Après une phase de « concertation citoyenne » et une réunion publique pour la présentation du projet, deux informations ont concerné, la même semaine de la fin du mois de novembre, une étape importante de la conception d’un nouveau quartier de Villennes : sa labellisation « ÉcoQuartier » et la première réunion d’un comité consultatif.
Cette opération d’urbanisation d’un ancien terrain agricole excentré pourrait avoir un impact très important sur le développement de la commune et sur la vie locale.
Le communiqué de la Ville de Villennes
Comment respecter cet engagement d’intégration pour un quartier de Villennes très éloigné de son centre mais proche de Poissy ? En fonction de l’important apport de population, les infrastructures communales, jugées déjà insuffisantes par une grande partie de la population, pourront-elles être complétées ? Ce sont des questions essentielles que se posent actuellement de nombreux habitants et la municipalité. Le maire en est bien conscient, ayant déclaré, au début de la réunion publique de présentation du projet, le 19 octobre dernier : « Ce projet est très important pour notre ville. Nous n’avons pas droit à l’erreur ! »
L’espace à aménager, longtemps connu sous le nom « terrain IKEA »
Il s’agit d’un terrain rectangulaire de 5,5 ha, situé sur le plateau de Fauveau dominant la route RD153 de Villennes à Poissy, bordé d’un côté par une partie d’un espace forestier privé de 12 ha (les Bois de Fauveau et de Migneaux). De l’autre côté, se trouve le chemin de Fauveau, marquant une limite avec la commune d’Orgeval, en face de la bretelle de sortie de l’autoroute A14. Le quartier qui y sera établi sera plus proche de celui de La Coudraie à Poissy que du centre de Villennes, situé à environ 2 km.
Le plan de situation de l’écoquartier (Ville de Villennes/Cogedim/Seqens)
La filiale française de la société multinationale d’origine suédoise, spécialiste du mobilier et la décoration, avait acquis, en 1986, un terrain agricole de 11 ha contenant cette parcelle, dans le cadre de ses investissements fonciers tout autour de l’Île-de-France. Nous n’avons pas pu vérifier que la société IKEA aurait voulu y installer un magasin et son siège, pour lesquels elle a, ensuite, préféré un emplacement à Plaisir. Le terrain est devenu constructible depuis l’approbation du Plan local d’urbanisme en janvier 2008. La commune avait, ensuite, acquis d’IKEA une parcelle de 5 hectares afin d’être en mesure de satisfaire ses obligations de construction de logements sociaux (25 % depuis 2013) et d’y réaliser un équipement public.
Deux résidences, constituées de trois grands immeubles et de sept petits, comprenant 221 appartements, y ont été bâties ainsi qu’une crèche intercommunale, le Multi-Accueil Les Coccinelles. Les immeubles les plus proches du chemin de Fauveau sont voisins de la Résidence « La Rose des Vents », une maison de retraite médicalisée ouverte en 1991. Le premier bâtiment d’une zone artisanale est en construction, en cette fin d’année 2021 : l’atelier de torréfaction de la société Cafés Pfaff, actuellement situé à Triel, parfumera le quartier à partir de l’été prochain(2).
L’environnement existant (Ville de Villennes/Cogedim/Seqens)
Après l’annonce de la vente, par IKEA à un promoteur, de la plus grande partie du terrain qui lui appartenait encore, le J2R avait relaté, dans son édition n°142 de février-mars 2019(3), les oppositions de nombreux habitants au projet immobilier prévu et le vif débat au sein du conseil municipal. Sans avoir fait de proposition à la municipalité, IKEA avait cédé son terrain au promoteur Cogedim, associé à France Habitat (devenu Seqens), spécialiste de la construction de logements sociaux. L’association VIE, dont l’une des dirigeantes était Virgine Oks, devenue adjointe au maire déléguée à la transition écologique et énergétique dans l’équipe municipale actuelle, avait déclaré que c’était « un délirant projet d’aménagement de l’ancien terrain IKEA sur Fauveau avec 420 logements (quelques 1300 personnes) ! […] Il est totalement disproportionné pour notre petite commune [alors, environ 5400 habitants] ; Il est indispensable de le contrer, de le redimensionner et de l’adapter (en écoquartier notamment). » Le maire, Michel Pons, maintenait sa position que la commune n’était pas concernée, car « ce terrain a été vendu dans le cadre d’une transaction classique ». Pierre-François Degand et son groupe « Avenir Villennes », qui avaient, provisoirement, rejoint la majorité municipale, avaient réussi à obtenir un vote, à l’unanimité du conseil municipal, d’une motion en vue d’une préemption. Toutefois, le droit de préemption avait été transféré à la communauté urbaine. GPS&O n’a pas donné suite à cette demande car la municipalité de Villennes n’avait pas eu le temps de présenter un projet précis. Certains affirment que c’était en raison des mauvaises relations entre l’exécutif de la communauté urbaine et les communes frondeuses de l’ancienne Communauté d’agglomération 2 Rives de Seine, dont Villennes faisait partie.
