Le 27 avril, le plan d’action pour la rénovation des Briques rouges a été présenté par le maire et une équipe d’experts. Un projet plein d’enjeux urbains mais surtout politiques dans les années à venir. Voici une analyse de ce projet d’envergure qui marquera la ville pour les années à venir.
Près d’1 Français sur 5 habite dans un logement social, 2,5 millions de familles sont dans l’attente d’un logement social tandis que les rotations y sont inférieures à 5% contre 23% dans le parc privé, il est urgent de redonner aux élus locaux le pouvoir d’agir et de reconstruire nos villes qui doivent pouvoir accueillir et intégrer tout le monde ! Voilà le constat d’une majorité d’acteurs de la rénovation urbaine dans le processus de renvouvellement urbain en France et notamment dans la partie péri urbaine comme à Verneuil-sur-Seine. La présentation du 27 avril dernier, lors des 2e Etats généraux des Briques Rouges, des résultats de l’étude pré-opérationnelle (et le plan de financement inhabituel) des travaux de rénovation de ce quartier emblématique de Verneuil-sur-Seine (Yvelines), où vit près d’un tiers de la population de la ville révèle que les politiques publiques en matière de renouvellement urbain s’affirment dans les petites villes.
Construire la ville sur la ville
D’abord, la rénovation urbaine est un processus qui permet un bâtiment ou un ensemble à être aux normes et remplir les critères pour faire face aux exigences de la transition énergétique. Quant au renouvellement urbain, c’est la politique nationale qui consiste à donner des moyens pour réussir à « construire la ville sur la ville » ; de ce fait, et dans les deux cas on réduit la consommation du foncier agricole ou des terres naturelles. La question dans tout le cas est le financement : qui paie pour renouveller la ville ? La réponse peut être et, parfois doit être, multiple en raison des moyens exceptionnels (humains, financiers et logistiques) à mettre en oeuvre. D’ailleurs disons-le : le coût de ce renouvellement des « Briques rouges » s’élève à 70,6 millions d’euros !
La rénovation en quelques chiffres
1 452 logements répartis sur quatre résidences : La Garenne/L’Etang (789 logements), Le Parc noir (367 logements), Les Pâtures (190 logements) et Bazincourt/Le Manoir (106 logements). 70,6 millions d’euros, l’estimation du montant des travaux de rénovation complète de l’ensemble des logements, dans son option la plus onéreuse (à
l’identique, tout en briquettes). 58,7 millions d’euros, le montant financé par les différents partenaires (soit 83 % de la fourchette haute de la facture) : Etat via l’ANAH (34,6 millions), Région (1,7 millions), Ville (1,7 millions) et bailleur social (20,7 millions). A cette somme pourront s’ajouter des aides individuelles par le Département et le dispositif MaPrimeRénov’ en fonction des
ressources du foyer.
Parfois, des élus locaux sont frustrés de n’avoir pas leur mot à dire dans la définition de la politique publique du logement social strictement définie et encadrée par l’Etat. Ce n’est pas le cas de M. Fabien Aufrechter, maire de Verneuil-sur-Seine depuis 2020.
Un financement généreux et croisé
La ville a demandé et obtenu le montage d’une Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat – Copropriétés Dégradée (OPAH CD). Ce dispositif normalement réservé aux copropriétés dégradées permet de bénéficier d’un maximum d’aides publiques. Des communes comme Clichy, et/ou Grigny en ont bénéficié dans le passé. La nouveauté du montage OPAH CD se caractérise par le fait d’anticiper le veillissement du tissu urbain.
« Ce n’était pas gagné au début. Ce dispositif permet d’éviter que la copropriété devienne dégradée dans quelques années au regard de la situation fragile de certains propriétaires », a précisé Riham Boumnaia, cheffe de projet habitat privé à Soliha, l’association spécialiste de l’amélioration de l’habitat qui a mené l’étude avec la vilSenovanova et Citallios. « Leur faire payer la rénovation est strictement impossible. C’est d’ailleurs pour ça que ce projet est évoqué depuis plusieurs dizaines d’années mais que ce n’est pas fait » a ajouté le maire, Fabien Aufrechter.
