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Publié : 22 juillet 2015

L’A104

Pourquoi la A104 ne se fera pas...

Malgré les gestes pavloviens de la droite yvelinoise, le projet de l’A104 ne se fera pas d’ici à 2030. Ici nous reproduisons un édito d’avril 2010 du Journal des 2 Rives. Tiens, tiens, c’était le début d’une campagne électorale pour les régionales de 2010 !

Pour une autre logique de développement

« Si, malgré son coût exorbitant, la A104 doit se concrétiser, elle restera presque une nuisance négligeable par rapport à tout ce qu’elle va, de toute façon, induire d’urbanisation et d’industrialisation. Des gens espèrent tirer d’énormes profits de l’exploitation de la plaine d’Achères et de la boucle de Chanteloup. Andrésy et l’Hautil n’auront plus rien à voir avec le petit coin de verdure pour lequel, il y a 22 ans, nous avions eu le coup de foudre. »

Ce témoignage date de 15 ans [en avril 2010]. Il pourrait avoir été écrit aujourd’hui. Pierre Gesnel(1), l’un des fondateurs du collectif anti-A104 COPRA, s’exprimait alors dans le journal municipal d’Andrésy : autres temps, autre maire, autres moeurs… En 2010, malgré l’offensive des élus et des forces économiques favorables à une Francilienne à 120 000 véhicules/jour traversant notre territoire, il existe toujours de très bonnes raisons pour refuser ce projet autoroutier.
La A104 nécessaire pour désengorger nos routes ? Inutile : entre 2001 et 2007, le trafic a baissé sur les ponts de Fin d’Oise (- 1%) et de Poissy (- 15 % !), à Andrésy et à Carrières (D 55 - 2,6 %). Seul le nouveau pont à Triel a créé un appel d’air sur la D 190. La A104, elle, concentrera tous les facteurs d’aggravation de la circulation : tronçon de Francilienne le plus proche de Paris, contournement plus rapide (105 km contre 135 km à l’est), avec moins de voiries secondaires et davantage de zones urbanisées traversées !

Et puis, comment nos élus peuvent-ils soutenir un tel projet routier à six voies qui traverserait un territoire promis à l’éco-construction, avec ferme solaire et écoquartiers ? La A104 passerait au-dessus du parc écologique cher au maire de Carrières !
Les mêmes élus aiment rappeler aussi que, sans autoroute, nos constructeurs automobiles délocaliseront : menace fallacieuse qui masque les vraies raisons de la crise de ce secteur, à savoir l’absence d’innovations, la baisse structurelle des ventes et les énormes surcapacités de production (25 %). Michel Roullier, patron de Michelin, ne s’en cache pas : « Les marchés occidentaux ne connaîtront plus de croissance  » (Usine nouvelle, 26/11/09).
Cette autoroute avec trois passages fluviaux voit son coût s’envoler : deux milliards d’euros, voire plus…, alors que le déficit budgétaire explose (144 milliards d’euros), alors que la région ne veut pas participer au financement.
Du côté des opposants, la donne politique locale a changé. Plus le maire d’Andrésy communique à tout va sur cette A104 « souhaitée par tous », plus ses habitants votent écologie. Andrésy est ainsi devenue la deuxième ville des Yvelines de plus de 10.000 habitants à voter Europe-Ecologie. Un hasard ?

Et que dire de la montée en puissance d’Eddie Aït, maire de Carrières ? Le seul élu de l’interco à s’opposer clairement à une A104 (« ni faite, ni à faire ! ») est auréolé d’un 64 % dans sa ville. Un hasard ? Le volontarisme d’Eddie Aït, appuyé par le maire de Poissy et le COPRA, peut faire changer la donne : l’élu de Carrières est d’une ténacité à toute épreuve dans les combats qu’il mène.
Alors, disons-le ouvertement : la A104 ne se fera pas !
À l’heure du Grenelle de l’Environnement, les habitants veulent une autre logique de développement. La région et Jean-Paul Huchon proposent des bouclages locaux avec densification des modes de transports alternatifs. Le projet de métro de rocade (de banlieue à banlieue) « Arc Express » répond à cette logique.

