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Publié : 23 juin

Élections législatives 2024

La France va-t-elle être ingouvernable à l’issue des élections législatives ?

Le 7 juillet 2024, une nouvelle Assemblée nationale est élue. Trois forces d’importances inégales s’en dégageront. L’hypothèse d’absence de majorité absolue (289 sièges) est très possible.
Dans ce cas, la France sera-elle ingouvernable ? Examinons la situation politique simplement et les échéances qui se présentent pour le prochain gouvernement.

Si parmi les forces politiques en lice, le Nouveau Front Populaire comme le Rassemblement National espèrent une majorité pour gouverner seuls, alors qu’Ensemble cherche à sauver les meubles, il n’est pas du tout sûr que les nombreux français qui s’apprêtent à voter leur facilitent les choses … En effet, à partir d’un sondage IFOP – Fiducial du 21 juin, monsieur B. Morel, Docteur en sciences politiques à L’ENS Paris fait la projection en sièges suivante :

RN et Alliés : 200 à 240 sièges
NFP : 180 à 210 sièges
Ensemble : 80 à 110 sièges
Les Républicains et divers droite : 40 à 60 sièges
Divers gauches : 8 à 12 sièges
Divers : 5 à 10 sièges

Si cette projection se confirme. Que peut-il se passer ?

Deux données institutionnelles objectives : d’une part, le Parlement ne peut être dissout pendant un an. D’autre part , s’adressant solennellement aux français, le Président a implicitement fait savoir le 9 juin qu’il poursuivrait son mandat jusqu’en 2027 en déclarant avoir « décidé de (nous) redonner le choix de notre avenir parlementaire ». A l’inverse de la pratique de Charles de Gaulle qui conditionnait son maintien à l’approbation des français, F. Mitterrand et Jacques Chirac se sont maintenus bien que désavoués aux législatives de 1986 et de 1997. E. Macron fait pareil.

A l’issue de cette élection, exprimons le vœux que le soufflet des passions et son cortège de promesses à gogo soient suivis d’un retour à la raison. En effet, la première échéance qui attend le prochain gouvernement est le vote de la loi de finances 2025. Le projet de loi doit être déposé sur le bureau du Parlement au plus tard le 1er mardi d’octobre de l’année qui précède. Conformément à la Constitution, la loi de finances dite initiale est votée par les parlementaires avant le 31 décembre. Ce projet de loi est actuellement dans sa phase préparatoire au ministère de l’Économie et des Finances.

Il faudra bien qu’il y ait un gouvernement de court terme !

Dans un premier temps, on commence à parler de gouvernement technique. Il n’est pas sûr qu’en l’absence de majorité absolue même après des ralliements vers la droite ou la gauche, une nouvelle équipe avec un programme puisse spontanément surgir. En attendant, l’impératif est la continuité de l’État et l’adoption des volets dépenses et recettes qui n’attendent pas ! Il faudra donc que les parlementaires s’arrangent pour que la France ait un budget. L’essentiel est que ce budget, qui ne préjuge pas de l’avenir, soit voté.

Dans un second temps, les parlementaires ayant complétement la main, ils devront se montrer capables de former une majorité et d’incarner une politique. Dans notre République, les députés représentent la Nation et n’ont pas de mandat impératif. Un accord de gouvernement, sorte de synthèse programmatique des uns et des autres est parfaitement réalisable s’ils en ont la volonté. Un changement des mentalités de nos politiques serait une belle réponse à la crise ouverte provoquée par la dissolution intempestive du Président. La France a besoin de stabilité et de représentants responsables qui n’excitent pas les passions en permanence. L’été et les J.O. contribueront peut être à nous dégager de cette gangue funeste. L’impératif est la réunion du plus grand nombre pour faire avancer le pays et ses citoyens : être économe en parole, laisser les polémiques qui figent les esprits et ne règlent rien.

Et puis, pourquoi pas un gouvernement de coalition ?

On devrait observer comment font nos voisins allemands. Eh bien que chacun mette de l’eau dans son vin. Que les forces modérées se réunissent. Que l’on laisse de côté les boutiquiers de la politique de tous bords qui ne voient qu’ennemis, bouc emissaire et complot..
Le politique responsable doit savoir donner pour recevoir, faire des compromis pour s’occuper des classes moyennes car les problèmes ne manquent pas. Les besoins essentiels sont la sécurité, la santé et l’éducation. C’est déjà pas mal si on progresse dans ces trois secteurs ces trois prochaines années sans mettre à plat l’économie !