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Publié : 16 septembre 2017

Austérité et services publics

Mobilisation générale pour sauver la réanimation au CHIMM

"Non à la fermeture de la réanimation" est le slogan repris par tous ceux et celles qui croient à l’avenir d’un hôpital de proximité et de qualité. Le Centre hospitalier Intercommunal de Meulan-Les Mureaux (CHIMM) est au centre de la logique technocratique de réduire les services à la population du Vexin et de ses environs. Un appel au rassemblement, le mercredi 20 septembre entre 11 heures et 13 heures, a été lancé.

Tant de matière grise(1) concentrée sur 10 m2 étonne (photo ci-dessus). En effet, le matin du 15 septembre, à Meulan-en-Yvelines, une dizaine de cadres du Centre hospitalier Intercommunal de Meulan-Les Mureaux (CHIMM) se sont donné rendez-vous pour expliquer au J2R la problématique de la possible fermeture de « la réa » et les conséquences de cette décision « injuste ». En effet, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, organisme public qui coordonne et met en œuvre la politique de la santé à l’échelle régionale, a pris au milieu de l’été 2017 la décision de réduire la voile du CHIMM.

L’ARS n’a pas souhaité renouveler l’autorisation du service de réanimation du Centre hospitalier de Meulan-Les Mureaux. Il s’agit, ni plus ni moins, de la fermeture à court terme du service de la réanimation du cet hôpital ; celle-ci aura lieu le 31 octobre 2017, sauf si le rapport de forces dicte un changement de la logique technocratique.

Tout s’écroulera si, selon les dires des cadres, cette fermeture devient réelle. Les urgences, la chirurgie, la maternité, la gériatro-médicine et les services annexes pourraient progressivement fermer ou devenir insignifiants pour la population d’un bassin de vie qui va de Triel-sur-Seine aux Mureaux, sans oublier les petites communes du Vexin.

Une pétition pour contrer l’ARS

Des élus, dans le cadre du conseil d’administration du CHIMM, se sont dits catastrophés(2) et ont entamé un recours auprès du tribunal administratif pour contester le bien-fondé de la décision de l’ARS. En quoi consiste la décision sur le plan technique ? L’ARS avait, dans le temps, autorisé quatre lits pour des réanimations au CHIMM. Or, selon le schéma régional de l’ARS, un hôpital avec quatre lits autorisés pour la réanimation devrait à terme fermer ce service. C’est cette décision qui a été prise pendant l’été 2017 à l’insu de tous les acteurs de la santé publique, sans aucune concertation avec les élus ni avec les praticiens. Selon les cadres du CHIMM, les syndicats n’ont pas été non plus informés. D’ailleurs, la CFDT, la CFTC, la CGT et FO ont estimé l’ampleur des éventuels dégâts en informant le public par l’intermédiare d’une pétition qui a recueilli déjà 2624 signataires (au 15 septembre 2017 à 15 heures 51). Le J2R a demandé, le 15 septembre, au directeur du CHIMM de donner son analyse de la situation. Pour les promoteurs de cette pétition, un rassemblement des collectifs, des syndicaux et des citoyens, des conséquences néfastes sont à craindre pour le CHIMM : « Moins de sécurité pour les patients ; moins d’activité pour l’hôpital, moins de soins pour les usagers, moins d’emplois pour la région. » Et après ? Ils évoquent l’éventuelle suite de cette logique technocratique : fermetures de la maternité, des urgences, de la chirurgie.

Une rationalisation qui ignore les services de proximité à la population

Il est évident que l’ARS a voulu prendre tout le monde de vitesse en annonçant cette décision « brutale ». C’est le résultat de la mise en œuvre d’une politique d’austérité qui se camoufle, en général, derrière les termes « rationalisation », « synergies entre pôles d’innovation » etc. Au delà de la finalité, les économies d’échelle, il faut s’interroger sur le coût des services à la population apportés par un hôpital de proximité. La qualité est une denrée rare dans la logique technocratique qui nous gouverne dans un contexte mondialisé et global.

Le procédé est le même, quels que soient la région et le service public concerné : la réduction ou la fermeture est décidée unilatéralement, de préférence en période estivale ; si aucune réaction ne se présente, on avance et on ferme les services de proximité. L’ARS a été contactée, mais aucun retour n’a été donné, pour le moment. Comment peut-on justifier la fermeture d’un centre hospitalier qui a prouvé, depuis de nombreuses années, sa pertinence et son innovation (Campus CHIMM à Bècheville, la gérontologie...). Le CHIMM est la structure hospitalière la plus rentable, la moins endettée de la région. Il représente, chaque année, environ six mille actes de services à la population ainsi que vingt-cinq mille urgences et mille naissances à la maternité de proximité.

En attendant la suite de la mobilisation, un rassemblement aura lieu le 20 septembre devant l’hôpital ; les praticiens et les chefs de services sont déterminés à continuer le mouvement dans une dynamique qui démontre aux autorités compétentes et à la population, en général, que le CHIMM est une structure médicale de proximité et de qualité. Plus on s’acharne à la réduire à néant, plus ils vont "tenir bon" dans un combat qui devient clairement politique. D’ailleurs, interrogé par le J2R, le nouveau député de la 9e circonscription, Bruno Millienne a souligné que le CHIMM est indispensable pour les habitants et qu’il va falloir « interroger l’ARS pour savoir quelle est la finalité de sa démarche ? » Pour lui, la fin du service de réanimation est la mort de l’hôpital [CHIMM] et "il n’est pas question de laisser, a-t-il ajouté, un vide de plus dans un territoire" souffrant non seulement de la morosité économique, mais aussi de l’indifférence technocratique.
LIEN pour la pétition

Post-scriptum

1. Cyril Kakon, chirurgie vasculaire, Touil Ali Cherif, biologie médicale, Carole Mauger-Briche, urgences, Laure Etchegoyen anesthésie, Benoît Coudert, santé publique, Philippe Martin, réanimation, François Mijon, réanimation, Anne-Lise Martine, maternité, Mahdi Tiouri, gériatrie médecine, Sylvie Peschard, gastro-médecine, Muriele Goudon, anesthésie.

2. François Garay, maire des Mureaux, Mme Cécile Zammit-Popescu, maire de Meulan-en-Yvelines et conseillère départementale des Yvelines, et Yann Scotte, maire d’Hardricourt et conseiller départemental des Yvelines.