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Publié : 3 mai 2016

Equipements publics

A quand une nouvelle caserne aux Mureaux ?

Le président du Conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier, l’a annoncé : il n’y aura pas de nouvelle caserne. Cela dit, certains s’insurgent contre cette carence en matière d’équipements nécessaires au service de la personne et de la sécurité publique. Enquête suite à une visite de la caserne des pompiers des Mureaux, encadrée par le secrétaire général CGT au Service Départemental d’Incendie et de Secours des Yvelines (SDIS78) le jeudi 28 avril 2016.

Benoît Vanhaecke a exposé la problématique de la caserne de pompiers des Mureaux. Il a même montré une lettre ouverte(1) qui relate les faits relatifs à l’histoire de la caserne des Mureaux. La caserne est aux normes de 1973. Certains éléments comme les vestiaires, les garages, les salles de repos (chambres pour les gardes de 24 h), les sols, le réfectoire, la cuisine et les bureaux ne sont plus aux normes. Même la voie de sortie des véhicules de la caserne est dangereuse avec une visibilité réduite. Il devrait y avoir une voie d’entrée et une de sortie dans les garages mais ce n’est pas le cas, explique Benoît Vanhaecke. La caserne est située dans un quartier résidentiel, alors que certains points du bâtiment ne sont pas aux normes incendie. Beaucoup de travaux ont été réalisés pour des mises en conformité mais ils ont grignoté l’espace à vivre des pompiers. Certes, de nouveaux bureaux ont été construits mais Monsieur Vanhaecke aurait préféré que ces préfabriqués soient utilisés pour créer des chambres pour les pompiers de garde et que les anciens locaux soient réaménagés en bureaux tout équipés.

Le projet qui faisait l’unanimité

Construite en 1973, la caserne des pompiers des Mureaux avait été construite pour des sapeurs-pompiers volontaires qui dormaient chez eux à la résidence Pierre-Curie, juste à côté de la structure, et qui se mobilisaient à la sirène. Voilà l’histoire racontée par Benoît Vanhaecke, sapeur-pompier professionnel aux Mureaux et secrétaire général CGT au Service Départemental d’Incendie et de Secours des Yvelines (SDIS78) dans une lettre qu’il a rendu publique et adressée également au Premier ministre, Manuel Valls, en visite dans la commune lors d’un conseil interministériel et au maire des Mureaux, François Garay.

Depuis 1973, beaucoup de choses ont changé. L’effectif total de la caserne compte une centaine de pompiers : 54 professionnels et 36 pompiers volontaires. Les pompiers professionnels ont été recrutés quelques années après la construction et déjà le centre n’était plus adapté aux gardes de 24 heures.

Benoît Vanhaecke est rentré à la caserne en 1985 comme pompier volontaire. Déjà à l’époque, les anciens et le chef de centre lui affirmaient que bientôt une nouvelle caserne verrait le jour. En 1992, pour gérer au mieux la caserne, le Syndicat Intercommunal Vexin Seine (SIVS) avec, à sa tête, l’ancien maire d’Hardricourt et conseiller des Yvelines, André Cassagne, a été constitué. Le syndicat avait investi deux millions de francs dans un projet de nouvelle caserne. En 2001, le SIVS a été dissous et le personnel ainsi que les locaux ont été transférés au SDIS 78. Cela dit, le maire d’Hardricourt, André Cassagne, en est devenu son président et la promesse d’une nouvelle caserne restait d’actualité.

En 2014, François Garay, le maire des Mureaux, a annoncé la donation d’un terrain pour un nouveau centre de secours. Un terrain parfait pour cet équipement voulu par tous, pour permettre des interventions efficaces car il est situé à l’écart du centre-ville et près du stade Léo-Lagrange et de la zone d’activité des Garennes. Entre temps, des travaux ont été effectués dans la caserne pour lui permettre de tenir jusqu’à la construction du nouveau bâtiment. Les bureaux en préfabriqué et les goudrons ont été refaits. 500 000 euros ont alors été investis dans les nouveaux bureaux aux normes. Le goudron a également coûté 500 000 euros. Au total, 1 million d’euros a été investi pour un équipement public « temporaire qui va durer ».

En 2016, un renversement de la situation s’est opéré. Pierre Bédier, revenu aux affaires à la présidence du Conseil départemental des Yvelines, a récusé cet engagement unanime de la classe politique locale. En somme, la nouvelle caserne, promise depuis plus de 30 ans, ne verra pas le jour.

Échec du politique et austérité tardive

L’échec de ce projet de nouvelle caserne, selon le secrétaire général CGT au SDIS 78, relevait d’une série de raisons. L’austérité a vaincu : tout en étant conscient d’être dans une période de restriction budgétaire, bien que le niveau de financement du SDIS 78 reste le même en 2016, soit 66,9 millions d’euros. Benoît Vanhaecke ne peut que constater une baisse des moyens et des effectifs qui ont des conséquences au niveau des services à la population.

Depuis 1985, l’effectif (par exemple, pour la garde de jour) était de 21 pompiers par jour ; il est maintenant de 14 par jour. Ce nombre est le minimum pour un centre de secours standard. Il serait envisagé de descendre l’effectif à 13 aux Mureaux d’après Benoît Vanhaecke.

Les délais des secours sur le secteur sont souvent « hors réglementation » selon le syndicaliste. Des ambulances des pompiers (VSAV) partent de Poissy pour aider les pompiers du centre des Mureaux car il n’y a plus que deux ambulances aux Mureaux. Pour information, les délais d’intervention sont de dix minutes en ville, de quinze dans la zone périurbaine et de vingt dans la zone rurale. Il a constaté que les VSAV de Poissy mettent 14 mn à venir. « La CGT a dénoncé ces hausses de délais qui sont les résultats de la baisse des effectifs  ».

Le syndicaliste a également exprimé ses craintes vis-à-vis du personnel administratif, technique et spécialisé (PATS) travaillant au SDIS : ce sont, actuellement, 206 personnes. M. Vanhaecke expliqué qu’il y aurait, dans les plans départementaux, un rapprochement du SDIS 78 avec les Hauts-de-Seine. Cette possible fusion des services pourrait entraîner une réduction du personnel. Actuellement, dans les Yvelines, il y a 1 252 sapeurs-pompiers professionnels et 2 589 volontaires, qui interviennent 99 500 fois par an dans le département en moyenne, soit 270 par jour. Et un pompier coûte 83,32 euros par habitant dans les Yvelines alors que c’est 150 dans les autres départements. Aux Mureaux, les pompiers interviennent 5 000 fois par an. Et en moyens financiers, d’après Benoît Vanhaecke : « Nous sommes les parents pauvres du département avec Houdan !  »

Par le biais de notre journal, M. Vanhaecke a lancé un appel au secours afin que les pompiers des Yvelines aient les moyens de faire leur travail : sauver des vies dans les meilleures conditions possibles, assurer la sécurité lors des accidents mortels ici et là. Maintenant, il a souligné qu’il faudra au moins cinq ans pour établir un nouveau projet de caserne et encore cinq ans pour sa construction. Ainsi, il resterait encore dix ans d’attente.

Note

1. La plupart de ces faits se retrouvent dans la lettre que Benoît Vanhaecke a écrite pour alerter sur la situation de la caserne des Mureaux. Elle contient également un constat fort intéressant : « 2022, je partirai en retraite et j’offrirai un pot de départ dans la caserne où j’ai commencé ma carrière de sapeur pompier 37 ans plutôt !  »