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Publié : 26 août 2019

Environnement et santé publique

La plaine entre un océan de déchets et la carence des pouvoirs publics

L’océan de déchets à 35 kilomètres de Paris a fait l’objet d’une médiatisation nationale sans ambage mais rien ne bouge ; le risque est de voir ce débat s’instrumentaliser dans les mois à venir !

Depuis douze ans, l’ancienne plaine maraîchère de Carrières-sous-Poissy, Triel-sur-Seine et Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) est devenue le dépotoir de gens sans scrupules et d’entreprises sans éthique. Nous pourrions dire qu’une filière s’est organisée avec la reprise de l’immobilier et de la construction en région parisienne. « Un trafic qui s’installait depuis 2016 ! », a commenté Anthony Effroy, président de l’association RSNE(1) à Carrières-sous-Poissy.

Il faut que l’État fasse analyser, de manière urgente, l’impact sanitaire et environnemental de la décharge puis agisse

Cette décharge d’environ 70 000 m3 s’enracine malgré les promesses de la part des personnalités politiques de haut rang, particulièrement la présidente de la Région Île-de-France qui avait promis, lors du colloque de la plaine en juin 2018, un système de vidéosurveillance dans les mois à venir. L’État avait aussi débloqué 800 000 € pour la création d’un groupement d’intérêt public ayant pour but de nettoyer et d’aménager l’ancienne plaine maraîchère. Le coût du nettoyage de la plaine avoisine les trois millions d’euros.

Pour Anthony Effroy, la « carence fautive de l’État » est caractérisée. Dans un communiqué du 26 août, il a analysé la situation : « C’est bien le Préfet qui est compétent en la matière, puisqu’il a autorité sur l’ARS (analyses de l’air) et sur la DRIEE (analyses des sols). De ce fait, l’impact sanitaire et environnemental de cette décharge n’a, en 3 ans, jamais été évalué par les services de l’État. C’est un manquement grave que l’association [RSNE] dénonce régulièrement et nous étudions la possibilité de déposer une requête devant le Tribunal administratif pour carence fautive de l’État. »

Quant à Eddie Aït, ancien maire et conseiller régional, la situation est calamiteuse et l’État peut et doit rapidement intervenir : « Face aux risques sanitaires avérés, je demande au représentant de l’État de solder, en lien avec les collectivités territoriales, le passif des centaines de décharges sauvages qui perdurent encore en prenant les mesures administratives et réglementaires nécessaires pour obtenir le nettoyage et le traitement des déchets par l’application du principe du pollueur payeur. »

Une enquête préliminaire qui piétine

Selon Anthony Effroy, dans son communiqué du 26 août, l’enquête de police préliminaire semble être au point mort car il n’y a pas de résultat palpable depuis l’éclatement de cette affaire. Face à l’inaction des collectivités et du Préfet des Yvelines, l’association RSNE a décidé de réagir, en déposant plainte le 17 avril 2018, auprès du Procureur de la République de Versailles et en organisant des investigations, afin d’identifier la provenance des déchets. Dans son action pour réparer des torts à la nature, l’association RSNE est pleinement mobilisée et reste convaincue qu’une forte médiatisation reste le seul moyen d’obtenir une évacuation rapide de cette décharge sauvage. Par conséquent, elle a lancé des noms d’entreprises « qui seraient à la source de la mer de déchets ».

Quelle sera la suite ?

Il est consternant de constater que rien n’a bougé. Qu’attend-t-on ? Que la terre disparaisse ? Heureusement, des habitants et des entreprises se mobilisent. Suite à la forte médiatisation du dossier, plusieurs entreprises spécialisées ont proposé d’intervenir bénévolement pour évacuer une partie de la décharge. Si, jusqu’à présent, aucune opération n’a pu être mise en place, en raison d’un arrêté du maire de Carrières-sous-Poissy, interdisant la circulation des véhicules et des piétons dans la plaine, une nouvelle demande de partenariat lui a été adressée le 20 août, afin d’organiser conjointement une opération de nettoiement sur la décharge, dans le cadre du World Clean’Up Day, qui se déroulera le 21 septembre. Affaire à suivre.

Post-scriptum

Note

1. Rives de Seine-Nature Environnement

Association loi 1901, déclarée en Sous-Préfecture
de Saint Germain-en-Laye sous le N° W783005148 - contact.rivesdeseine@gmail.com
Site web : http://www.rivesdeseinenatureenvironnement.com