Vue du terrain à partir de l’angle ouest (J2R)
La présentation du projet
La réunion publique qui a duré presque deux heures, le 19 octobre, ne peut pas être résumée en quelques lignes. Une transmission vidéo ayant été diffusée, en direct, sur Facebook, les différentes interventions peuvent y être vues(4).
Nous avons, principalement, retenu l’excellente présentation de Jean Chéron, urbaniste de l’agence DLM, auquel les aménageurs ont confié la tâche d’imaginer ce nouveau quartier. Il s’est, d’abord, imprégné de l’histoire du développement de Villennes, de son patrimoine et de son cadre de vie pour répliquer des ambiances et des éléments architecturaux dans le projet. Après avoir posé des limites foncières, délimitant des enclos, il a tracé une circulation en boucle reliant la partie déjà bâtie et celle à concevoir, puis des voies intermédiaires et des allées piétonnes. L’urbaniste a ensuite placé les emprises bâties, « très variées dans leur disposition et leur format ».
Les divers « enclos » du futur quartier (Ville de Villennes/Cogedim/Seqens)
A la vue du dessin, réalisé par un illustrateur, préfigurant la volumétrie des bâtiments mais pas leur architecture (image d’entête de l’article), l’assemblée a presque applaudi car, lors de l’annonce de cette opération d’urbanisation, tous craignaient l’implantation de barres de logements. Les hauteurs seront, également, variées entre R+1 et R+3 plus attique. Plusieurs lieux sont distingués : une place publique et commerciale, un grand domaine et une zone de pavillons jumelés ; est également prévu un espace, nommé « La Ferme », dont l’intérieur sera constitué de vergers et de potagers, ses dimensions étant celles de la cour de la ferme de Marolles.
La végétalisation a été confiée à Sophie Roux, paysagiste de l’agence Endroits en vert. Elle a repris les éléments existants, d’anciennes terres agricoles bordées par des lisières boisées, sous la forme d’un parc central traversé par une promenade principale et des venelles transversales ; il comprendra des espaces de convivialité et de détente, des aménagements agricoles (vergers pédagogiques, jardins potagers et carrés potagers). La nature sera, également, intégrée dans le quartier au moyen des cœurs d’îlots et des jardins privatifs. Ces aménagements qu’apprécieront, certainement, les habitants du quartier seront-ils, toutefois, suffisants pour atteindre l’objectif d’y faire se rencontrer les Villennois des différents quartiers ? C’était l’une des interrogations qui se sont, ensuite, manifestées.
Le plan masse du quartier (Ville de Villennes/Cogedim/Seqens)
Les avis et les questions des participants
« Sur le papier, cela a l’air très joli » a été le premier commentaire exprimé par une personne assistant, à distance, à la réunion. Philippe Meichler, membre du comité consultatif, a trouvé le projet « séduisant au premier abord » mais il aurait voulu voir l’architecture des bâtiments. En effet, les architectes n’étaient pas déjà intervenus dans le projet.
