Vous êtes ici : Accueil > Nature > Environnement > Le photovoltaïque : une filière en renaissance avec des retombées (...)
Publié : 11 septembre 2019

Energies renouvelables

Le photovoltaïque : une filière en renaissance avec des retombées locales

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a retenu 107 projets sur le plan national. Sur les trois lauréats en Île-de-France, deux sont situés sur le territoire de l’intercommunalité Grand Paris Seine & Oise (GPS&O). Outre le parc solaire à Triel-sur-Seine porté par l’intercommunalité, un projet du groupe Total à Gargenville d’une puissance d’environ 23,5 MWc (équivalent à la consommation électrique de 7 981 foyers) a été choisi.

Le J2R a enquêté sur le secteur économique de l’énergie photovoltaïque.

Le J2R avait été invité, le 9 septembre, à la 35e édition de la Conférence européenne sur l’énergie solaire et le photovoltaïque, événement qui est une référence dans la filière. Voici le résultat de notre enquête sur ce secteur économique qui a le vent en poupe.

Le photovoltaïque, une filière en renaissance

Des projets de centrale photovoltaïque se propagent partout en France et, plus largement, dans le monde en raison d’une contexte très favorable. D’abord, la transition écologique est un des axes majeurs de la politique publique du gouvernement et, au-delà, de l’Europe qui entreprend une nouvelle ère avec l’idée de proposer un European Green Deal. Selon des experts danois, la demande au sein de la Communauté européenne a explosé de 81 % entre 2018 et 2019 ! La recherche et la développement (R&D) ont été dynamiques depuis quelques années afin de rendre possible des innovations qui sont éloquentes pour les observateurs et les décideurs politiques. Il ne faut pas oublier le marché, dans un contexte de changement climatique et de lutte contre la pollution suite à l’accord de Paris de 2016 !

Le potentiel est énorme lorsqu’on pense à mettre des modules photovoltaïques partout : sur des toits des centres commerciaux, des maisons, des édifices, sur des terrains pollués. Par exemple, un expert présent à la conférence de Marseille a avancé que le potentiel du photovoltaïque produit sur les toits des surfaces construites pourrait avoisiner 24 % de la production énergétique de la CE. Cette marche vers le solaire complétera le mix électrique qui comprendra le nucléaire, l’hydraulique, l’éolien et le solaire. Réussir une transition juste vers la neutralité climatique des territoires et des villes est un des objectifs affichés par les politiques publiques à l’échelle européenne, en particulier au niveau français. La France est le troisième producteur du solaire en Europe. Localement, cela pourrait se traduire par le passage vers des communes « dé-carbonisées », c’est-à-dire dépendant moins de l’énergie fossile.

Philippe Tautou, président de GPS&O, l’a souligné, le 10 septembre : « Ce projet répond d’abord aux engagements de la COP 21 en s’orientant clairement vers les énergies « vertes », une volonté correspondant à l’un des axes majeurs du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) élaboré par GPS&O. D’autre part, ce programme innovant ne détruit pas d’espace naturel mais valorise au contraire les terrains d’une ancienne carrière aux sols pollués. »

En outre, ce type de projet transformera le tissu économique et industriel. Déjà, les coûts de production ont considérablement baissé : la chute des coûts des modules de plus d’un facteur 100 en quelques décennies (à ce jour moins de 0,25 dollar/watt) conduit à une baisse des coûts de production photovoltaïque. Selon des experts, la tendance va se poursuivre avec une baisse probable des coûts de 23 % à chaque doublement de capacité. A noter aussi que les nouvelles technologies de cellules photovoltaïques à hétérojonction, dont le rendement approche 25 %, couplées à des modules haute performances et à durée de vie étendue, vont vraisemblablement contribuer à baiser le coût de production de l’électricité solaire. Certains chercheurs, dont le père du photovoltaïque australien, le professeur Martin Green, misent sur des rendements qui pourraient dépasser 30 % !

Un vent nouveau souffle sur des sites et des territoires délaissés

De nouveaux emplois seront créés dans la maintenance et dans la réparation des centrales. Alexandre Roesch, directeur général du Syndicat des énergies renouvelables (SER) a évalué à sept mille le nombre d’emplois directs que la filière a créés depuis 2010. En outre, vingt mille professionnels (couvreurs, électriciens...) ont été formés et sensibilisés aux retombées de la filière solaire. Des marchés s’ouvrent car cette baisse de coûts et l’augmentation des rendements vont améliorer la productivité par unité de surface installée. Cela va diminuer, à son tour, le poids financier de la partie non photovoltaïque des installations (extension du réseau, acquisition du foncier, maintenance...). La construction et le BTP vont aussi être affectés par le développement de cette filière car elle ouvre des perspectives dans leurs marchés respectifs, notamment sur des surfaces disponibles et non utilisables dans l’état actuel.

Des projets dans le territoire de GPS&O

Ainsi, les sites dégradés, voire orphelins, peuvent être la cible d’une renaissance économique dans les secteurs délaissés comme la plaine de Carrières-sous-Poissy.

Le président de GPS&O a précisé ce projet, le 10 septembre : « La conception, la construction et l’exploitation de ce parc solaire sont confiées à la société Urbasolar, l’un des leaders français dans ce domaine. Cette centrale au sol d’une puissance de 18,79 MWc produira de l’électricité pour l’équivalent de 6368 foyers. Sa mise en service est prévue à la fin du 1er semestre 2021. »

Outre le parc solaire à Triel-sur-Seine porté par l’intercommunalité, un projet du groupe Total à Gargenville d’une puissance d’environ 23,5 MWc (équivalent à la consommation électrique de 7981 foyers) va aussi voir le jour. Cette volonté est d’autant plus affirmée que dans le cadre d’un autre programme d’envergure nationale, Territoires d’Industries, GPS&O soutient également un projet d’ArianeGroup qui envisage l’installation de panneaux photovoltaïques sur son site industriel des Mureaux.

Défis de demain

L’effort vers le solaire s’intègre dans un mouvement plus large tourné vers la transition énergétique pour une meilleure efficacité de la consommation de l’énergie, plus économe. Cependant, il reste des défis pour tous les acteurs de la filière. A part l’innovation et l’amélioration du rendement des modules photovoltaïques, trois défis se présentent. D’abord, la disponibilité foncière, surtout celle des sites orphelins, peut être un frein au dynamisme de la filière. Dans la vallée de la Seine, on assiste à une mise en cause du modèle économique (projet Calcia, projet du Port industriel, golfs...) ; la production voire la réhabilitation des sites pollués devraient y être la priorité des pouvoirs publics dans les années à venir. Simplifier le cadre juridique afin d’accélérer le développement de sites de production d’énergie solaire est un défi permanent non seulement pour la filière mais aussi pour le législateur. Enfin, le risque d’incendie(1) propagé sur des toits devrait être considéré comme un défi majeur dans le cadre de la renaissance de la filière photovoltaïque dans un contexte de réindustrialisation de la France et, a fortiori, de l’Europe.

Post-scriptum

Note

1. La chaine américaine Walmart a subi une série d’incendies sur certains toits de ses centres commerciaux aux Etats-Unis. Des experts en incendies se sont penchés pour enquêter sur les origines de ces incidents.