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Publié : 25 février 2021

RD-154 et autoroute urbaine

Quel avenir pour les autoroutes en zone urbaine ? L’exemple de la RD-154

Le projet de la déviation de la RD-145 devrait passer aux oubliettes de l’histoire locale mais le dinosaure de la politique yvelinoise, Pierre Bédier, entend laisser sa marque avec cette infrastructure routière. Avec ce passage à la nouvelle année où notre vie, tout comme notre information quotidienne, est entièrement occupée par le Coronavirus, notre vie politique locale est passée au second plan… Voici notre dossier.

Nouveau projet : une autoroute urbaine pour relier l’A13 au Val d’Oise

Fin février 2021, le Département Yvelines travaillerait sur un projet d’une autoroute urbaine reliant de l’autoroute A13 au niveau d’Epône, jusqu’au Val-d’Oise. Cet échangeur serait potentiellement construit pour relier la RD-113 à la RD-190 au niveau de la commune de Gargenville. Le but est de dé-saturer les franchissements sur la Seine pour un coût estimé à 70 millions d’Euros. Un projet à suivre qui peut évoluer comme l’exemple traité dans le dossier suivant.

«  Si, malgré son coût exorbitant, la A104 doit se concrétiser, elle restera presque une nuisance négligeable par rapport à tout ce qu’elle va, de toute façon, induire d’urbanisation et d’industrialisation. Des gens espèrent tirer d’énormes profits de l’exploitation de la plaine d’Achères et de la boucle de Chanteloup. Andrésy et l’Hautil n’auront plus rien à voir avec le petit coin de verdure pour lequel, il y a 22 ans, nous avions eu le coup de foudre. »
Ce témoignage date de 25 ans ; il pourrait illustrer aujourd’hui le sentiment généralisé de membres de l’CO.P.R.A. 184. (1) Le combat de presque une génération n’est pas terminé car «  un report n’est pas un abandon ! » affirment les anti-A104 disséminés dans les villes de la Confluence et de la partie est de la Vallée de la Seine. En outre, la population actuelle rejette massivement ce projet depuis le débat public de 2006 et continue à faire trembler les autorités compétentes et les élus susceptibles de vouloir relancer l’autoroute urbaine pour accroître l’attractivité de nos territoires. La contrainte environnementale et le changement climatique ont changé la donne dans la matière. Le Rapport Duron de février 2018 et les «  Assises de la Mobilité  » de fin 2018 ont conclu vers une alternative à la mobilité : « le report des usagers vers les transports collectifs et les solutions alternatives  » à la logique et politique de la voiture individuelle.

A. Un projet « d’un autre âge  »

En réalité, les acteurs de territoire ont vécu un changement dans la notion de déplacements. Depuis les années 1980, on est passé d’une logique technique vers une logique transversale qui permet de se déplacer «  facilement et efficacement  » dans des bassins de vie en s’appuyant sur des modes de déplacement différents tels la voiture individuelle, le vélo et la marche à pied… en articulant avec les réseaux de transport en commun (chemin de fer ou bus). En 1982, la LOTI posait les fondations sur lesquelles ont été bâtis les systèmes de transports d’aujourd’hui. En 1996, la «  loi sur l’air  » décrétait la priorité aux transports publics. En 2000, la loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbains (SRU) a également permis de compléter l’arsenal juridique et mettre en place des outils pour s’assurer d’atteindre des objectifs d’une mobilité en phase avec des enjeux d’aujourd’hui. Par exemple, comment faire pour développer un territoire tout en préservant son patrimoine naturel et architectural ? Faut-il équilibrer entre l’effort pour la construction de logements et celui de la mise en place de nouvelles mobilités dans la cadre de la mise en œuvre des équipements publics nécessaire pour les habitants présents et futurs ? Des infrastructures routières sont-elle nécessaires et pour quel trafic (local, national ou international) ? Aucune de ces questions n’ont été abordées clairement depuis que la droite yvelinoise est au pouvoir.

