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Publié : 20 juin 2016

Action solidaire

Un label associatif pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap

Le J2R est allé à la rencontre de la société VGS et de son président Gerry Félicité, qui a également créé l’Association Française Action So Ethic Travail & Handicap, qui œuvre pour l’insertion des personnes en situation de handicap dans le monde professionnel.

Inciter les entreprises à embaucher des personnes en situation de handicap par le biais du label So Ethic, reverser des fonds aux associations qui œuvrent pour l’insertion de ces personnes dans le monde professionnel, et permettre aux consommateurs d’acheter des produits du quotidien tout en réalisant un acte solidaire, tels sont les objectifs et les actions entreprises par VGS et l’Association Française Action So Ethic Travail & Handicap (AFASE).

Pour atteindre ce but, l’AFASE a créé en 2013 le label So Ethic, qui a pour but de récolter des fonds qui seront ensuite distribués à différentes associations qui soutiennent cette action et qui œuvrent elles aussi pour l’insertion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail.

L’AFASE a pour but de trouver des producteurs prêts à labelliser leur produit et permettre la récolte de fonds nécessaire au développement et à l’aménagement des postes de travail adaptés et ainsi encourager et faciliter l’embauche des personnes en situation de handicap, qui est un réel enjeu compte tenu de la difficulté à trouver un emploi puis à le garder pour ces personnes. D’après l’INSEE, le taux de chômage chez les personnes en situation de handicap est environ deux fois plus élevé que la moyenne de l’ensemble de la population active. Le chômage de longue durée est également bien plus fréquent et plus particulièrement chez les femmes, puisque près de la moitié des femmes porteuses de handicap et étant au chômage sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an, contre seulement un tiers de l’ensemble des chômeuses.

Le label So Ethic sert donc à se battre pour que ces chiffres s’améliorent, l’AFASE récupère des fonds et tente d’étendre la présence du label, mais pose quand même une condition à la présence de celui-ci sur un produit ; l’entreprise produisant le produit doit impérativement employer au minimum 12% de personnes en situation de handicap, soit le double du taux légal en France. Se crée ainsi un véritable cercle vertueux qui va des associations jusqu’au consommateur en passant par les industriels et producteurs et les distributeurs. Les producteurs embauchent du personnel en situation de handicap et peuvent donc prétendre au label So Ethic, leurs produits sont ensuite distribués par des enseignes de grande distribution, le consommateur les achète et contribue donc à la collecte de fonds pour les associations qui vont utiliser cet argent pour faciliter l’embauche et le travail des personnes en situation de handicap chez les industriels et producteurs.

Le développement du label

La première marque présente sur le marché à être labélisée So Ethic est la marque So Clean, qui propose une gamme de 26 produits ménagers, et qui a elle-même été créée par VGS. Les produits de la marque So Clean sont entrés sur le marché fin 2015, à travers des enseignes de grande distribution telles que Carrefour et Auchan, qui soutiennent l’action de l’AFASE et le label So Ethic.

VGS a aussi annoncé un accord avec une entreprise polonaise et va mettre sur le marché français un nouveau gâteau apéritif, le « Good Time », avec une avancée significative puisque ce ne seront plus deux mais cinq centimes d’euros qui seront collectés sur chaque unité vendue. La création de ce partenariat a été à la fois simple et naturelle puisque la Pologne est un pays très avancé relativement à la France, en ce qui concerne l’insertion des travailleurs en situation de handicap, et la possibilité d’insérer le produit sur le marché français tout en contribuant à la cause du label So Ethic et donc l’avancée du travail des personnes porteuses de handicap en France a forcément été vue d’un bon œil.

Quelle qualité et quel prix pour ces produits ?

Tout cela peut néanmoins mener le consommateur à se poser plusieurs questions. Consommer des produits fabriqués par du personnel en situation de handicap, mais à quel prix ? Et quid de la qualité ?

En ce qui concerne le prix des produits, l’inquiétude des consommateurs n’a pas lieu d’être. En effet, dans le cas des produits de la marque So Clean, les produits sont proposés à des prix égaux voire inférieurs à ceux des autres produits du marché et le label So Ethic s’assure que les produits labellisés soient de qualité et proposés au juste prix.

