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Publié : 10 mars 2016

Cinéma engagé

"Ils l’ont fait" : choisir plutôt que subir

Le jeudi 10 mars 2016, au cinéma Frédéric-Dard des Mureaux a eu lieu la présentation de la comédie de 80 minutes « Ils l’ont fait ». Ce film montre bel et bien que la volonté est plus forte que le sempiternel défaitisme des banlieues. Derrière l’histoire d’un jeune de banlieue qui décide de monter une liste pour les élections municipales de sa ville face à un maire corrompu, ce film a plusieurs facettes, dont la comédie à la française.

Juste avant les élections municipales de Mantes-la-Jolie, Khalifa Kamara, jeune Français d’origine sénégalaise, est radié de Pôle Emploi. Le jeune Camara, chômeur du Val-Fourré dans les Yvelines, décide de brusquer l’ordre "démocratique" établi par Jacques Adie, le sommet de l’homme politique cynique et malveillant. C’est le début d’une comédie avec un «  happy-end » à la française qui nous fait réfléchir aux « chaos ou à l’éveil » dans les banlieues, lieu de tous les clichés et tous les malentendus par excellence. Kamara décide de monter une liste POLITIQUE et, par ce biais, de mener à bien un projet collectif pour prendre leur destin en main et de s’engager pour la vie des habitants du quartier. Il est temps de choisir pour lui et pour «  son peuple » en puisant dans le gisements des mythes fondateurs de la démocratie française : liberté, égalité et fraternité.

Kamara va devoir réveiller la conscience politique des habitants « soumis » aux contraintes quotidiennes : boulot, dodo, et surtout galère. Il devra les convaincre que son projet est viable et réalisable avec peu de moyens et parfois avec un certain cynisme (les fins justifient les moyens). Dans une comédie rythmée et bien écrite, les habitants sont convaincus que Khalifa Kamera est l’homme providentiel pour changer la donne politique locale qui se caractérise par un clientélisme aggravé, issu d’une tentation des parrains locaux de revenir à une forme de colonialisme à la Foccard.

Certes, les clichés, qui sont omniprésents dans la société française, reviennent souvent dans le film : écart entre les élus et le peuple ; chômage et désespoir habitent les banlieues ; l’intérêt n’est plus général mais une somme des intérêts particuliers. Et pendant les élections c’est la fête de la démagogie... et de la magouille pour obtenir des places et « de la tune ». Kamara et ses frères sont partis à la conquête par une sorte de « braquage démocratique » d’une ville qui représente un budget annuel de 200 millions. Avec un mot d’ordre simple - certains diraient trop simpliste - « Votez pour nous, c’est voter pour vous !  ». La dynamique réussit et le jeune Kamara s’est trouvé élu (58% des voix contre 42% de son concurrent Adie) pour exercer une mandature qui l’on souhaite irréprochable par rapport aux us et coutumes d’une multiplicité d’ethnies qui se trouvent dans les banlieues. Pourquoi la religion qui a tant agité depuis l’affaire du voile est-elle absente ?

On attend avec impatience la suite : en effet, quel est le trait d’union entre les Khalifa, Rachid et Saïd sans oublier Mamadou ? L’amitié, la galère de ne pas avoir pu choisir leur destin ? Le rôle et la place de la femme sont-ils à inventer ? Les nouveaux Khalifa seraient-ils à la hauteur d’une éthique démocratique, une fois arrivés à prendre la place de Pierre Adie ?

C’est un sujet plus d’actualité qui démontre que le déterminisme géographique n’est pas de mise lorsqu’un groupe de copains se met en tête de « faire un braquage démocratique  ». C’est le début d’une prise de conscience que les immigrants de la 2e génération peuvent (et doivent) revigorer notre vieille Europe démocratique. Commençons par la France éternelle !

Suite de l’article sur le Journal des Deux Rives