1. Saucissonnage routier

C’est dans ce contexte que certains élus et notamment le président du département des Yvelines, Pierre Bédier, continuent à œuvrer pour la construction d’une réseau A104 bis. La décision de construire la déviation de la RD154 a été prise par le Conseil départemental le 21 décembre 2004 ; depuis cette date, Pierre Bédier n’a pas changé d’avis sur la déviation. Selon le site du Département, les travaux de la déviation pourraient commencer à l’automne 2021.(2) En matière d’infrastructures routières, Philippe Tautou, ancien maire de Verneuil-sur-Seine, et ancien conseiller départemental l’avait déjà explicité, en février 2008, à la rédaction du J2R : MM. Tautou et Bédier préconisaient des voies de contournement au Nord et au Sud des Yvelines… Ces initiatives s’appuieraient également sur la création d’un nouveau pont entre les villes d’Achères et de Poissy. « Poissy sera libéré de son abominable trafic. De plus, ceci est un projet local, il n’y a aucun rapport entre ce pont et l’autoroute A104 »(3) Sur le papier, il n’y a aucun rapport ; mais les faits sont têtus pour nous démontrer que la logique toute automobile domine encore chez les décideurs politiques actuels. Schéma de la A 104 bis selon le CO.P.R.A. 184
L’idée est de prolonger la RD 30 vers la RD 190 en passant par le futur Pont d’Achères, entre Achères et Carrières-sous-Poissy, et traverser la plaine pour prendre le Pont de Triel pour ensuite déboucher sur la rive gauche et poursuivre l’infrastructure autoroutières vers la déviation RD 154. C’est une sorte de saucissonnage du «  prolongement de l’autoroute A 104 » en passant par la boucle de Chanteloup.(4) Pour L’ADIV Environnement, plus on construit de routes, plus il y a de voitures et si la circulation s’améliore ponctuellement, elle empire quelques kilomètres plus loin. Malgré diverses annonces sur le développement du vélo pour faire «  écolo  », Pierre Bédier reste fermement attaché à la construction de nouvelles routes qui pour lui sont indispensables au développement économique. Pour les opposants de la déviations, c’est une vision du passé.

Schéma de la A 104 bis selon le CO.P.R.A. 184

2. Pierre Bédier veut sa déviation
Légende : Malgré une consultation locale au résultat incontestable, le chef politique du département persiste et signe. (DR)

Le 9 décembre 2020, devant un parterre d’élus de la Vallée de la Seine, le président Bédier et le vice-président aux mobilités, Jean-François Raynal ont persisté à vouloir construire cette déviation (fin de travaux en 2024), malgré l’opposition de 80 % des vernoliens sans oublier le rejet claire des Vernolitains et des Chapetois.
Pendant ce temps de débats publics, les travaux de la déviation de la RD154 n’ont pas commencé dans le Bois de Verneuil : le panneau d’affichage annonçant des coupes à l’entrée du bois ne concerne que la coupe d’arbres le long des sentiers pour la sécurité des promeneurs (ce sont principalement des châtaigniers victimes des sécheresses des dernières années, l’effet du dérèglement climatique étant déjà bien visible sur les milieux forestiers).
Comme les habitants concernés se sont prononcés contre le projet, les arguments du département ont changé : il ne s’agit plus simplement de diminuer les nuisances dans les centres-ville ; la déviation de la RD154 est de nouveau présentée comme un maillon d’un ensemble destiné à améliorer la circulation (avec la liaison RD30, RD190 et la construction du Pont d’Achères). Cet objectif de la déviation n’est absolument pas mentionné sur le site du Département : nous aurait-on menti ?

En ce qui concerne, l’annonce du Département disant qu’il ne bougerait pas d’un millimètre sa position sur la déviation de la RD154, ce n’est pas très surprenant : Pierre Bédier ne va pas abandonner si facilement la partie et la consultation citoyenne organisée par les municipalités n’était que consultative.

