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Publié : 5 février 2016

Prolongement de la Francilienne

Les opposants à l’A104 bombent le torse ! (Webtélé2R/SeineTV)

Des slogans comme « Crime politique... bombe à retardement... capacité de nuisance du COPRA » ont pimenté le 4 février la conférence de presse des opposants à l’A104. Sans oublier le retentissant « crime contre l’humanité » de Victor Blot, l’association COPRA 184 a lancé à tous les acteurs politiques un avertissement de la dangerosité des autoroutes en général et notamment en milieu urbain. Christiane Paravy, présidente du COPRA 184, Laurent Lantoine, le secrétaire de l’association, et Victor Blot, fondateur du COPRA 184 ont accueilli la presse à Conflans-Sainte-Honorine.

On suit les opposants à l’A104 depuis 2006 : ils ont fait de très nombreuses manifestations ; ils ont écrit des lettres de doléances aux ministres dont Ségolène Royal, ministre de l’Écologie. Sans réponse à ce jour. Le constat est simple et clair : la Francilienne est dans l’impasse depuis les débats de concertation de 2006 où notamment on a mis en exergue, pour la première fois, le lien entre la pollution atmosphérique et les nuisances sanitaires majeures.

Contrairement aux années 1970, la mobilité ne passe plus uniquement par la logique « tout bagnole ». Cette prolongation afin de « fluidifier  » la circulation entre Cergy-Pontoise et Poissy-Orgeval n’est plus justifiée à la fois par des questions environnementales et par un souci de sobriété économique. En outre, la question sanitaire a prédominé le 4 février dans le discours du COPRA 184.

En matière de santé publique, tous les clignotants sont au rouge : la pollution due à la circulation routière est largement responsable de la catastrophe sanitaire que constituent 43 000 décès prématurés par an. Des études européennes (Aphekom) et des rapports du Sénat corroborent ce bilan négatif de l’autoroute. Il faut dire aussi que depuis l’affaire Volkswagen la réputation de l’auto n’est pas brillante.

Le tout bagnole, une idéologie dépassée

Quant à l’argument de l’amélioration de la circulation par la mise en œuvre des autoroutes, le COPRA a récusé cette idéologie dépassée. En effet, toute nouvelle infrastructure routière joue le rôle d’aspirateur et accroît, à terme, la circulation même lorsque l’on élargit la route ou l’on construit des voies supplémentaires : « Quand on construit de nouvelles routes, on incite plus de gens à prendre leur voiture et/ou à s’installer dans un pavillon plus loin de la ville et accessible uniquement en voiture  », a souligné le COPRA. Au contraire, il est temps que la puissance publique se désintoxique de cette logique dépassée. Un exemple flagrant est le cas de la Californie aux États-Unis : les autorités compétentes examinent d’autres voies et moyens pour «  améliorer  » la circulation en réduisant le rôle et la place de la voiture en milieu urbain. Los Angeles vit actuellement une révolution de la mobilité où deux fois par an, les grandes autoroutes sont fermées afin de laisser d’autres voies s’emparer de la mobilité urbaine.

Pour les opposants aux autoroutes en milieu urbain, l’A104 va dans le sens de faire valoir les intérêts des lobbys du BTP. Pis, l’économie locale ne profiterait pas de ce type d’infrastructure car les agents économiques ne font que traverser nos terres déjà polluées par l’homme et par son action dans le passé. Enfin, il n’y a pas de corrélation entre la création des autoroutes et le taux de création d’emplois.

Et un projet "inutile" qui pourrait coûter très cher

De plus, non seulement l’environnement va se dégrader mais les objectifs de la COP 21 ne seront pas susceptibles d’être atteints en France si les politiques publiques continuent à peser ainsi sur l’empreinte carbone. La production du CO2 va se multiplier, provoquant ainsi l’effet de serre qui participe de l’augmentation de la température mondiale. Pour le COPRA, il faudra changer de logique et surtout aller vers un monde de sobriété.

Ainsi, commençons par dépenser moins dans des « projets inutiles » : le coût estimé de ce projet se situe à 3,2 milliards d’euros pour 22 km, mais ce coût pourrait augmenter à 8 milliards d’euros si l’on passe à l’option en souterrain. Dans un contexte de réduction des dotations de l’État et de contrainte budgétaire, il est insensé de continuer comme si l’on jetait l’argent par la fenêtre.

En conclusion, les opposants à l’A104 ont rappelé les raisons de leur opposition sans faille depuis une génération (le 2 octobre 2016 le COPRA va fêter ses 25 ans) ; elles constituent le socle d’une détermination qui a fait reculer les échéances et fait trembler certains élus départementaux et régionaux. Cela dit, si les élus et l’État tentent de passer en force, les adhérents du COPRA ont la capacité d’agir tant sur le plan médiatique que sur le plan juridique.