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Publié : 16 décembre 2020

RD154

Le maire de Verneuil-sur-Seine fait le point sur la RD154

Le maire de Verneuil-sur-Seine, Monsieur Fabien AUFRECHTER, a rencontré, le 13 décembre, la rédaction du Journal des Deux rives pour évoquer le projet de contournement de la RD154 suite au vote favorable du conseil communautaire de Grand Paris Seine & Oise sur un aspect foncier, tenu le 10 décembre dernier. Pour rappel, cette construction, datant d’un projet de 2004, consiste à créer une déviation au motif de désengorger les centres-villes de Verneuil et de Vernouillet. Selon ses promoteurs, ce projet a pour objectif de réduire les nuisances sonores, les accidents corporels et de créer des dessertes pour les piétions et les cyclistes. Cependant, une portion de cette déviation passe par la forêt de Verneuil-sur-Seine et détruit le milieu naturel. Le projet du Département a été refusé nettement lors d’une consultation citoyenne récente organisée par les trois communes directement impactées.

Comment peut-on arrêter ce projet en tant que maire sur le plan politique et juridique ?

Aujourd’hui, nous sommes face à un projet qui date de 60 ans, ce projet a été d’abord le projet des maires. En 2004, il y avait l’unanimité pour le projet et remonte à des projets ultérieurs souhaitant urbaniser le bois de Verneuil qui été prévu dans les années 60. Les choses ont évolué d’un seul coup, évolué d’abord pour savoir les besoins en termes de mobilités et d’environnement sur le territoire car à l’époque il n’y avait pas d’autres solutions pour désengorger le territoire. Maintenant oui, donc il faut repenser le territoire en proposant d’autres projets comme avec Éole. Sur le plan juridique, le maire de Verneuil-sur-Seine ne peut rien faire. Si le département souhaite lancer la déviation, ils lanceront la déviation.

La ville possède-t-elle les moyens financiers de lutter contre le projet ?

Il n’y a pas d’implication financière de la ville sur ce projet. Je dis même que le département peut économiser 30 millions euros et je préfère que cet argent soit investit dans de la solidarité, dans de l’aide sociale et la santé que sur une route inutile. C’est une question de vision et bien sûr la ville va s’engager pour nous faire entendre.

Comment défendez-vous l’avis des habitants ?

Les maires ne souhaitent plus le projet car ils ont dit qu’en amont ils adopteraient la position de la population, c’est cela le principal changement. Ce n’est plus le projet des maires qui étaient pour mais celle de trois maires qui défendent 30 000 habitants. Les maires ne défendent pas leurs intérêts mais l’intérêt commun sur 30 000 habitants.

Que répondez-vous aux arguments avancés par Pierre Bédier, président du département des Yvelines ?

Concernant la réduction des mesures, c’est tout le paradoxe. Si on reprend les enquêtes parcellaires de 2003 – 2004, on se rend compte que le projet de piste cyclable tout au long de la RD154, selon le rapporteur, a tout intérêt d’être abandonné car cela impliquait de couper plus d’arbre car la route était plus large. Bien sûr on peut atténuer mais la question c’est quelle vision écologique sur tout le territoire ? Je ne suis pas contre l’utilisation de la voiture car des routes il en faut mais c’est de savoir quelle vision pour le territoire ?

Une vision écologique, une vision pragmatique, une vision où l’on développe les mobilités douces c’est possible. Il y a des contre propositions possibles et imaginables.

L’argument de réaménager la route déjà existante, ce n’est pas le cas. Si on mesure la largeur de la route et la largeur de celle du projet, on se rend compte qu’il est question de couper de la forêt. Concrètement c’est pas une route de passage mais avec ce détournement, c’est un détournement pour les camions. La route dite « rouge » est un passage de loisirs et détente et l’opposition y est forte car c’est un symbole de la ville.

Pour les mesures compensatoires, il faut savoir que compenser c’est de mettre des arbres dans un autre secteur. On ne demande pas de compenser à l’autre bout du territoire mais de compenser sur le secteur. La meilleure manière de ne pas compenser c’est de ne pas faire un détournement.

Pierre Bédier vous a rappelé que cette décision n’est pas dans vos compétences et que l’inquiétude devrait déjà se porter sur la carrière existante. Que répondez-vous à cela ?

Évidemment que ce n’est pas dans mes compétences mais le projet concerne la commune. Se faire imposer des projets qui ne sont pas les nôtres par des collectivités supérieures alors qui sont censées être nos partenaires, c’est compliqué à admettre. De plus, la vraie question est de savoir ce que l’on veut pour notre commune ? Veut-on protéger des espaces boisés, des plaines agricoles. Je ne crois pas que la priorité est de défigurer le bois d’un côté et de favoriser la traversé des poids lourds. Au contraire, il faut repenser la circulation de manière globale sur la ville et d’ici fin 2022, j’organiserai une grande consultation sur la circulation.

Pourquoi il n’y a pas de coopération entre les communes ? Quels sont les éléments qui bloquent ?

Dans le passé les maires étaient tous alignés pour faire cette route. Aujourd’hui, certains maires pensent que cela ne les regarde pas ou se sont positionnés contre. Ce contournement est montré comme la solution a tous les problèmes de circulation, il ne résout rien, créer des nuisances et détruit notre environnement. C’est franchement le combat de l’ancien avec le nouveau monde.

Lors du vote, certains villages ne connaissent pas la situation de notre commune puis c’est une logique de groupe. Le groupe qui préside le conseil départemental est soutenu par les maires partisans du même groupe politique. Ce qui faut retenir, c’est que ce n’est pas 42 opposants contre 75 pour mais 42 opposants et 20 abstentions. Car j’ai appelé les personnes présentes à s’abstenir donc c’est 62 contre 75. Il y a un vrai débat, ce n’est pas tranché. En plus, ce n’était pas pour ou contre la RD154 mais sur l’enquête publique visant à reloger sur des terrains familiaux des personnes qui habitent sur le tracé.

Avez-vous eu des remontés d’autres personnalités politiques sur ce sujet ?

J’ai été très surpris, après ce vote, de recevoir des encouragements de la part de personnes pourtant très proches de l’actuel président du conseil départemental. Ils ne peuvent pas s’exprimer publiquement mais comprennent ma position et qu’eux même ne sont pas totalement satisfait. Ce dossier est beaucoup plus clivant que l’on peut imaginer.

Quelle sera votre conclusion, à ce stade, sur ce dossier ?

Le problème est sur la circulation globale et non seulement sur le centre de Verneuil-sur-Seine. Je pense que nous devons aménager mais autrement en revalorisant des axes et territoires. Par exemple, la base de loisir à Verneuil-sur-Seine est à redynamiser et peut devenir ce diamant vert aux portes de Paris. La question est de savoir quelle suite donner à ce dossier ? Certains militants écolos envisagent, sur les réseaux sociaux, de créer une sorte de Zone A Défendre (ZAD). Cela est une véritable menace pour la sécurité de la ville. Je ne vais pas favoriser l’illégal pour battre le légal. Il y a donc une opposition politique et citoyenne car il ne faut pas faire le bonheur des habitants malgré eux.

Propos recueillis par Adrien Da Cas