3. En s’appuyant sur une rhétorique contestable

Absence de bon sens et comportement moutonnier : il n’était qu’à visionner le dernier conseil communautaire de GPS&O du 10 décembre 2020 qui a été diffusé en direct, pour constater le très majoritaire « doigt sur la couture » des élus de GPS&O. Il a suffi d’une intervention de Pierre Bédier arguant de l’exclusive compétence départementale pour dénier toute légitimité à la consultation locale. Le conseil a voté comme un seul homme, sans débat et à bulletin secret, le déplacement en douceur de sédentarisés et fait ainsi sauter un des derniers obstacles à la réalisation du projet de déviation de la RD-154.
Mais ne croyez pas que la consultation citoyenne a été inutile : elle a montré sans ambiguïté l’opposition des habitants et a fait perdre toute légitimité au projet : c’est un obstacle de plus à la construction de la déviation même si Pierre Bédier semble pour le moment vouloir passer en force. D’ailleurs, en s’appuyant sur une rhétorique contesté et contestable, il ballait les arguments des maires, qui ont été légitimes pour poser la question dans le cadre de cette consultation de 2020. En droit, contrairement à ce que affirme M. Bédier, la clause de compétence générale des communes permet aux communes de se protéger de l’empiétement de l’Etat et des autres collectivités et, depuis 2015, seules les communes en bénéficient.(5)
Quant aux compétences des maires, M. Aufrechter s’est évidemment porté en faux aux affirmations de Pierre Bédier : la déviation de la RD-145 «  n’est pas dans [ses] compétences mais le projet concerne la commune. Se faire imposer des projets qui ne sont pas les [siens] par des collectivités supérieures qui sont censées être nos partenaires, c’est compliqué à admettre. De plus, la vraie question est de savoir ce que l’on veut pour la commune ? Veut-on protéger des espaces boisés, des plaines agricoles. [Il] ne crois pas que la priorité est de défigurer le bois d’un côté et de favoriser la traversée des poids lourds. Au contraire, il faut repenser la circulation de manière globale dans la ville et, d’ici fin 2022, la commune de Verneuil organiserai une grande consultation sur la circulation.  »
Dans le passé, les maires des deux villes, Verneuil-sur-Seine et Vernouillet, étaient tous alignés pour faire cette route. Après trente ans, certains maires pensent que cela ne les regarde pas ou se sont positionnés contre. « Ce contournement est montré comme la solution à tous les problèmes de circulation ; il ne résoudrait rien mais il créerait des nuisances et détruirait notre environnement. C’est franchement le combat entre l’ancien monde et le nouveau  » a‑t-il avancé M. Aufrechter.

B. Constitution d’une coalition contre la déviation RD-154

Légende : « Je vais freiner ce projet », voilà la phrase à retenir du déplacement du 29 janvier 2021 d’Audrey Pulvar, tête de liste de la gauche aux élections régionales, au Bois de Verneuil-sur-Seine. (J2R)

Vouloir construire la déviation de la RD-154 est encore un chemin parsemé d’embûches : il reste des procédures réglementaires que le Département n’a pas encore achevées et des autorisations encore à obtenir, notamment l’autorisation de dérogation pour la destruction d’espèces protégées.
Sur le plan politique, il y a aussi les élections départementales qui se dérouleront a priori en juin prochain : quelle sera la position du candidat soutenu par Pierre Bédier sur la déviation de la R-154 lors de la campagne électorale ? Les villes de Verneuil et Vernouillet représentent un tiers des électeurs du canton : les opposant sauront-ils rappeler à ce candidat l’importance de son positionnement sur la question.(6) Que feront-ils les trois maires de communes qui viennent de s’exprimer suite à la consultation citoyenne de 2020 ?

