Le temps est à la reconstruction des anciennes idées et au renouvellement des cadres et des militants. Avec l’arrivée du Macronisme, la gauche a perdu ses lustres notamment dans les anciens fiefs socialiste et communiste. Avec les élections de juin, des candidats apparaissent ici et là, mais on est loin d’une union sacrée de la gauche.
La politique comme la nature a horreur du vide car la gauche n’est plus la force prépondérante dans la Confluence et en particulier à Conflans-Sainte-Honorine. En parallèle, la droite classique yvelinois a perdu certains de ses fiefs qui ont pour conséquence l’émergence d’une jachère politique.
Dans ce contexte, des militants et des sympathisants de ce qui reste de la gauche se sont mis à « reconstruire leur maison » suite à l’éclatement de 2017. Selon Joseph Cordier, nouveau secrétaire de la section PS Boucle de Seine(1) la paysage politique national se transforme et c’est le même phénomène qui se passe ici dans le nord des Yvelines. La méfiance de la population s’est conjuguée avec le divorce avec « les élites » de la gauche historique de la rue Solférino (ancien siège du PS). « On ne prétend pas révolutionner le monde politique, mais on s’engage sur des projets, sur des idées locales ». Ainsi, en avril et début mai, des séances de tractage ont été menées à Andrésy, Chanteloup-les-Vignes, Conflans-Sainte-Honorine, Poissy, les Mureaux, Verneuil-sur-Seine…
Avec les visites récentes d’Audrey Pulvar et de Julien Bayou, respectivement têtes de liste Île-de-France en commun et EE-LV, la gauche a été propulsée devant la scène, ce qui a permis le lancement des candidats de la gauche pour les élections départementales dans les cantons de Conflans, de Poissy, des Mureaux et de Verneuil-sur-Seine. Certes la gauche de 2021 dans le Yvelines part en ordre dispersé : chacun est resté campé dans ses propres certitudes et sans s’attaquer à leur adversaire commun, le système Bédier.
Ainsi, au marché d’Andrésy, le 24 avril, les militants de la section PS Boucle de Seine ont distribué des tracts tout soulignant que le « bilan social et sanitaire de la droite qui gère seule le département depuis 6 ans est catastrophique : 2 centres de protection maternelle et infantile sur 3 ont été fermés. » Dans une ambiance festive tout en respectant le protocole sanitaire pour lutter contre le Covid, le musicien Didier Robin est venu animer le marché.
Idées communes et un seul adversaire
Dans le canton des Mureaux, des« amis » militants au niveau régional deviennent « adversaires » politiques au niveau du département. Trois listes se revendiquant de gauche(2) s’affichent pour contrer la droite locale menée par Cécile Zammit-Popescu, maire de Meulan-en-Yvelines. M. Mallet a été cinglant, le 3 mai dernier, car les élus de droite sont déconnectés du social et de la solidarité, deux des piliers de la compétence du département : « La politique de Pierre Bédier est opaque et [il] sort un carton rouge ! »
Michel Mallet (FI), candidat titulaire, Étienne Nguene (Génération.S), suppléant Fatima Cuny (EELV), candidate titulaire, et Marie Odile Sahajdak, suppléante
Se voulant être la « seule liste d’union de gauche, sociale, citoyenne et écologique, » Mme Fatima Cuny a énuméré les carences de la politique actuelle au département notamment avec les personnes fragiles : l’aide aux enfants a diminué, M. Bédier préfère bétonner avec des projets autoroutier et sans aucun intérêt pour la transition énergétique. Au contraire, il faut se doter des moyens pour faire face aux problème des plus plus démunis. En somme, la justice sociale et la contrainte écologique vont de pair dans cette reconstruction de la gauche yvelinoise.
Malgré les idées communes pour lutter contre le système Bédier, la gauche est face à ses démons et ne se reconstruit pas dans l’union. Trop de personnalités et d’egos qui se surpassent dans un discours loin d’être cohérent avec eux mêmes ; certains accusent le maire des Mureaux d’inviter trop le président Macron sur place : « ces incursions ne facilitent pas le travail d’union. » Plus modéré dans la critique, Joseph Cordier avance l’idée de « construire progressivement avec tout le monde même cela prend du temps ; le plus important est d’occuper le terrain et mener des actions ciblées et concrètes ! »
Trouver le bon logiciel en attendant…
Plus incisif, il faudra se positionner pour un renouvellement de la pratique démocratique avec plus de transparence et de concertation. Il est inadmissible de faire une fusion de deux départements (78÷92) sans une consultation démocratique dans les deux départements. Sur ce point, toutes les gauches sont unies. Boris Venon (PS) a promis « une respiration démocratique : le retour d’une opposition vigilante [au conseil départemental] et constructive y contribuerait. »
Boris Venon (Photo J2R)
Dans le canton de Verneuil-sur-Seine, fief de Bédierisme, la gauche part unie (EE-LV, PS, PCF) « pour un canton écologique et solidaire ».(3) Pour Fabien Lemoine, « le Département des Yvelines [doit] entrer dans le XXIème siècle pour le bien être de toutes et tous. Par l’action publique, dans un souci quotidien de transparence, il faut mettre en place les politiques nécessaires pour réduire les inégalités territoriales, pour accélérer la transition écologique et pour dynamiser une vie sociale et économique vertueuse et porteuse d’un espoir retrouvé. La qualité de vie sera au cœur de l’action et, dans un souci de maîtrise des dépenses publiques, il faudra stopper tous les projets inutiles, néfastes et coûteux pour les Yvelines. »
En conclusion, la gauche peut renaître de ses cendres, mais le facteur temps joue contre elle car les élections présidentielles sont déjà dans les têtes de tous et cela ne permettrait pas une reconstruction des idées et la mise à jour d’un logiciel pour faire émerger l’union sacrée. En attendant des défaites d’aujourd’hui pourraient être le ciment de la victoire présidentielle (en 2027 ?).
Notes :
1. Cette section comprend les villes d’Achères, Andrésy, Carrières-sous-Poissyt, Chanteloup-les-Vignes, Maurecourt et Poissy.
2. Papa Waly Danfakha, candidat aux élections départementales sans étiquette ; Gwenaële Guillo et Boris Venon, candidats PS dans un souci de faire un nouveau départMENT ; Fatima Cuny et Michel Mallet s’associent pour former un tandem EE-LV et France insoumise.
3. La candidature d’union est portée par Nathalie MOSTOWSKI (conseillère municipale à Vernouillet et Fabien LEMOINE, conseiller municipal à Verneuil sur Seine, titulaires, Amandine RANGOT et Alexandre GUILLOT, suppléants.
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