Du côté des bois, à la limite entre la partie déjà bâtie et le terrain, objet du projet, une réserve foncière a été constituée à parts égales (5000 m2, chacun) par la Ville de Villennes et par Cogedim pour construire un établissement scolaire. Le maire a précisé que ce serait un collège privé, dont le projet est étudié par un ancien directeur de l’ensemble scolaire Notre-Dame « Les Oiseaux » de Verneuil-sur-Seine. Cet équipement, qui peut satisfaire une partie de la population villennoise, permettra-t-il d’atteindre l’un des objectifs du projet, la mixité sociale ? En plus de deux entreprises qui pourraient rejoindre les Cafés Pfaff dans la zone artisanale, un bâtiment regroupera, sur 3000 m2, la Protection civile, le centre technique municipal et la police municipale.
Avant la fin de l’année, après des discussions difficiles avec Île-de-France Mobilités et la communauté urbaine, une communication par bus devrait être établie entre le quartier de Fauveau et le centre de Villennes ; les deux minibus électriques demandés par la Ville seront-ils utilisés dans ce but ? En ce qui concerne la liaison avec le quartier de La Coudraie, la municipalité souhaite que cette partie de l’avenue de Fauveau, qui remplacera le chemin de Fauveau et sera prolongée jusqu’à Poissy, soit réservée aux transports publics, aux piétons et aux cyclistes ; ce n’est pas, exactement, ce que nous pouvons lire dans le PLUi, précisant que ce sera « une voie permettant l’accueil de modes de transports doux et de transports en commun »(5). Des Villennnois ont exprimé leur crainte que les commerces et le terminal de bus de La Coudraie, attirant les habitants du quartier de Fauveau, en fassent une annexe de Poissy.
Olivier Hardouin, conseiller municipal d’un groupe minoritaire, qui apprécie que le projet soit très vert avec des espaces semblant agréables, a posé la question du caractère, privé ou public, des parties communes : « Les espaces verts et les voiries seront-ils restitués à la commune ou leur gestion et leur entretien seront-ils à la charge des propriétaires du quartier ? ». L’aménageur a répondu que les voiries seront rétrocédées à l’espace public et que le parc sera public mais d’autres éléments seront privés. L’auteur de la question l’a prolongée en se demandant si la commune disposera des services techniques nécessaires pour l’entretien de ces nouveaux espaces publics, alors qu’ils sont actuellement insuffisants. Après la réponse de Virginie Oks sur l’évolution de la situation, héritée, de la gestion des espaces verts, Jean-Michel Charles, adjoint à l’urbanisme, a mentionné que des discussions ont lieu avec GPS&O sur les voiries, les eaux usées, les eaux pluviales et que la répartition « privé-public » sera décidée par le comité technique du projet.
Une habitante actuelle d’un immeuble de Fauveau a regretté que la belle verdure, prévue plus loin, ne soit pas étendue en face de son appartement, devant l’affreux bâtiment du torréfacteur, en bordure de la route qu’emprunteront les parents des élèves du futur collège.
L’atelier de torréfaction et le siège de la société Cafés Pfaff, en construction (J2R)
Selon J.-M. Charles, des plantations seront faites le long de cette « allée », en fonction de la charte paysagère qui a été établie. A propos de la scolarisation des jeunes habitants du nouveau quartier, il a précisé que des études antérieures ont montré qu’il est possible d’agrandir les écoles existantes, avant l’éventuelle construction d’une nouvelle école.
« Ce qu’on a vu, ce soir, c’est plutôt bien. J’espère que cela va rester comme ça jusqu’au bout », c’est l’opinion d’un architecte villennois qui s’inquiète, néanmoins, sur l’impact de ce nouveau quartier sur la circulation des automobiles qui a explosé, depuis trois à quatre ans, surtout pour sortir de la ville le matin. Il évalue entre 2000 et 2500 le nombre d’habitants de Fauveau, à terme, alors que le nombre de Villennois est, environ, 5600 actuellement. Un simple calcul permet de déterminer l’important pourcentage d’accroissement de la population induit par cette opération immobilière.
Outre la qualité des résultats des études d’urbanisme et des aménagements paysagers, plusieurs participants ont félicité la municipalité pour sa volonté de transparence sur ce dossier.