La valeur travail au centre de l’action menée

Pour ce qui est des conditions de travail des personnes en situation de handicap et de leurs prétentions salariales, l’AFASE veut faire la preuve que l’emploi de ces personnes n’est ni une utopie, ni une bonne action mais un fantastique gisement de création de valeurs, tant économiques que sociétales. Gerry Félicité, le président de l’association milite même pour une embauche des personnes porteuses de handicap et à salaire égal aux autres travailleurs.

Gerry Félicité est père d’un jeune garçon porteur de handicap et est donc directement concerné par ces enjeux ; il considère également que la valeur travail est indispensable pour toute personne, cela n’excluant pas les personnes en situation de handicap.

«  La valeur travail est pour moi extrêmement importante et je pense qu’une partie de la réussite sociale passe par la reconnaissance du travail, une personne qui est dans une situation de non-emploi a tendance à s’isoler, cela devient compliqué. J’ai trouvé important de mettre cela au cœur de l’action de notre association. On milite donc pour le travail et je vais aller encore plus loin, je milite pour le droit et la reconnaissance du travail aux personnes en situation de handicap et au même niveau que les autres. J’ai par exemple fait un essai dans notre entreprise avec une personne porteuse de handicap pendant trois mois. Cette personne n’était pas sous payée, et une chose extrêmement importante : nous ne faisons pas cela pour percevoir une quelconque aide de l’état. Notre action est entièrement privée, nous ne recevons aucune aide de personne, que ce soit de la région, du département ou autres. »

Là aussi, il s’agit d’un réel enjeu de société : les conditions de travail des personnes en situation de handicap sont bien différentes de celles du reste de la population active et œuvrer contre ces inégalités est un combat très important.

Cependant, on peut lire ceci sur le site du ministère du Travail et de l’Emploi : « Le salaire des travailleurs handicapés employés en milieu ordinaire de travail ne peut être inférieur à celui qui résulte de l’application des dispositions légales ou des stipulations de la convention ou de l’accord collectif de travail. Le salarié doit donc être rémunéré au moins au niveau du SMIC, sans aucun abattement possible en raison du handicap. A compétences égales, il n’y a donc pas de discrimination possible avec un autre salarié. »

Mais cela ne change en rien la réticence de certains employeurs lorsqu’il s’agit d’employer des personnes en situation de handicap, et d’ailleurs, même si chaque entreprise comprenant au moins 20 personnes doit employer un minimum de 6 % de travailleurs handicapés, elle peut aussi s’acquitter de cette obligation selon d’autres modalités telles que le versement d’une contribution financière à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées). Il s’agit là d’une action encouragée par le Gouvernement, qui contribue donc à la cause des travailleurs handicapés, mais cette mesure reste moins efficace qu’une embauche concrète de personnel handicapé. Une entreprise de plus 20 employés doit donc, d’une manière ou d’une autre, contribuer à l’embauche des personnes en situation de handicap, mais l’embauche concrète reste le meilleur moyen d’accélérer un processus qui peut parfois sembler enrayé.

L’AFASE mène donc le combat sur les deux fronts : encourager les entreprises à embaucher des travailleurs handicapés pour leur permettre d’avoir des produits labellisés, et utiliser ensuite ce label pour récolter des fonds qui sont par la suite reversés à d’autres associations qui œuvrent pour l’emploi des personnes en situation de handicap.

A travers la marque So Clean, le label So Ethic a récupéré 7293,18 euros sur les deux derniers mois de l’année 2015, ce qui correspond au début de la distribution des produits de la gamme So Clean dans certaines enseignes de grande distribution.

Le mardi 14 juin, le J2R était invité par VGS et l’AFASE à une remise de chèques à différentes associations soutenant l’action du label So Ethic. Etaient présentes avec nous dans les locaux de l’entreprise et de l’association, à Orgeval, trois associations :

- Aide Info Sourds, une association localisée à Saint-Michel-sur-Orge dans l’Essonne, qui travaille pour aider et faciliter le quotidien des personnes sourdes et malentendantes.

- deux grandes associations qui œuvrent pour l’insertion des personnes en situation de handicap dans le monde professionnel : l’ADAPT (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) et l’ALEFPA (Association Laïque pour l’Education, la Formation, la Prévention et l’autonomie).

Cet évènement était une première pour l’AFASE, mais le président Gerry Félicité espère que ce n’est que le début d’un processus qui va se développer et apporter une aide toujours plus importante à la cause des travailleurs handicapés.