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Publié : 8 mai 2021

Exposition

Exposition « Femmes de lettres » dans l’univers onirique d’Annabelle Amory, peintre collagiste Conflanaise

Qu’ont en commun un cerf, une femme et un livre ? À première vue, pas grand-chose. Pourtant, l’exposition « Femmes de lettres » va vous dévoiler à travers son univers onirique une galerie de personnages féminins, tantôt hybrides, tantôt réalistes…

Toutes ces femmes partagent la même caractéristique : elles ont été découpées dans des pages de livres puis recouvertes de peinture acrylique. Le tableau ne se regarde plus, il se lit, et les caractères inscrits sur les pages de livres deviennent un motif de remplissage au même titre qu’une couleur.

Née en 1988 dans l’Oise, Annabelle dessine, peint et écrit des livres depuis l’enfance. Dans la famille, personne ne pratique une activité artistique, musicale ou sportive. Ce qui importe dans cet environnement, c’est surtout des études universitaires pour avoir, à la fin, un «  vrai  » métier. Alors Annabelle obéit et gravit les échelons : licence en histoire de l’art et archéologie à Amiens, Master en Sciences de l’Antiquité à Lille, puis, enfin, le dernier stade : un doctorat en archéologie grecque qu’elle obtient en 2017. Cependant, durant ses recherches, elle n’a cessé de peindre et même d’exposer dès qu’elle en avait l’occasion. Dès la fin de sa soutenance de thèse, elle avertit son jury : non, elle ne se lancera pas dans la recherche mais tentera une carrière artistique.

Alors, soutenue par son compagnon, Annabelle postule à des Salons et des Marchés d’Art ainsi que dans des structures municipales. Et ça fonctionne. En octobre 2018, elle remporte son premier prix au Salon Arbustes de Mantes-la-Jolie, qui lui permet d’exposer gracieusement au fameux Salon d’Automne, sur les Champs-Élysées. Depuis ce temps, elle enchaine les expositions personnelles et collectives, avec pour seul crédo l’accessibilité au public. Elle n’hésite alors pas à faire la visite aux scolaires et à animer des ateliers avec les enfants.

La production artistique d’Annabelle est uniquement composée de portraits de femmes, représentées sur un fond uni, la plupart du temps noir, pour éviter toute assise spatio-temporelle. Qu’elle soit nue ou habillée d’un vêtement simple, la fille est ainsi dénuée de tout statut social. Elle n’est ni mère, ni épouse et ne donne aucune information sur sa vie, comme par exemple, son emploi. Le spectateur est alors libre de se raconter sa propre histoire, uniquement aidé par le titre de la toile, en général un prénom féminin.

Plusieurs thèmes se retrouvent alors dans les toiles : reflets, miroirs, masques, métamorphoses et nudité posent alors la question existentielle de la recherche de soi, de sa propre identité, mais aussi de la difficulté à assumer ses propres pensées et son corps. En effet, si certaines de ces filles ont un aspect tout à fait normal, d’autres se confondent avec des animaux et donnent naissance à des créatures hybrides et mythologiques, influencées d’une part par des artistes contemporains comme Hayao Miyazaki et Lewis Carroll, et d’autre part par l’écriture d’une thèse en archéologie grecque sur le rapport entre les femmes et les animaux dans l’Antiquité. Cornes, bois de cerf et pattes de bouc confèrent ainsi à ces figures féminines une virilité et une bestialité réservées d’ordinaire aux mâles. Ces personnages entament alors une transformation qui va les isoler du reste de leur espèce : c’est la différence, le refus de la norme, l’émancipation mais aussi la prise de pouvoir et l’indépendance. (A. A.)