Samedi 15 juin 2019, l’Association Vexinoise de Lutte Contre les Carrières Cimentières, ou AVL3C Vexin Zone 109, a appelé à une nouvelle mobilisation à Brueil-en-Vexin pour l’arrivée des commissaires enquêteurs du PLUI de GPS&O, en lien avec le projet d’extension de carrières de ciment, mené par le groupe Calcia-Heidelberg-Cement, basé à Gargenville, sur le terrain du Parc régional du Vexin. Lors de cette journée, selon un communiqué d’AVLC3, les militants ont découvert le "point de vue" du ministère de la Transition écologique par l’entremise d’une journaliste et la délivrance du permis ce 18 juin.
Cela fait trois permanences des commissaires dans l’enquête sur le PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) de la Communauté Urbaine du Grand Paris Seine&Oise (GPS&O), ces dernieres semaines à Sailly, Juziers et Brueil-en-Vexin, que les opposants à l’extension des carrières de Calcia qui ont été bloquées pour protester contre des enquêtes publiques, qu’ils qualifient de « bidon ».
Réaction face à la position du ministère de la Transition écologique
Selon une déclaration envoyée au journal et faite par AVL3C, l’opposition au projet de carrières, dont cette association est membre, a « été superbement ignorée ( 2000 contributions à l’enquête publique, 1700 contre, dont de nombreuses contributions d’élus et de conseils municipaux. »
Dans cette même déclaration, lors du rassemblement à Brueil-en-Vexin le 15 juindernier, une journaliste de France Bleu a cherché à joindre le ministère de la Transition pour avoir des détails. Comme c’était un samedi, elle n’a eu qu’un correspondant « anonyme », mais habilité à lui parler. La déclaration d’AVLC3 retranscrit ce que l’association a appelé : « le point de vue du ministère de la Transition écologique tel qu’elle le publie »
« .... l’État n’a aucun motif pour refuser l’autorisation d’exploitation. …..Calcia a apporté plusieurs garanties nécessaires notamment concernant la restitution de 80% des terres exploitées, la protection des nappes phréatiques, la mise en place d’un convoyeur entre la carrière et la cimenterie mais aussi un investissement de 10 millions d’euros pour limiter les émissions de poussière. Des garanties nécessaires à l’État qui affirme qu’aucune des alternatives étudiées n’apporte un meilleur bilan écologique global. »
Pour les militants de l’AVL3C, ces propos sont « scandaleux » :« L’État n’a aucun motif pour refuser l’autorisation d’exploitation. Tiens donc ??? Et les réserves majeures des commissaires enquêteurs ? Et l’opposition des élus ? Calcia a apporté des garanties. Tiens donc ? Quand, comment ? »
Ce qui suit est l’analyse, faite des propos tenus, par l’AVL3C dans la déclaration et non celle du journal, cependant elle a le mérite de revenir sur l’ensemble des arguments de l’opposition à ce projet.
« Point 1/ Garanties de restitution des terres ? A quelles études renvoie le ministère pour contredire l’avis de la Chambre d’agriculture pointant l’impossibilité de conserver les qualités des terres stockées ? Ou les propos tenus devant nous par un agriculteur de Guitrancourt disant que les terres restituées avaient en effet une productivité normale…. au bout de 40 ans. Je répète : 40 ans.
Point 2/ Les nappes phréatiques ? Calcia a apporté des garanties. Où sont-elles ? Pourquoi après clôture de l’enquête publique émettant de grosses réserves proposait il au PNR de refaire des études ? Sachant que les études Calcia ne disent pas où est la cote des plus hautes eaux ? N’étudient pas le battement de la nappe pendant au moins vingt ans, alors qu’on n’est nullement à l’abri d’épisodes de pluies ou de sécheresses hors normes ?, sur quoi se fonde le Ministère pour affirmer que cette très importante réserve d’eau potable ne court aucun risque alors que les commissaires enquêteurs disent le contraire ?
Point 3/ La mise en place d’un convoyeur ? Ce n’est nullement un effort de l’industriel obtenu à la soit disant « concertation ». Ce convoyeur était prévu par le décret de création de la « zone 109 " en 2000. Il ne résout nullement les nuisances de transport de millions de m3 de terre jusqu’à Guitrancourt… qu’il faudra reboucher…..du lundi au samedi, de 7h à 21h. (Les deux villages les plus proches, Brueil et Sailly, sont à 500 m de ces joyeux ballets de poids lourds. Et sous le vent.)
Point 4/ Un investissement de 10 millions d’euros pour limiter les émissions de poussières ? Tiens donc !!! Il n’y aurait que des poussières, sortant des cheminées de la cimenterie ? Quid des oxydes d’azote, des métaux lourds ???? Nous nous sommes récemment élevés contre l’arrêté préfectoral du 30 avril 2019) permettant à l’industriel de continuer à balancer ses poussières sur la population de Juziers-Gargenville jusqu’en 2022 alors qu’un arrêté de 2015 lui ordonnait de les réduire au plus tard en avril 2017. Ce qui nous fait hurler c’est que l’Etat trouve normal ce chantage à la nouvelle carrière qui dure depuis 20 ans : on ne modernisera que quand on aura la nouvelle carrière.
Vu les risques sanitaires pour la population, c’est abject et cynique, selon les défenseurs du Vexin dans son état naturel.
Point 5/ Aucune des alternatives étudiées n’apporte un meilleur bilan écologique global.
Tiens donc !!!! Nous sommes curieux de voir les études réalisées pour prouver que les alternatives proposées ne sont pas crédibles.
Il est à regretter que le ministère de la Transition ne soit pas au courant de la baisse de consommation du clinker qu’il doit absolument encourager, (5% du Co2 mondial vient de l’industrie cimetière) Qu’il n’ait pas été informé de la baisse constante du clinker (donc du calcaire) dans le ciment qui est passée de 70.9% en 2011 à moins de 30-35% actuellement pour certaines qualités de ciment. Ce qui rend Gargenville encore moins indispensable... »
« Permis de Brueil-en-Vexin » officiel ce 18 juin
Le jeudi 27 juin 2019, les élus et les opposants invitent tous les habitants à les rejoindre devant le ministre de la Transition écologique et solidaire de François De Rugy, dans la matinée, pour « réaffirmer votre ferme opposition ». Surtout que ce 18 juin 2019, le permis exclusif, dit « Permis de Brueil-en-Vexin », a été publié au Journal officiel.
Cet arrêté du 4 juin dernier, signé par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et de François de Rugy, officialise le périmètre d’exploitation de 109 hectares à Brueil-en-Vexin, pour une durée de dix ans, et désigne un exploitant : le cimentier Calcia.
La réaction du maire de Brueil-en-Vexin, Bruno Caffin, qui est un fervent opposant au projet ne s’est pas fait attendre :
« Avant d’être une défaite pour moi, c’est la défaite du dialogue et de la démocratie. C’est une grave erreur. C’est assez dramatique de voir comment ça s’est passé. Ni les quelques 350 élus territoriaux opposés à la carrière, ni les habitants n’ont été écoutés. »
Toujours le 27 juin à 15h30, les citoyens, les habitants, les membres d’associations invitent la population à rejoindre la « manif de parking » devant la salle des fêtes de Gargenville. Le but est : « de saluer les élus communautaires qui refusent ce projet (une large majorité) et les encourager à rester ferme : pas de carrière, reconversion de la cimenterie, pour un PLUI respectueux du climat et de l’environnement.. »
Ces trois jours de mobilisation et cette réaction au permis délivré montrent à quel point la résistance à ce projet de la part des habitants du Vexin reste forte.
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