Relance à des fins électoralistes ?

KO et son revirement

Le vote d’une motion lundi 22 juin en conseil municipal de Poissy a rouvert le dossier. Le maire de Poissy et par ailleurs président de la Communauté de communes de Poissy, Achères et Conflans-Sainte-Honorine (PAC) a voulu surprend tout son monde par une prise de décision afin de se « concerter à nouveau » sur un projet qui avait marqué les esprits depuis 2006. En outre, Karl Oliver a demandé l’annulation du tracé « vert » qui traversera les villes de Conflans et Achères...

Ce revirement du Maire LR de Poissy a confirmé aussi la légitimité des demandes formulées par le Comité des Élus contre l’A104, un collectif sous l’égide d’Eddie AÏT, ancien maire de Carrières-sous-Poissy et conseiller régional PRG. Ce projet doit être revu et prendre en considération l’opposition claire exprimée par la population. Depuis sa création en 2008, le Comité des élus contre l’A104 a interpellé tous les pouvoirs publics concernés par le projet et a organisé plusieurs réunions publiques afin de sensibiliser et de mobiliser les populations, avec la participation du COPRA184 (Collectif pour la Protection des Riverains de l’A104).

Valérie Pécresse, députée des Yvelines, fait campagne pour l’autoroute

Dans le cadre d’une visite électoraliste fin juin 2015 auprès des patrons de Poissy, Mme Valérie Pécresse a réitéré le besoin de construire cette autoroute. Cette dernière pourrait soulager le circulation et les embouteillages à Poissy et dans ses environs. En outre, les autoroutes font partie des recettes pour la sacro-saintes croissance tant demandée pour endiguer le fort taux de chômage.

Le COPRA 184 écrit à Mme Royal

Dans un courrier en date du 18 juillet, la puissante association Copra 184 a demandé un rendez-vous au ministre de l’écologie, Mme Ségolène Royal. « Par notre précédent courrier du 06 janvier 2015 nous avons eu l’honneur de solliciter une entrevue avec vous-même afin de vous faire part de notre argumentation contre ce projet obsolète et de notre proposition en matière de solutions alternatives.
Vous nous avez renvoyés vers Monsieur A. VIDALIÈS, Secrétaire d’État chargé des Transports. Cependant, malgré de multiples relances auprès de son cabinet, notre demande de rendez-vous n’a pas abouti.
Les effets de la pollution sur la santé prennent aujourd’hui une place importante dans tous les médias.
Ce projet A104 est inacceptable car il est une réelle menace pour la santé des habitants des villes concernées, dans les Yvelines et le Val d’Oise, en ramenant sur ce tracé dit « vert  » un important flot de véhicules qui ne circulent pas actuellement dans cette zone (Débit estimé de 120 000 véh. / jour, soit un débit sans commune mesure avec le débit actuel).
D’autre part, nous avons bien pris note de votre capacité à décider, en tant que Ministre de l’Écologie, de décider de l’annulation d’un projet autoroutier.
Nous sommes persuadés que vous aurez à cœur de sauvegarder la santé des populations concernées par le projet A104 et la qualité de leur environnement, comme vous l’avez déjà fait pour d’autres projets.
Aussi, nous avons à nouveau l’honneur de solliciter une entrevue, avec vous-même, afin d’évoquer ce projet autoroutier obsolète qui ne peut plus être d’actualité, dans le contexte actuel de lutte contre la pollution atmosphérique.
 » Une mise au point ministériel sur ce dossier va peut-être clarifier la suite de ce débat et surtout sa pertinence.

Dossier à suivre...

Post-scriptum

(1)« Voir sa chère campagne promise aux bulldozers… », tel était le cauchemar de Pierre Gesnel.