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Publié : 10 juin 2011

Gaz de schiste

La France, un Gasland ?

Jeudi 9 juin, un ciné/débat, organisé par ATTAC78, s’est déroulé au cinéma Frédéric Dard des Mureaux, à 20h30, autour de « Gasland » et du gaz de schiste.

11 mai 2011, une loi UMP, remettant en cause l’exploitation des gaz et pétroles de schiste, est votée. Une loi, qui aux yeux des collectifs "anti-gaz" et de la Gauche, ne règle pas tout.

Le Gasland

Le problème du gaz de schiste est exposé dans le film/doc de Josh Fox : Gasland. Sorti le 6 avril et nominé aux Oscars en 2011, ce film est une enquête sur la ruée vers le gaz de schiste aux Etats-Unis. Il dénonce les conséquences sur l’environnement, sur la santé et la dangerosité d’une technique d’exploitation : « la fracturation hydraulique horizontale ». Elle provoque des failles à l’aide d’un liquide, composé de nombreux produits chimiques, sous pression afin de libérer les ressources de la roche.
Eaux, sols et vies ont été pollués et ruinés par les exploitations de gaz et pétrole de schiste. Aucunes législations ni réglementations n’étaient prévus. Les exploitants étaient même délivrés des limitations en rigueur pour protéger l’eau et l’air.
Le film sous-entend que la raison première, animant l’exploitation du gaz et pétrole de schiste, est l’argent. Les compagnies payent d’ailleurs le silence des habitants. Certaines fournissent des cuves d’eau aux victimes. L’eau, sortant des robinets des victimes, est tellement polluée, qu’elle prend feu.

Depuis que les effets secondaires de ces exploitations sont connus, dans de nombreux pays, des moratoires contres sont demandés. Dernier évènement en date, Blackpool, en Angleterre, fut secoué par un séisme de 1,5 sur l’échelle de Richter. Les autorités ont suspendu des opérations de forage utilisant la technique. Le séisme s’est produit lors de son utilisation.

Point sur la loi

Sophie Primas, députée de la circonscription des Yvelines incluant Les Mureaux, cosigne la loi UMP. La loi dit que les permis délivrés seront annulés si les exploiteurs ne proposent pas une autre technique que la fracturation hydraulique horizontale interdite, dans un délai de deux mois. Si non les permis doivent être annulés. Pour les "anti-gaz", la loi est insuffisante et laisse la porte ouverte aux recherches dites “scientifiques” et assujettit l’abrogation aux déclarations des foreurs. « Le mythe de la fracturation hydraulique écologique est inatteignable », a déclaré Philippe Martin, député socialiste. A Droite, François-Michel Gonnot, député UMP, signataire de la loi, dit qu’il faut « trouver des méthodes substitutives moins traumatisantes » et « garder la porte ouverte ».
Vendredi 10 juin le texte, encore affaibli, est passé au Sénat. Il autorise cette technique à des fins d’expérimentation.
La France sera-t-elle le prochain « Gasland » ?

Les Yvelines, un Oilland ?

Julien Renault de la coordination Ile-de-France des collectifs contre le Gaz et pétrole de Schiste est venu animer le débat avec Fabienne Lauret et Laurette Fleury du Collectif Seine Aval Contre le Gaz et le Pétrole de Schiste. Il est venu apporter ses « connaissances sur le sujet ». Ce n’est pas la première fois qu’il anime un débat à la suite de « Gasland ». Ce film fait le tour de la France actuellement. « Le public est toujours surpris » explique Julien Renault pour définir la perception des spectateurs. Pour lui, la loi ne va pas empêcher les forages et l’utilisation de la fracturation. Même si la technique est utilisée à titre expérimentale, les dégâts sur l’environnement seront là. Julien Renault a souligné que la rentabilité économique était nulle. Le rapport consommation/production en général pour le pétrole ou le gaz est de 1 baril consommé pour 20 produits. Pour le gaz et pétrole de schiste, il est de 1 pour 1. Cependant, cela rapporte aux exploitants.

Dans les Yvelines, deux permis ont été délivrés pour l’exploitation de pétrole de schiste. L’un est sur un secteur appelé « Yvelines » (comprenant la Seine aval) et l’autre autour de Plaisirs. Un permis signifie un périmètre d’exploitation. Il peut y avoir de nombreux forages pour un même permis. Ces forages sont réalisables sur des plateformes ou concessions existantes. Bizarrement, ces deux permis ont été passés en fin 2007 et fin 2008. Ils sont en principe plus d’actualité. Pourtant, ils apparaissent toujours dans la liste des permis accordés.
Des vielles citoyennes s’organisent pour surveiller l’activité des plateformes partout en France. Ces exploitations sont très consommatrices en eau et en camion. Il faut plus d’une quarantaine de camions pour assurer le bon fonctionnement d’une plateforme.

A travers les questions de la cinquantaine de personnes présentes, le débat est revenu sur la loi, la technique, la position des politiques, le productivisme, le lien avec le combat F1, la mobilisation et la société. Jean Mallet, Maire de Mézy-sur-Seine et conseiller régional d’Ile de France, était le seul élu présent.