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Publié : 6 juillet 2019

Projets contestés

Les anti-Calcia s’organisent pour une longue bataille (Webtélé 2r)

L’affaire Calcia passe de la médiatisation à la lutte judiciaire. Le 5 juillet, à 14 h 30 à la salle des fêtes de Brueil, une conférence de presse a réuni l’avocat des militants d’AVL3C, Me Alexandre Faro, Mounir Satouri, député européen et d’autres élus. "Malgré la tentative du passage en force par une autorisation d’exploitation de carrière à Brueil, le combat continue", nous ont expliqué les opposants à ce projet controversé.

Ce combat classique entre pot de terre contre pot de fer semble prendre une tournure beaucoup plus juridique. Certes, la semaine dernière, un groupe d’élus de la République est allé faire une démonstration de force médiatique devant le ministère de l’Environnement, mais seul un membre du cabinet du ministre de Rugy les a reçus. Des élus comme Mounir Satouri, député européen, se sont sentis ignorés, voire bafoués.

Depuis 2017, des élus, des habitants et désormais des avocats se battent contre un projet qui consiste à exploiter le gisement de calcaire situé dans une zone importante du Vexin, au cœur du Parc naturel du Vexin Français. Quand l’État et ses instances ne vous écoutent plus, « c’est au tour du juge administratif pour départager », a analysé l’avocat Alexandre Faro qui avait été l’avocat des opposants au projet de Formule 1 aux Mureaux.

Il est évident que le contexte n’est pas le même : le travail de lobbying de la société HeidelbergCement a porté ses fruits car la nécessité de construire pour des projets liés au JO de Paris demande davantage de ciment pour bétonner. Lors de la publication du décret pour exploiter la carrières, au moins quatre pages de références juridiques (visas) y ont été citées. "C’est un signe, qui ne trompe pas, de fébrilité", a analysé Me Faro. Sur le fond, l’avocat de l’association militante AVL3C n’a pas dévoilé ses arguments pour défendre la cause mais il a insisté sur le fait d’utiliser tous les moyens juridiques à sa disposition en incluant le droit de l’environnement à l’échelle européenne. Le député Mounir Satouri, « qui vit ce territoire depuis des années », n’a pas mâché ses mots : « Comme l’État a failli, nous [les écologistes], on va vous aider », a-t-il proposé, mais, d’abord, il faudra utiliser tous les moyens de défense de la nature et surtout s’organiser. Certains ont évoqué la création d’une Zone à défendre (ZAD), d’autres ont parlé de l’obstruction militante pour « empêcher des machines de guerre qui viennent détruire notre territoire ».

Pour Me Faro, il faut raison garder. D’abord, le juge peut annuler, amender le projet avec des restrictions. Il plaide pour que l’on examine le dossier du fond en comble avant de proposer une ligne de conduite pour arrêter ce projet. L’avocat dispose de 4 mois pour déposer ce dossier de contentieux.

En conclusion, comme chaque combat de ce type, le facteur temps est précieux. Les producteurs de béton ont des contraintes de rentabilité économique, des banques qui assurent des prêts pour des investissements, alors que les habitants peuvent s’unir et lutter pour leur terre. Toutefois, il est difficile de mobiliser les habitants et c’est aussi un facteur de temps qui pourrait jouer contre les militants d’AVL3C. En somme, les trois ingrédients sont là pour cette grande bataille du Vexin : un avocat conseil de renommée mondiale, un appui politique d’envergure qui s’est joint aux élus de terrain, puis la mobilisation populaire. Cette dernière, sera-t-elle au rendez-vous ? Pour se rassurer, un militant a lancé : « Celui qui combat peut perdre, celui qui ne combat pas a déjà perdu » ! De manière classique, la bataille du Vexin s’annonce longue.