1. Clivage classique, gauche/droite

Entourée de ses « camarades d’Île-de-France en Commun » et des membres associatifs, Mme Pulvar a longuement décortiqué le projet de déviation de la RD-154, qui est au centre d’un bras de fer entre la tête du département et les élus des trois villes qui seraient impactées par cette autoroute urbaine. Pour Mme Pulvar, ce projet est dépassé et anachronique dans une région qui mérite une alternative à des politiques publiques de droite classique. Dans un affrontement classique gauche/droite, le clivage sur cette déviation devient une réalité politique.

Après s’être déclarée officiellement tête de liste aux élections régionales, Audrey Pulvar a visité le Bois de Verneuil-sur-Seine, théâtre d’un bras de fer entre le Département des Yvelines et trois villes frondeuses (Chapet, Vernouillet et Verneuil-sur-Seine) sur le projet de déviation de la RD-154 ; celui-ci a fait couler beaucoup d’ancre suite à la consultation de 2020 et l’entêtement de Pierre Bédier de construire cette autoroute qui coûterait environ 30 millions d’euros. Celui-ci peut vouloir continuer la réalisation de cette infrastructure, avec l’objectif affiché «  de délester la traversée des centres-ville du trafic de transit et de sécuriser les déplacements sur l’ensemble de la zone » (7). Le plan de M. Bédier n’a pas changé sur le fond, donnant une place prépondérante, dans la mobilité, à l’automobile.

Au contraire, Mme Pulvar a mis l’accent sur le changement de contexte et donc de paradigme pour mettre accent écologique sur la politique des déplacements. Pour elle, les hommes et les femmes politiques devraient « associer les citoyens à la vie démocratique » et donc aux choix stratégiques d’un territoire. La consultation citoyenne d’octobre 2020 a démontré que «  le rejet [de cette déviation] était unanime ». De surcroît, selon Mme Pulvar, il est faux de dire que « la mobilité se base d’une manière prépondérante sur la voiture individuelle, ce qui nécessiterait davantage d’infrastructures routières ». Suite à un échange avec Bernard Destombes, président de l’ADIV-Environnement et Benjamin Fougères, secrétaire de la même association, Mme Pulvar a dénoncé ce projet autoroutier qui détruirait l’environnement, notamment la biodiversité du Bois de Verneuil-sur-Seine.

Mme Pulvar envisage, si elle est élue, de « suspendre totalement » ce projet dépassé et anachronique, la Région Île-de-France méritant une alternative à des politiques publiques de droite classique. Cette visite montre que le projet de déviation de la RD-154 est devenu non seulement un point clivant pour la droite classique, mais un des enjeux majeurs de la prochaine campagne pour les élections régionales.

2. Clivage intergénérationnel

Pour le maire de Verneuil-sur-Seine, Fabien Aufrechter, ce projet illustre ce que l’on ne doit plus faire en 2021. «  Aujourd’hui, nous sommes face à un projet qui date de 60 ans, ce projet a été d’abord le projet des maires. En 2004, il y avait l’unanimité pour le projet, qui remonte à des projets visant à urbaniser le Bois de Verneuil qui avaient été prévus dans les années 60. Les choses ont évolué d’un seul coup, d’abord pour connaître les besoins en termes de mobilités et d’environnement dans le territoire car à l’époque il n’y avait pas d’autres solutions pour désengorger le territoire. Maintenant oui, donc il faut repenser le territoire en proposant d’autres projets comme avec Éole. Sur le plan juridique, le maire de Verneuil-sur-Seine ne peut rien faire. Si le département souhaite lancer la déviation, il lancera la déviation.  »
En plus, les maires de Verneuil-sur-Seine, Vernouillet et Chapet(8) ne souhaitent plus le projet car ils ont dit qu’en amont ils adopteraient la position de la population suite à la consultation citoyenne de 2020 ; c’est cela le principal changement. Ce n’est plus le projet des maires qui étaient pour mais celle de trois maires qui défendent 30 000 habitants. Les maires ne défendent pas leurs intérêts mais l’intérêt commun de 30 000 habitants.
Certes, les trois villes ne possèdent pas de moyens financiers ou juridiques de lutter contre le projet, mais le maire s’exprime constamment contre. Par exemple, M. Aufrechter a plutôt expliqué que « le département des Yvelines peut économiser 30 millions d’euros et [il] préfère que cet argent soit investi dans de la solidarité, dans de l’aide sociale et la santé que dans une route inutile. C’est une question de vision et bien sûr la ville va s’engager pour nous faire entendre.  »

