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Publié : 20 septembre 2016

Ciné/débat

François Ruffin : "On est bien dans le rôle d’outsiders"(Webtélé2R/SeineTV)

Devant un public intéressé par le film culte Merci patron ! , François Ruffin, son producteur, ainsi que Saïd Bahis et Majid Eddaikhane, producteurs du film Ils l’ont fait ont débattu des enjeux de société par le prisme de la lutte sociale, le 16 septembre au cinéma Le Chaplin à Mantes-La-Jolie. L’analyse et l’interview de M. Ruffin mettent en perspective l’état des luttes sociales en France avant les présidentielles de 2016

Au cinéma Le Chaplin à Mantes-La-Jolie, environ 70 personnes se sont réunies pour la présentation du film Merci patron !, le film culte de François Ruffin et l’équipe de Fakkir. D’abord, le film est une allégorie de l’histoire de Robin de bois. « On prend aux riches pour donner aux pauvres », a souligné un gamin dans le film. Pour Frédéric Lordon, dans un billet du journal Le Monde diplomatique, disait justement que Merci patron est « un vrai clairon » qui pourrait conduire à une possible levée en masse. En somme la révolution latente !

Les Klurs, sont-ils représentatifs « des sans-dents » ? Non, parce que Ruffin a démontré que ceux qui se croient du mauvais côté de la pyramide de la richesse peuvent gagner « pas souvent » mais quand ils l’ont fait c’est génial. Ce film nous enseigne aussi plusieurs principes des luttes sociales : faire confiance et se faire confiance est la clé pour aboutir à des résultats inespérés, notamment faire reculer les puissants qui se croient tout permis. Dans une sorte de documentaire-comédie, selon la thèse défendue par le film, les Klurs et ses amis établissent un rapport de forces entre les petits et les gros poissons de l’oligarchie qui nous gouverne. En plus, les « outsiders » gagnent leur pari tout en restant dans la joie et dans la bonne humeur. Les militants de gauche n’ont pas l’habitude de gagner et sont parfois pessimistes. C’est justement le pari de ce film : les petits ont regagné leur dignité et savent se battre. Cela me rappelle le film Jacou le croquant qui dépeint la situation d’injustice sociale avant la Révolution de 1789.

François Ruffin, en plus avec sa casquette de Robin de bois des temps modernes, a produit un film qui fait appel aux références française, américaines et anglaise en matière de lutte entre les puissants (souvent les riches) et les pauvres. Lors du débat, il a déploré le transfert de la justice économique et sociale vers le débat identitaire en France : « Marine Le Pen a congelé la colère » des peuples en détresse. Pour lui, la gauche caviar n’a rien à cirer de cette souffrance et elle pousse les opprimés de la globalisation à traverser le désert intellectuel et politique.

Mais soyons optimistes car le film apporte de la chaleur humaine et de la confiance dans la lutte (finale ?) pour plus de justice. Il est question de s’engager, chacun à sa manière, pour arriver à des oasis d’allégresse. La question reste la même : comment reproduire ces moments de victoire et de justice ? Qui portera le flambeau ? Fakkir n’a pas de recette magique, mais le film Merci patron ! montre une piste assez intéressante.

En conclusion, la morale de ce film est double : les pauvres sans dents peuvent bien mordre à condition de s’organiser et ainsi ils sont plus forts. Au contraire, les riches ont des faiblesses et il faut savoir aller les titiller pour qu’ils cessent d’être arrogants et irrespectueux de l’humain. Vive l’oasis de la Picardie qui est incarné par le film et ses « acteurs-agitateurs ».