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Publié : 11 septembre 2021

RD190

Huit associations contestent le projet d’aménagement de la RD190

Le 7 septembre 2021, le préfet des Yvelines a été notifié d’un recours « collectif » de huit associations sur l’un des projets emblématiques de la Plaine de Carrières-sous-Poissy. Le projet d’utilité publique (DUP) est contesté en trois volets.

Huit associations(1) ont préparé, organisé et signé, le 7 septembre 2021, un recours gracieux à l’intention des autorités compétentes, notamment la Préfecture des Yvelines au sujet de requalification de la RD190 entre Carrières-sous-Poissy et Triel-sur-Seine. Ces associations demandent l’annulation de la DUP qui avait été publiée par un arrêté n° 78−2021−04−29−00009 du 9 juillet 2021. En effet, elles contestent le parti d’aménagement qui ne démontre aucune cohérence même si ces associations sont pour le développement des transports en site propre. Au contraire, ce projet qui présente, selon elles, des défauts importants, porterait gravement atteinte à l’environnement.
Il faut se rappeler que la maîtrise d’ouvrage de ce projet relève du Conseil départemental des Yvelines qui affiche ces objectifs :
- Renforcer et améliorer la desserte, par les transports en commun, des lieux d’habitation de la plaine vers la gare de Poissy ;
- Recoudre le tissu urbain traversé par la RD190 qui a fait l’objet d’une destruction méthodique par les activités humaines ;
- Sécuriser les conditions de circulation pour les personnes utilisant leur voiture et celles qui pratiquent les mobilités douces (vélo, marche à pied).

D’une manière logique, le Département des Yvelines cherche à créer, sur une longueur de 3,1 km, des synergies et à fluidifier la circulation par la mise en œuvre d’un système multimodal à Poissy. Au sud, il est envisagé de créer deux voies de circulation dédiées à une ligne de bus en site propre (TCSP) ; au nord, il est prévu de transformer la chaussée existante en une voie rapide en 2 x 2 voies. Les travaux, dont le coût prévu est de 21 M€, seraient achevés en 2024.

S’appuyant sur l’avis d’un organisme indépendant, MRAE, qui avait émis 14 recommandations et avait constaté des études d’impact lacunaires, et sur le rapport du commissaire-enquêteur, ces associations tirent un bilan globalement négatif de ce projet d’aménagement. Elles utilisent l’évaluation classique du bilan coût/avantages. Luttant pour l’environnement depuis de nombreuses années, elle font remarquer que même le commissaire-enquêteur avait émis une réserve, le 6 novembre 2020, malgré son avis favorable.

« Sur le premier objectif de ce projet, la compte n’y est pas », insistent les associations. « Faute d’études quantitatives sur l’offre de services », le porteur du projet fait un raisonnement à l’inverse : « Faisons le TCSP d’abord et on en mesurera l’impact… après  ». Elles affirment que ce projet « ne pourra pas apporter une solution satisfaisante aux déplacement collectifs des habitants » de la plaine de Carrières-sous-Poissy.

Recoudre le tissu « martyrisé » par l’activité économique du passé n’est pas aisé. Même le commissaire-enquêteur l’avait souligné : « La requalification de la section ne résout pas les maux dont [la plaine] souffre actuellement. » C’est un problème endémique d’aménagement de ce lieu, que les associations mentionnent à nouveau.

En troisième lieu, loin de sécuriser les différents modes de mobilité, ce projet mettrait en place une autoroute urbaine qui n’est plus considérée comme étant pertinente dans la planification urbaine. Avec quelques retouches ici et là, « cet objectif ne serait atteint que très partiellement  », expliquent les huit signataires de ce recours gracieux.

Quant au projet de faire un « hub » à Poissy, ces associations s’interrogent : « Faute d’analyse sérieuse du report modal attendu et en l’absence des études et projections étayées de celui-ci, il est impossible d’attribuer au projet un quelconque bénéfice !  »

Au contraire, cet aménagement reliant la RD30 et la RD190 serait une partie de la réalisation, dissimulée mais critiquée depuis des années, d’une autoroute urbaine A104bis. Pour les huit associations, la notion de «  projet  » se substitue à celle de « programmation de travaux » sans prendre en compte l’impact sur la santé et la biodiversité.

Justement sur ces deux points, ces associations sont sévères : l’impact sanitaire en raison de l’augmentation de la pollution des voitures et des camions n’a pas été examinée ; l’impact visuel n’y figure pas non plus. Quant à l’impact sur la biodiversité, ce projet fait fi de la réserve importante dans les Grésillons (une ZNIEFF de type II et une ZNIEFF de type I), qui a été carrément négligée par les pétitionnaires.

Pour les huit associations, ce projet «  entraînera de lourdes atteintes à l’environnement  » sans régler, de manière globale et cohérente, les problèmes de transport des habitants et des acteurs économiques de la plaine de Carrières-sous-Poissy.

Il est vraisemblable que la préfecture ne donnera pas une suite favorable à la demande de ces associations récalcitrantes, mais celles-ci sont à l’aise dans le combat administratif et, dans la durée, elles ont fait preuve d’une certaine efficacité. Seront-elles capables de faire modifier ou abandonner ce projet de requalification de la RD190 ? Ont-elles les moyens financiers pour aller sur le terrain judiciaire ?

Post-scriptum

Notes

1. Les huit associations :
- Rives de Seine Nature Environnement, représentée par Anthony Effroy ;
- Bien vivre à Vernouillet, représentée par Jean-Pierre Grenier ;
- Non au Pont d’Achères, représentée par Antoine Mille ;
- Triel Environnement, représenté par Françoise Mezzadri ;
- CO.P.R.A. 184, représentée par Christiane Paravy ;
- ADIV Environnement, représentée par Bernard Destombes ;
- Bien Vivre à l’Hautil, représentée par Agnés Burghgraeve Sellen ;
- Construisons Ensemble un Andrésy Solidaire, représentée par Elisabeth Dousset.