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Publié : 2 mars 2021

Sécurité

Michel Debjay, président du syndicat intercommunal en charge de la sécurité publique : « Triel a le droit de partir, mais c’est un choix politique »

Le départ programmé de Triel du Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVUCOP) laisse envisager des changements profonds dans l’action de la police municipale dans les villes de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet. Avant de se projeter dans l’avenir, Michel Debjay, adjoint au maire délégué à la sécurité publique de Verneuil-sur-Seine, président du SIVUCOP, fait le constat de la « situation de transition » de ce syndicat et envisage un élargissement aux autres communes voisines… sauf Triel.

Depuis l’annonce officielle, le 18 février, par la municipalité de Triel-sur-Seine, la sécurité publique est dans l’agenda politique de tous les élus concernés par ce sujet de haute priorité.

La rédaction du J2R a demandé et obtenu une interview de M. Debjay, président du SIVUCOP.

J2R : Que représente la sécurité publique pour un élu qui vient d’arriver à la présidence de ce syndicat qui n’a pas une réputation d’efficacité ?

Michel Debjay : C’est un enjeu majeur ; c’est une des priorités/attentes de la population aujourd’hui, la seconde étant le cadre de vie. Il est, de plus, notoire que l’insécurité gagne du terrain. Il y a de plus en plus d’incivilités, de délits et de violences. Si l’on n’agit pas maintenant, les villes de Verneuil ou de Vernouillet pourraient devenir des lieux dangereux. Nous sommes sur un palier et nous devons nous prémunir pour ce type d’escalade de l’insécurité. Il est primordial d’agir maintenant en concert et au-delà des limites de notre commune, d’où la nécessité de coopérer et de mutualiser l’action publique sur ce dossier sensible.

J2R : Pour agir, deux philosophies se profilent : prévenir ou punir ; où mettre le curseur selon vous ?

M.D. : Malheureusement, la municipalité et le SIVUCOP n’ont pas de prise sur ce débat. Chacun des acteurs/institutions a un rôle à jouer. La prévention est l’affaire des parents, des associations de quartier, de l’Education nationale, des clubs de sport ; du côté de la punition, c’est à la charge de la Police nationale, puis de la justice. Certes, il existe des passerelles mais la difficulté est d’être capable de travailler en transversalité. Par exemple, le rodéo est un phénomène qui touche plusieurs aspects, dont les incivilités dans la ville ou dans le quartier. Si la moto est immatriculée d’une manière frauduleuse, ce n’est pas de notre ressort. Cependant, il ne faut pas considérer cela comme une frustration. Je crois que la police municipale intercommunale devrait vivre comme un relais pour que ces deux philosophies se rencontrent et puissent résoudre les problèmes d’insécurité qui se posent d’une manière aiguë pendant la pandémie. Une police de proximité et une justice de proximité devraient coexister.

J2R : Suite aux élections de 2020, et à l’annonce du départ de Triel du SIVUCOP, ce syndicat vit-il une période d’incertitude, de tourmente ou de transition ?

M.D. : Je crois qu’il traverse une période de renouveau. On partait d’une situation mal engagée avec des défaillance connues par tous, notamment les dysfonctionnements de la vidéosurveillance. Il fallait faire du neuf et redonner des moyens avec un objectif. En somme, la transition a été extrêmement courte car nous sommes partis quasiment de zéro avec l’impossibilité d’avoir un commissariat digne de ce nom (en heures d’ouverture avec des fonctionnaires de la Police nationale). La police nationale n’est pas visible par les habitants de trois communes constituant le SIVUCOP.

Désormais, il s’agit de rénover un bâtiment presque neuf avec quelques améliorations techniques pour que l’on puisse réaliser un centre de supervision urbain intercommunal. Ce centre sera un outil de notre action publique pour mutualiser nos forces de police. En effet, le SIVUCOP sera un outil de partage de matériels (drones, véhicules…) et du personnel de la police municipale. L’objectif affiché est d’atteindre une vingtaine de personnes pour ce centre opérationnel.

J2R : La ville de Triel-sur-Seine souhaite partir du SIVUCOP. Qu’en pensez-vous et comment se déroulera ce petit « Brexit » yvelinois ?

M.D.  : Cela ressemble effectivement au Brexit en petit car la Manche sépare le continent de la Grande-Bretagne tandis qu’ici la Seine isole Triel des autres communes du SIVUCOP. Comme les Brexiters, le maire de Triel a mis en avant des arguments économiques, mais la réalité est que c’est son choix politique. Ce n’est pas une surprise car M. Aoun nous avait annoncé son intention de partir, tout de suite après mon élection comme président du SIVUCOP. L’ambition de Triel avait été de propulser M. Pascal Gilles, adjoint à la sécurité à Triel, à la tête du SIVUCOP. Comme il n’avait pas été élu, Triel a voulu partir. L’exécutif du SIVUCOP s’est préparé pour une sortie à l’amiable.

On est déjà en discussion avec d’autres communes. Nous allons nous réunir pour voter cette sortie de Triel-sur-Seine. A priori nous n’allons pas à l’affrontement. La procédure du CGCLT est claire : la demande a été faite, les conseils municipaux doivent s’exprimer et ensuite le choix sera validé par la Préfecture des Yvelines. Il n’y aura pas de contentieux même si le crédit pour payer le bâtiment à Verneuil devrait être payé uniquement par les habitants de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet. Tout ce qui a été acquis par le syndicat reste avec le syndicat. Il n’y a pas de bijoux de famille à répartir.

J2R  : Comment envisagez-vous l’avenir du SIVUCOP à l’horizon 2026 ?

M.D. : La Seine agit comme une barrière qui façonne les phénomènes d’incivilité et de délits dans les deux rives de Seine. Cependant, quand un problème devient criant, voire plus médiatique, c’est du ressort de la Police nationale et celle-ci coopère déjà avec toutes les forces de la police municipale à Triel, à Verneuil ou à Vernouillet. Il s’agit de procéder selon la gravité des délits. Notre objectif est de donner la toile de fond du phénomène de l’insécurité dans les zones couvertes par le SIVUCOP. Ceci permettra de donner une meilleure compréhension des phénomènes des délits et des incivilités. Notre but est de mettre une politique en symbiose avec les politiques nationales pour rendre la sécurité des biens et des personnes de qualité et de proximité. Avec ce CSU, on mettra également à l’étude un plan d’armement de la police car cette procédure prend du temps et doit être bien encadrée. Tout port d’armes est codifié mais cela doit être fait, sans tourner autour du pot. Un nouveau directeur de la sécurité et de la prévention à Verneuil prendra ses fonctions, le 1er mars 2021. Cette renaissance permettra, à terme, d’obtenir un personnel qualifié et efficace pour les années à venir.

Achevé le 1er mars 2021