Le maire de Verneuil s’oppose frontalement à Pierre Bédier, président du Département des Yvelines sur ce dossier épineux et foncièrement politique. Concernant la réduction des mesures, c’est tout le paradoxe. Si on reprend les enquêtes parcellaires de 2003 et 2004, on se rend compte que le projet de piste cyclable tout au long de la RD154, selon le rapporteur, a tout intérêt d’être abandonné car cela impliquerait de couper plus d’arbres car la route serait plus large. Bien sûr, on peut atténuer mais la question c’est « Quelle est la vision écologique sur tout le territoire  ? ». Le maire de Verneuil n’est pas évidemment « contre l’utilisation de la voiture car des routes il en faut mais c’est de savoir quel territoire nous voulons  ». Pour M. Aufrechter, une vision écologique, une vision pragmatique, une vision où l’on développe les mobilités douces, c’est possible. Il y a des contre-propositions possibles et imaginables.
L’argument de réaménager la route déjà existante, ce n’est pas le cas. Si on mesure la largeur de la route et la largeur de celle du projet, on se rend compte qu’il est question de couper de la forêt. Concrètement c’est pas une route de passage mais ce détournement serait fait pour les camions ! La route dite « rouge » est un passage de loisirs et détente et l’opposition y est forte car c’est un symbole de la ville.

Quant aux mesures compensatoires, a‑t-il souligné M. Aufrechter, « on ne demande pas de compenser à l’autre bout du territoire mais de compenser sur le secteur. La meilleure manière de ne pas compenser c’est de ne pas faire un détournement ».

3. Le bloc associatif/écologique

Au-delà de la consultation citoyenne de 2020, le front commun des association s’est opposé aux autoroutes urbaines depuis des années. L’ADIV Environnement à Verneuil, Bien Vivre à Vernouillet, Bien Vivre à l’Hautil, Triel Environnement, entre autres, se sont appuyés sur le savoir-faire et la combativité du CO.P.R.A. 184. Cette dernière a fait reculer à plusieurs ministres et des élus qui voulaient relancer l’A104, notamment le « tracé vert  » choisi par l’Etat en 2006. Par une mobilisation constante, les associatifs ont avancé les raisons de leur refus : la triple aberration, économique (3,2 M€ pour 22 km), environnementale et sanitaire. Même si l’on est conscient que reporté n’équivaut pas à annulation du projet A 104, le temps joue favorablement aux adversaires de la logique tout-autoroute. Dans sa dernière prise de position, le CO.P.R.A. 184 a prévenu : «  Danger ! L’autoroute A 104 bis arrive dans nos villes ». Il s’agit de la liaison RD 30 — Pont d’Achères — RD 190 — Pont de Triel — déviation RD 154, qui relierait Achères aux Mureaux ou à Orgeval pour prendre la A 13. Pour ce bloc associatif, «  ce projet est une catastrophe environnementale et sanitaire pour tous les habitants d’Andrésy, Carrières-sous-Poissy, Chanteloup-les-Vignes, Orgeval, Triel-sur-Seine, Verneuil-sur-Seine, Vernouillet et Villennes-sur-Seine, qui subiront, de plein fouet, le bruit, et la pollution atmosphérique supplémentaires des nouveaux flux de véhicules (voitures individuelles et très nombreux poids lourds) circulant entre le Val d’Oise et les Yvelines. »(9) Au contraire, les associatifs combattent contre les autoroutes en zones urbanisées dont l’A 104 bis ; revendiquent une multiplication de modes de transport alternatifs au tout routier ; et préconisent une amélioration du réseau existant avec des aménagements peu chers.

