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Publié : 22 août 2013

Médias

Le J2R dans la cour des grands ?

Le Journal des Deux Rives a participé le 13 juin à la Sorbonne à la première rencontre de la presse nationale en vue de la constitution d’une Commission nationale de presse.

Dans le cadre des débats sur la déontologie de la presse, l’association « Journalisme et Citoyenneté » a réuni environ 200 personnes pour échanger et débattre sur la création d’un « conseil d’éthique » de la presse française. Le titre « Créer une instance de déontologie, pourquoi et comment ? » explicite le sens et la portée de cette réunion ouverte à tous les professionnels de la presse écrite et de l’image et du web journalisme.

Pendant les débats riches et denses, Laurent Joffrin, le directeur du Nouvel obs, s’est prononcé pour la création de cette nouvelle instance dans le cadre associatif (association de préfiguration d’un conseil de presse en France, APCP) afin de mieux appréhender les enjeux de la profession notamment sur :

le rôle de la presse et son évolution constante posent de sérieux problèmes éthiques et moraux pour tous les acteurs ;
la médiation entre le journaliste (quelque soit le média) et le lecteur/acteur présente une voie pertinente pour apaiser les rapports conflictuels entre les acteurs ;
le mode d’autorégulation ou quo-régulation est à définir et à mettre en œuvre.

Ainsi, on chercherait à évaluer le contenu/qualité du travail des journalistes quelque soit le vecteur d’information (papier, web, radio…). Certes, la course à l’audience est mortifère pour le journalisme et pour la déontologie car l’information se base sur la rapidité mais exige aussi la fiabilité et la crédibilité des sources. Sans cela, le journalisme n’est pas exempt des tribulations « corporatistes ». Alors, l’instance à créer, serait-elle la panacée ? certainement pas mais c’est déjà un amorce de solutions dans un monde de contradictions et de cynisme ambiant.

Quelle régulation ?

Cette création soulève aussi la question de la responsabilité du journaliste, du rédacteur en chef et du directeur de publication sans oublier de la personne morale (SARL, SAS…). Qui est responsable devant les erreurs éventuelles d’un écrit ou d’un reportage (vidéo ou le réseau social) ? Ici ressort clairement les notions de droit et devoir de la rédaction et en premier chef le directeur de la publication. C’est lui (ou elle) qui est civilement, pénalement responsable de ce qu’un journaliste a écrit ou relayé sur un support média. Par conséquent, la sanction (symbolique ? ou départ mais aussi financière !) doit faire partie de l’arsenal de (co ou auto) régulation du monde journalistique. La régulation doit-elle être co ou autorégulée ? Cette interrogation mériterait davantage d’échanges et notamment des comparaisons avec d’autres pays tels la Belgique ou le Canada.

Le droit de se taire

Cela dit, le juge final c’est le lecteur qui par l’acte d’achat -adhésion à l’idée du débat ouvert entre les différents composants de la société- veille à ce que le journalisme ne dépasse guère les bornes de l’injustifiable. Comme le soulignait un grand homme de lettres, Albert Camus, qui fut aussi un journaliste reconnu, "Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peut propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peut qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle préparer l’avènement de la vraie liberté." ("Le Manifeste censuré de Camus", Cahier du Monde, n° 20888 daté 17 mars 2012, page 1)

En conclusion, la création d’un gendarme du monde journalistique "sans matraque" est nécessaire car cette instance pourrait contribuer à apaiser les rapports entre les médias et le public. C’est une étape importante pour poursuivre le débat démocratique cher à nos traditions culturelles et politiques.

Pour plus d’information : Association Journalisme et Citoyenneté - www.journalisme.com