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Publié : 20 octobre 2020

Recyclages

Les déchets, un des leviers de l’économie sociale et solidaire pour l’avenir

Le concept de l’économie sociale et solidaire a le vent en poupe dans les territoires, notamment en Île-de-France.

L’économie sociale et solidaire avait été oubliée pendant des siècles ; elle aurait été inventée au XVIe siècle selon certains historiens. Au XXIe siècle, elle emploie en région parisienne 275 000 salariés. Le réseau des Relais Emmaüs illustre l’émergence de ce concept qui connaît un essor depuis quelques années au nord de la France et, bien près de chez nous, à Chanteloup-les-Vignes.

Ainsi, les ressourceries mettent en œuvre des activités de ré-emploi, ré-utilisation et réparation et ont pour visée d’effectuer des collectes non écrémant de livres, vêtements, meubles, jouets, équipements du quotidien. Une de leurs caractéristiques majeures est leur présence sur le maillage territorial, en lien direct avec le bassin d’activité local, concrétisant ce que certains appellent l’économie circulaire.

Quant à la politique de réduction de déchets, ce concept s’y prête, vu le contexte français : L’Hexagone produit selon l’ADEME un volume de 4,5 millions de déchets plastiques par an. Selon les outils de quantification, le taux de recyclage en France des déchets plastiques s’élève à 26 %, un chiffre en bien en deçà de la moyenne européenne qui culmine à 40 %.

La MGP, dénombre davantage d’emplois ESS que la plupart des communes de la proche couronne de Paris, soit 39,1 emplois ESS pour 1000 habitants. Malgré l’intérêt public de ces organismes de réinsertion et à fort impact environnemental, on constate une baisse générale des subventions ; par conséquent, elle obère l’essor probable des ESS. Une économie en berne, imputable à la suppression des contrats aidés, le taxes visant également les mutuelles.

L’écologie au service du 6e art

« La Réserve des arts », association loi 1901, exploite une ressourcerie implantée à la Ferme du rail dans le nord de la capitale, à Saint-Denis. Cet entrepôt, dont les matériaux essaiment de tous côtés, sont surplombés d’architectures de hauteur en bois recyclé. En contre-bas, des caristes barrent le passage, effectuant une trajectoire d’acheminement dans cette fourmilière géante.

Le concept est noble : travailler les matériaux dans la finalité de recycler de nouvelles matières utiles à la scénographie des arts et spectacles, une industrie particulièrement gourmande. «  Nous sécurisons puis transformons la matière en prenant soin d’échanger avec les artistes ayant créé un mobilier ou une décoration ; nous altérons sa signature afin d’en faire un objet neuf », indique l’une de ses bénévoles. Dans cette caverne d’Ali Baba, des corps de mannequins en plastique, des boucles de ceintures jouxtent des rouleaux de tissus variés. Un processus d’identification de la matière est rigoureusement appliqué avant de procéder à sa transformation. Un outil de traçabilité est également fourni aux établissements culturels, dont le Musée de l’homme, avec lequel un partenariat sera prochainement noué pour une exposition en 2021. Fort de cinq cents partenaires de l’environnement créatif, la Réserve des arts projette des scénographies qui ne connaissent pas la crise, malgré un ralentissement constaté. Au total, mille tonnes de déchets ont pu être recyclés en 2019, avec d’importantes réductions à la source notamment dans la filière du verre. « Cela questionne notre rapport au déchet, en lui redonnant de la valeur  », précise Laura, bénévole.

L’association, dotée d’un fort pôle de compétences techniques affiche un taux de ré-emploi de 80 %, nettement au-dessus de la moyenne nationale. Le ré-emploi en tant que savoir-faire est d’ailleurs l’aspiration principale de la structure solidaire. Les salariés des structures de l’ESS sont embauchés pour des périodes de 6 à 24 mois, bénéficiant d’un accompagnement professionnel obligatoire, afin d’agir en garantie de compétences pour une insertion future.

Le modèle économique, précaire soulignent-ils, s’appuie sur le versement de subventions d’une collecte et la vente lié au processus de ré-utilisation des matériaux. L’économie circulaire représente pourtant une part non négligeable de 74 % de l’industrie culturelle, arts et spectacles.

LemonTri, sélectif et esthétique

Filiale de LemonAide, LemonTri, implantée à Pantin, vient d’une idée qui a germé dans les locaux d’étudiants en architecture en 2011. Le caractère plaisantin et jeune de l’entreprise se revendique dans les couloirs d’accès à l’usine, où sont exposées des affiches de films détournés : Le père Noël trie ses ordures, Tritanic…

LemonTri propose à divers clients des espaces de stockage intelligent d’ordures d’entreprises aux couleurs éponymes de la société. Dans les allées, de grandes entreprises sont équipées du point de recyclage, mitoyen à des universités telles que Paris-Dauphine et ESCP Europe.

Une déclinaison de plastique sera ensuite empaquetée puis compressée afin d’obtenir des « carrés » du même composant. Ensuite, caque bloc (voir image) est expédié vers une usine de traitement où il sera broyé, chauffé afin d’en faire renaître un matériau d’un blanc crémeux et tacheté. L’élasticité du matériau généré sera déterminant dans le cahier des charges d’architectes, revêteurs de sols, promoteurs immobiliers, qui valorisent le produit recyclé. Fièrement, l’équipe exhibe la chaise des spectateurs lors des prochains Jeux olympiques de Paris 2024, qui scelle un tournant vers une transition écologique et constitue le symbole de la réutilisation. Le plastique utilisé, matière première de conception est en provenance de toute la France.

Les objectifs fixés de diminution de l’empreinte environnementale sont caractéristiques de ces structures, qui germent avec des contraintes budgétaires asphyxiantes. Les pouvoirs publics devraient explorer cette filière afin de diversifier les voies et moyens de faire autrement l’économie avec solidarité.