C. L’après Bédier ?

Lors du vote au conseil communautaire Grand Paris Sein & Oise sur l’action foncière dans le massif, certains villages ne connaissaient pas la déviation de la RD 154 ; de plus, il y a une logique de groupe « Biéderiste  » : le groupe qui préside le conseil départemental est soutenu par les maires partisans du même groupe politique. Il faut retenir que ce ne sont pas 42 opposants contre 75 pour mais 42 opposants et 20 abstentions car M. Aufrechter avait « appelé les personnes présentes à s’abstenir » ; donc c’est 62 contre 75. Il y a un vrai débat, ce n’est pas tranché. En plus, ce vote n’était pas pour ou contre la RD154 mais sur l’enquête publique visant à reloger, sur des terrains familiaux, des personnes qui habitent sur le tracé actuel.
Selon M. Aufrechter, il y a des remous dans le groupe majoritaire car [il] a reçu « des encouragements de la part de personnes pourtant très proches de l’actuel président du conseil départemental. Ils ne peuvent pas s’exprimer publiquement mais comprennent ma position et eux-mêmes ne sont pas totalement satisfaits. Ce dossier est beaucoup plus clivant que l’on peut imaginer. »

Le problème est sur la circulation globale (en prenant compte des besoins de mobilité nouveaux) et non seulement sur le centre de Verneuil-sur-Seine. Il faudrait aménager mais autrement en revalorisant des axes et des territoires. Par exemple, la base de loisirs à Verneuil-sur-Seine est à redynamiser et peut devenir ce « diamant vert aux portes de Paris ».

Conclusion

Pourtant, imperturbable, malgré une consultation au résultat incontestable, le chef politique du département et la majorité des élus de GPS&O, à l’occasion du conseil communautaire du 10 décembre, assemblée où il siège aussi, persistent à rendre possible un projet très ancien et dont on a presque oublié la raison ; enfin dont presque plus personne ne veut et ne comprend l’intérêt.

Personne ne reprochera à cet antédiluvien élu départemental une conversion tardive et intéressée à l’écologie !(10) Jamais deux sans trois dit le proverbe : il y eut naguère l’abandon d’un projet de circuit de Formule 1, plus récemment le retrait à contre cœur de la carrière géante d’un décidément trop ingrat cimentier(1). Il ne vous reste plus, monsieur le président du Conseil départemental des Yvelines, qu’à en finir avec une déviation parfaitement inutile !
La mouvement Smart city obéit-il à la planification stratégique ?

Post-scriptum

Notes :

1. Collectif pour la protection des Riverains de l’Autoroute A184 devenue l’A104. Propos de Pierre Gesnel, un des fondateurs du collectif anti-A104 qui « ne voulait pas sa chère campagne promise aux bulldozers… ».
2. Consulter le site du département.
3. Nouvelles des Deux Rives, n° 75, février 2008, page 3
4. Michel Cullin, ancien président de l’ADIV Environnement a été le premier a dénoncer ce saucissonnage routier lors de l’AG du 5 avril 2014.

5. Lire l’article L.2121 – 29 Code Générale des Collectivités Territoriales : https://www.vie-publique.fr/fiches/20105-quest-ce-que-la-clause-generale-de-competence
6. Le projet de la déviation de la RD 154, achevons-le ! Site J2R, 31 août 2020. (URL)

7. Ibid.
8. La lettre aux Chapetois de leur maire : https://www.chapet.fr/wp-content/uploads/2020/12/Lettre-aux-Chapetois.pdf

9. Tract du CO.P.R.A. 184 en date de décembre 2020.
10. https://actu.fr/ile-de-france/gargenville_78267/yvelines-pierre-bedier-part-guerre-contre-cimentiers_30839672.html