L’Etat, Agence Nationale de l’Habitat- ANAH ANAH (34,6 millions d’euros) Région Ile-de-Francerance (1,7 millions) et la Ville de Verneuil (1,7 millions) vont ainsi participer au financement des travaux pour alléger la facture des propriétaires de ce quartier de près de 6 000 habitants. La multiplicité d’échelons de financement permet un montage financier croisé. Ce dispositif financera également 1001Vies Habitat (qui possède près de la moitié des 1 452 logements du quartier) : le bailleur social va verser 20,7 millions d’euros pour ce chantier, sans pour autant répercuter cette contribution sur les loyers ou les charges, a assuré son représentant samedi après-midi. « Ce n’est pas négligeable. Cela nous permet de proposer quelque chose de réaliste et raisonnable » s’est félicité Fabien Aufrechter.
Le montant total des aides s’élève ainsi à 58,7 millions d’euros, soit 83 % du montant estimé des travaux. En fonction de leurs ressources, certains foyers pourront disposer de coups de pouce supplémentairYvelines, le Départementtement et du dispoMa Prime Renov” Renov”. « Un tel niveau d’aide, c’est inédit ! L’objectif, c’est d’avoir plus puisque c’est calculé sur l’hypothèse des travaux les plus onéreux, avec création des façades à l’identique tout en briquettes. Les Architectes des Bâtiments de France sont prêts à autoriser des solutions intermédiaires pour faire baisser ce prix » a précisé Fabien Aufrechter, qui espère disposer d’un calendrier précis des travaux d’ici l’été prochain. « Je suis ce dossier depuis quatre ans. C’est un long chemin. Aujourd’hui, on a le résultat. On nous propose un montant d’aide qu’on ne pouvait pas espérer, » a souligné le maire.
Quelques critiques apparaissent ici et là
Certains ont rapidement critiqué la politique locale de M. le maire de Verneuil-sur-Seine. Olivier Lujuic a prédit « un fiasco » et a mis en garde les propriétaires des « Briques rouges » : les promesses n’engagement que ceux et celles qui écoutent. Plus prosaiquement, un internaute a exprimé l’ironie de voir un maire tricher pour « la bonne cause » : « C’est la 1ere fois que je vois une ville écrire qu’elle a fraudé pour obtenir des aides publiques… » Plus sérieusement, l’internaute a accusé les acteurs publics de procéder à un plan communication : « Sinon, en relisant le détail du financement, on voit bien que le 83 % annoncé par la mairie n’est qu’une opération de communication. C’est 50 % de subventions de l’Anah +4 % de la région et de la ville, soit 54 % d’aides pour les coproprietaires privés.
1001 Vies en tant que bailleur social qui possède 60 % des lots va payer 20M€ et bénéficier de 22M€ d’aides également. 70M€ de travaux pour 1452 logements, ça fait 48 000€/logemement (22 000€ de reste à charge en moyenne pour les copropriétaires privés). »
Au contraire, c’est une expérience nouvelle qui permettra d’ajuster à court et à moyen terme. Rien n’est inscrit sur le marbre mais la volonté de rénover les Briques rouges est une première pierre à la politique de renouvellement urbain de la municipalité vernolienne. D’ailleurs, beaucoup d’internautes sur le réseau social Facebook se sont interrogé : « pourquoi pas nous ? » Effectivement, c’est une demande légitime qui condurait à l’Etat de mettre des moyens afin d’investir dans des projets comme celui-ci d’une manière massive et généralisée.
« C’est super » a conclu, satisfaite, la présidente d’un conseil syndical, remerciant la mairie et le bailleur sous les applaudissements de la salle.
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