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Publié : 30 septembre 2020

RD-154

Débat sur le contournement de la RD-154 : une avancée démocratique sans précédent au nord des Yvelines

Vingt-cinq ans de combat pour les uns, trente ans de procédures pour les autres tel est le bilan globalement négatif sur ce sujet d’infrastructure qui a conduit à une sorte de polarisation classique. Faut-il être pour ou contre le projet de contournement de la RD-154 ? Plus de 300 personnes ont assisté à une première grande concertation publique d’un projet d’envergure.

Trois maires dont deux têtes nouvelles, Benoît de Laurens (Chapet), Fabien Aufrechter (Verneuil-sur-Seine) et Pascal Collado (Vernouillet) ont eu l’audace de changer de braquet et de proposer un débat apaisé entre les habitants sans aucun filtre et un animateur neutre, Roberto Cristofolis, journaliste reconnu par ses pairs.
Débat posé et sans filtre

Le vendredi 25 novembre, au complexe François-Pons de Verneuil-sur-Seine, environ trois cents personnes se sont retrouvées pour échanger, débattre et mieux comprendre la problématique et les enjeux posés par ce projet d’infrastructure qui est contesté depuis vingt-cinq ans par les adhérents de l’association ADIV-Environnement. Aux forces opposantes, s’est ajoutée l’association Bien Vivre à Vernouillet depuis dix ans. De l’autre côté, les maires de l’époque des communes de Vernouillet et de Verneuil-sur-Seine avaient demandé et obtenu l’accord du département des Yvelines pour préparer un tracé qui permettrait de dévier la circulation croissante des centres villes de deux communes. Pour mémoire, le projet de contournement vise à réduire le trafic de transit en centre-ville, réduire le nombre d’accidents, créer des nouveaux moyens de mobilité dont les vélos sur les boulevards des centres-villes.

D’abord les prises de parole étaient posées et calibrées pour aller à l’essentiel : avancer ou démonter des arguments qui fourmillent depuis trente ans sur cette déviation de 5,5 Km à 2X1 voie sans dénivellation passant par la plaine agricole de Vernouillet et par la forêt de Verneuil-sur-Seine. Le coût s’élèverait, selon le département, à 24 millions d’euros, mais certains estiment le coût à 30 millions d’euros. Pour rendre compte du contexte, Pascal Collado a souligné que c’était une demande de deux communes (Verneuil et Vernouillet) et que le département des Yvelines avait la maîtrise d’ouvrage (donc en charge du dossier, du financement et de son exécution). Par un arrêt préfectoral, la déclaration d’utilité publique a été rendue en 2005 ; l’ADIV et les opposants ont épuisé toutes les voies juridiques, mais il reste la dimension politique notamment lors des échéances électorales telles les municipales (2020) et les départementales (2021). Justement, Jean-Pierre Grenier, président de Bien Vivre à Vernouillet a prévenu que « la nuisance sonore et la pollution, dues à la circulation vont être déplacées ; en plus, le projet risque d’augmenter le flux de voitures et de poids lourds. » En outre, sur le plan écologique, ce projet est dépassé par l’ampleur du changement climatique et par la pollution due au CO2. Un des intervenants de la salle a martelé cet argument d’une manière philosophique : « Arrêtons de massacrer la nature ; il est temps de gérer le trafic local différemment, tentons de résoudre nos contradictions. »

Sortir de l’ambiguïté

A cela, un autre intervenant de la salle lui a rétorqué : « Je me lève tôt et je constate que la circulation augmente ; ce qui m’inquiète pour la sécurité routière aux abords des écoles !  » Par la suite, il a remis en cause les dires de l’ADIV et consorts expliquant que la circulation tend à diminuer. Pour lui, cette infrastructure signifie, au contraire, un point positif pour le territoire et pour le développement économique car elle va attirer de nouvelles activités économiques. Plus de PIB please ! Encore plus direct, un des citoyens a exigé « de procéder et réaliser le projet car le trafic de voitures s’accroît et continuera à augmenter en raison de l’arrivée d’EOLE. » Il a même demandé aux élus d’être courageux et d’aller à l’encontre de l’avis (majoritaire ?) des opposants.

« Ni pour ni contre », Fabien Aufrechter, maire de Verneuil-sur-Seine, a tenté de rester au-dessus de la mêlée démocratique. Pascal Collado, maire de Vernouillet, a été ambiguë : il a mis en avant des arguments pour et il a aussi constaté des inconvénients de ce projet routier, notamment le mitage de la terre agricole. Par contre, celui qui est clair est le maire de Châpet, Benoît de Laurens : il a examiné tous les arguments écologiques, économiques, sociaux et il a abouti à la conclusion que les arguments pour le projet sont « faibles » par rapport aux inconvénients. En plus, des chiffres nous manquent. Il a également regretté « l’absence des partisans institutionnels du projet (NDLR : MM Pierre Bédier et Jean-François Reynal).  »

Certes, les problèmes récurrents de circulation et d’insécurité routière intra-muros sont à régler à moyen terme. D’ailleurs, Fabien Aufrechter, maire de Verneuil a promis une concertation bientôt sur ce sujet. Cependant, la circulation ne sera pas modifiée intra-muros, notamment aux heures de pointe pour les utilisateurs de l’école Notre-Dame au centre-ville ; la réduction envisagée (-13 % ) du trafic repose sur des chiffres de 2003 et ces estimations sont largement obsolètes (13 900 VI par jour en centre ville de Verneuil). Il est primordial de s’interroger sur les déplacements dans l’ensemble des trois villes, voire le nord des Yvelines. En effet, un plan de déplacement urbains (PDU) est obligatoire à mettre en place au niveau de la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise.

Pour ou contre, that is the question !

Avec des outils adéquats comme le PDU, l’arrivée d’EOLE et la mise en place des nouvelles mobilités (covoiturage, vélo, marche à pied…), la nécessité de ce type de structure est mise en cause. En outre, le département des Yvelines n’a pas encore obtenu la dérogation pour passer outre la règle de protection de la biodiversité dans le cas du passage par la forêt de Verneuil-sur-Seine.

En conclusion, ce débat enrichissant a permis aux défenseurs et opposants du contournement de mieux appréhender les enjeux de ce projet qui laissera des traces, quelque soit le résultat de la consultation du mois d’octobre. Les absents, MM. Reynal et Bédier, ont eu tort de ne pas venir se confronter à cet exercice démocratique. Les nouvelles méthodes des trois maires nous conduisent à espérer à un renouveau de notre système démocratique local. Les participants se souviendront pour toujours de ce moment magique qui nourrit la réflexion avant de pouvoir trancher et voter : pour ou contre le projet de contournement de la RD-154 ? That is the question !