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Publié : 6 novembre 2020

Commerces locaux

Commerce et confinement : un mariage impossible ?

Après l’annonce présidentielle, le mercredi 25 octobre dernier, d’un nouveau confinement, seuls les « commerces essentiels » peuvent rester ouverts alors que les autres ont été obligés de fermer le rideau.

Suite aux annonces du président de la République, les commerçants sont restés dubitatifs, craignant que ce nouveau confinement soit aussi restrictif que le premier. En effet, en mars 2020, tous les commerces avaient dû être fermés.

L’impact économique des confinements

Les petits commerçants et les artisans ne peuvent pas subir ce nouveau revers car, déjà très impactée par celui du mois de mars, leur trésorerie ne pourra plus suivre. De nombreux commerçants nous ont dit que « le premier confinement leur a mis un genou à terre. Il ne faut pas que celui-là nous mette le deuxième ». Malgré les solutions alternatives mises en oeuvre par ces agents économiques comme la vente à emporter, la vente par Internet et le soutien de la population, les commerces ont subi de grands impacts économiques et sont mis en difficultés. Le déconfinement n’a pas permis de rattraper le «  manque économique » durant ces jours de fermeture qui s’élève à des milliers d’euros. Cependant, de nombreux commerçants nous ont confirmé le retour des clients qui a permis un retour du travail en plus des mesures mises en place tel que l’élargissement des horaires pendant les vacances. La population souhaite revenir à une forme de vie plus conviviale et chaleureuse dans laquelle le virus est un peu mis de côté, tout en respectant les gestes barrières et les protocoles sanitaires. La liberté, si chère aux Français, qui nous avait été prise lors du confinement, a vite été retrouvée, notamment pendant les vacances d’été et celles de la Toussaint.

Comment prévoir l’incertitude ?

Depuis le mois de septembre, une dégradation de la santé publique se fait ressentir et les annonces du couvre-feu dans les métropoles puis les départements les plus touchés illustrent bien cela. Les commerçants n’ont pas été préparés à ce couvre-feu, ni à ce nouveau confinement qui accentue les contraintes sanitaires et économiques. Les gestes barrières sont appliqués dans ces commerces et le port du masque reste obligatoire. Selon un des commerçants interrogés, «  nous ne nous sentons pas mettre les clients en danger car nous appliquons les gestes barrières ». Ils mettent en place des moyens de prévention pour mener à bien leurs activités économiques sans mettre en danger la population. Avant ces annonces, les petits commerçants ne possédaient pas d’informations supplémentaires, ce qui empêchait toute préparation. C’est un reproche que de nombreux commerçants nous ont témoigné, le fait « d’être pris de cours et de ne pas pouvoir anticiper les semaines prochaines  ». Notamment, les commerces alimentaires ne peuvent pas mettre de côté leurs produits, dont une partie risque d’être invendue. Cela représente un manque à gagner et un chamboulement dans la gestion de leur entreprise. Certains commerçants nous ont dit qu’ils préféreraient disposer d’une semaine entre les annonces et l’application des mesures pour pouvoir écouler leurs stocks et préparer correctement les commandes durant le confinement. Le reproche qui est fait est le manque d’écoute du monde économique qui subit de plein fouet les effets de cette pandémie.

Une autre stratégie est-elle possible ?

Les chefs d’entreprise peuvent compter, au moins, sur les aides de l’État mais elles ne permettent pas de couvrir toutes les charges. Certains demandent «  une baisse de leur loyer » pour pouvoir subvenir aux différents coûts. Le chômage partiel permet aussi un certain soulagement mais la fermeture des établissements a entraîné un déficit. Le déconfinement a permis une relance de l’activité économique mais une certaine incompréhension s’était fait ressentir. Les annonces faites par le président ne diminuent pas leurs inquiétudes. Une seconde fermeture à l’approche des fêtes de fin d’année est vue d’un mauvais œil. En effet, pour certains commerces, les fêtes apportent une grande partie de leur chiffre d’affaires. Les dernières mesures n’aident pas les commerçants. Ils craignent une prolongation du confinement, qui aurait un impact d’une durée beaucoup plus longue, donc des difficultés accrues. Un gérant d’un restaurant suggère une autre stratégie au gouvernement : « Un confinement ferme de 15 jours aurait moins de conséquences sur le long terme qu’un demi-confinement comme actuellement  ». Le monde économique, plus particulièrement les petits commerçants et les artisans, se sentent mis à l’écart face à ces mesures. Ils nous témoignent aussi leur colère face aux grandes surfaces qui peuvent vendre tous leurs produits pendant que les commerces non essentiels sont fermés. Ceci est considéré, de leur part, comme une injustice ; la pression des grands groupes influencerait les décisions gouvernementales alors que les petits commerçants subissent ces mesures. L’annonce du Premier ministre Jean Castex remet une forme d’équité ou d’égalité entre ces deux formes de commerces. Seuls les produits jugés « essentiels  » pourront être vendus dans les hypermarchés.

C’est à ce contexte sanitaire et économique assez compliqué que doit faire face le gouvernement. Le cas de la France n’est pas une exception car un rebond épidémique est à noter dans toute l’Europe. D’autres pays y ont pris les mêmes mesures que le gouvernement français ou d’autres plus restrictives. Dans cette lutte permanente contre le virus que le gouvernement encadre, il donne des directives : maintenir la santé économique, assez fragilisée par la crise de 2008, dans une crise plus grave dans sa profondeur comme dans sa longévité, tout en préservant la santé des Français. Alors que de nombreux défis attendent le gouvernement et les commerçants, tous espèrent une amélioration nette et durable de la situation sanitaire.