Des questions restées sans réponses
Plusieurs personnes ont demandé des précisions sur les mobilités douces qui devraient relier le quartier au centre de Villennes. Aucune réponse n’a été apportée alors que le PLUi mentionne l’objectif de « développer des liaisons douces descendant du coteau vers la D153 en contrebas »(5). Il semble évident que ces liaisons ne sont pas du ressort des sociétés Cogedim et Seqens mais de la Ville de Villennes et de GPS&O.
Virgine Oks a évoqué une réflexion en cours sur les 11 ha de forêt « attenants », qui appartiennent au département des Yvelines. Il s’agit d’une réserve foncière pour l’emprise du trajet, abandonné, du prolongement de l’autoroute A104 ; en fait, elle ne jouxte pas le terrain de l’écoquartier mais elle est plus proche de la limite entre Villennes et le quartier pisciacais de La Coudraie. La commune souhaite acquérir cette parcelle boisée pour en faire, notamment, un lieu de promenade et de découverte de la biodiversité. Un dossier a été transmis à la Région Île-de-France pour ce projet « décorrélé de l’écoquartier mais dans son prolongement ».
Philippe Meichler a rappelé une suggestion qui avait été faite dans un atelier, pendant la phase de concertation, pour la création d’espaces associatifs destinés, notamment, à faire venir des Villennois des autres quartiers à Fauveau. Aucune salle polyvalente n’a été évoquée dans la présentation du projet.
Les prochaines étapes
Sur la question des délais, il a été répondu que l’objectif des aménageurs est de déposer une demande de permis de construire à la fin du premier trimestre 2022 afin qu’il soit délivré à la fin de l’année et que les travaux puissent commencer au début de l’année 2023.
L’avancement du projet est suivi par un comité consultatif, « chargé de réfléchir et de faire des propositions concernant l’aménagement du quartier de cinq élus nommés par le conseil municipal, en respectant le principe de la représentation proportionnelle » et de huit Villennois qui habitent dans divers quartiers, dont celui de Fauveau.
Cette importante opération d’urbanisation de Villennes ne sera pas la dernière. Le maire a déclaré que la commune est carencée en ce qui concerne les logements sociaux, dont le nombre n’est que de 14 % de l’ensemble des logements alors que le gouvernement en demande 25 % d’ici 2025. Actuellement, le préfet a la main sur l’urbanisme de la ville. Alors que la municipalité a pu réduire le nombre de logements de l’écoquartier à 390, le préfet aurait pu en imposer 600 à 700. L’objectif de la municipalité est de retrouver son autonomie sur l’urbanisme. « Il faut faire 167 logements, dont 150 à Fauveau, d’ici la fin de l’année 2022 ! », a précisé Jean-Pierre Laigneau. Sans vouloir faire peur, il a annoncé que, dans les dix prochaines années, toute la périphérie de Villennes va changer ; notamment, 1000 logements seront construits lors de l’aménagement de la zone des Quarante sous.
Références
La charte EcoQuartier :
https://www.ville-villennes-sur-seine.fr/download/CADRE_DE_VIE/AMENAGEMENT/20211122_charte_ecoquartier_fauveau.pdf
Le transfert de la production et du siège des Cafés Pfaff à Fauveau :
https://actu.fr/ile-de-france/triel-sur-seine_78624/yvelines-cafes-pfaff-de-triel-sur-seine-de-nouveaux-locaux-plus-spacieux-d-ici-l-ete-2022-a-villennes-sur-seine_41758623.html
L’article du J2R IKEA cède un terrain de 6 ha à un promoteur immobilier
https://issuu.com/nouvelles_des_deux_rives/docs/j2r_142_vf (page 26)
Vidéo de la réunion publique de présentation du projet :
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=3124179127815470
PLUi / Orientations d’Aménagement et de Programmation / Partie 2. OAP de Secteurs à Enjeux Métropolitains / Le secteur Fauveau-La Coudraie (p. 87) :
https://gpseo.fr/sites/gpseo/files/document/2020–01/OAP%20Secteurs%20à%20Enjeux%20Metropolitains_compressed.pdf
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