Le dimanche 22 novembre 2020, une cinquantaine de personnes répondant à l’appel du Collectif Sans Fin (C100fin) se sont données rendez-vous, près de la ferme Saint-Laurent à Brueil-en-Vexin pour célébrer la victoire contre le projet du groupe Calcia d’extension de ses carrières dans le Parc du Vexin et afin de souligner les attentes pour la reconversion du site et de ses employés.
« Une victoire d’étape », a commenté Yvan, membre du collectif C100fin, qui avait organisé et déclaré cette manifestation à la préfecture des Yvelines. Le but était de marquer l’abandon du projet de carrières des Ciments Calcia (HeidelbergCement Group). Toutefois, les acteurs historiques de ce combat étaient absents ; c’était le cas de l’association AVL3C-Vexin Zone 109, qui mérite un hommage car elle a tenu tête à une multinationale et au « système Bédier ». Interrogée par la rédaction, sa présidente a tenu à rester vigilante : « On est contents, tous, mais la lutte continue. La carrière n’est qu’un volet du problème global posé par la cimenterie, et vous savez tous comme nous avons été choqués quand plusieurs d’entre nous, et surtout [notre référent santé], ont mis à jour de façon claire l’énormité de la pollution de la cimenterie et les risques pour la santé. Elle est justement en train de mettre à jour le document que nous avons diffusé ces dernières années. A cette minute, on ne sait pas quelle sera l’ampleur des licenciements, des petits arrangements entre amis de l’industriel et les services de l’État. La vigilance reste totale. »
Les farouches adversaires de Pierre Bédier, les porte-paroles du collectif C100fin, ont souligné l’intérêt primordial de sauvegarder les ressources naturelles, particulièrement l’eau et les terres agricoles. 60 000 personnes bénéficient des captages d’eau et des terres nourricières du Vexin. Cette affaire a permis de bien comprendre l’ampleur des enjeux pour les années à venir. Yvan, Fabienne, Nathalie et Philippe, membres historiques de ce mouvement politisé, ont dénoncé l’exploitation actuelle de la cimenterie « qui continue de fonctionner dans des conditions inacceptables pour les riverains, du fait du bruit et des poussières liés à l’activité du concasseur. Les élus doivent prendre leurs responsabilités ; les autorités publiques doivent faire appliquer la loi pour que cette cimenterie, même convertie en centre de broyage, fonctionne dans les normes. La question de la pertinence du maintien d’un centre de broyage à Gargenville reste entière. Pour broyer quoi ? A quelle fin ? Avec quel bilan écologique (transport) ? »
Interrogée par la rédaction, Mme Ghislaine Senée, conseillère régionale EELV, a corroboré l’analyse et les critiques des adversaires du « tandem Calcia-Bédier ». Pour elle, l’avenir du Vexin et, au-delà, de la vallée de la Seine, se dessinera avec et pour l’agriculture. Elle a dénoncé l’idéologie passéiste du fordisme(1) industriel qui a provoqué une artificialisation de sols sans précédent. Certes, l’industrie restera présente, mais ce territoire « devrait être repensé » dans les buts d’une diminution de la pollution et de l’arrêt de l’exploitation à outrance des ressources naturelles.
Cette victoire devrait aussi conduire à s’interroger sur les étapes suivantes de la reconversion de la cimenterie, qui n’a jamais été prise sérieusement en main par les élus locaux et par les autorités compétentes. Six années ont été perdues et les pertes d’emplois à venir n’ont pas été anticipées. Restons optimistes car ce territoire a une capacité de résilience insoupçonnable !
Note
1. Fordisme : mode de développement industriel visant à accroître la productivité par la réorganisation du travail. Au sens premier du terme, c’est un modèle d’organisation et de développement d’entreprise, conçu et mis en œuvre par Henry Ford, fondateur et dirigeant de l’entreprise qui porte son nom.
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