « de droite » ? Qu’est-ce qui peut nous pousser à écrire la biographie de Jean Zay, radical-socialiste, nous qui défendons résolument des points de vue qui, à son époque, auraient été en opposition avec lui ? La question ne manquera pas de nous être posée. Répondons-y dès maintenant.

D’abord il nous semble que Jean Zay fait partie de ces grands hommes que leur oeuvre exemplaire place au-dessus des considérations de chapelle, des appartenances partisanes. Comme certains monuments font partie à tout jamais du patrimoine commun des Français, certains destins deviennent la propriété de tous les citoyens de notre République. Nul ne peut plus qu’un autre se réclamer de tels trésors nationaux, au motif qu’il en serait plus proche.

Ni panégyrique ni instruction à charge, cet ouvrage se veut un récit fidèle quoique non universitaire de la vie de Jean Zay. En rédigeant sa biographie, nous souhaitions réparer une injustice : celle de l’oubli relatif dans lequel il est tombé depuis cinquante ans. Demandez aujourd’hui à un homme ou une femme de moins de trente-cinq ans s’ils connaissent Jean Zay, et vous constaterez vite que ce nom n’occupe aucune place dans la mémoire collective, alors que ceux de Blum ou Mendès France jouissent toujours d’une notoriété méritée.

Post-scriptum

Des livres à lire

si vous voulez en savoir plus.

Marcel Ruby- Jean Zay, la vie et l’œuvre - Ed. Corsaire

Jean Zay - Souvenirs et Solitude - Ed. Talus d’approche.

Chroniques du Grenier - Ed. L’Ecarlate

Olivier Loubes - Jean Zay. L’inconnu de la République - Armand Colin, 2012

Gérard Boulanger - L’Affaire Jean Zay : La République assassinée - Calmann Lévy - 2013