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Publié : 22 août

Transports

Ghislaine Sénée : ses arguments "Pour" la Ligne Nouvelle Paris-Normandie

Le 27 juin 2024, la Communauté Urbain du Grand Paris Seine&Oise (GPS&O) a voté une motion d’opposition qui acte l’entrée en résistance contre le projet de la Ligne Nouvelle Paris-Normandie. Mme Ghislaine Sénée, Sénatrice des Yvelines Europe Écologie Les Verts, a voulu convaincre de la nécessité de ce projet et elle a émis un communiqué peu avant le vote le 24 juin. Voici l’intégralité de ce communiqué qui donne ses arguments en faveur du projet. Cet article permet un retour sur ce projet en montrant le "Pour", puisque le "Contre" fut présenté précédemment.

LA LIGNE-NOUVELLE-PARIS-MANTES-NORMANDIE DOIT VOIR LE JOUR !

24 juin 2024

L’ajout d’un sillon supplémentaire, longeant la vallée de Seine, pour les flux en provenance ou à destination de la Normandie, est impératif pour assurer la qualité de l’offre de transport du territoire Nord Yvelines, pour répondre demain à l’augmentation des besoins liée à l’urbanisation croissante et plus largement pour atteindre les objectifs de décarbonation des flux de personnes et de marchandises.

La première phase de concertation pour la Ligne-Nouvelle-Paris-Normandie (LNPN) a débuté. Dans ce cadre, la Communauté Urbaine GPSEO appelle l’ensemble de ses communes à voter une délibération contre ce projet en conseil communautaire le jeudi 27 Juin prochain. Il est donc urgent d’expliquer pourquoi ce territoire devrait plutôt défendre une vision à long terme et ne pas s’opposer à la création de voies ferrées supplémentaires sur le territoire.

Aujourd’hui, la ligne J Paris-Mantes dans ses parties à deux voies, côté Rive gauche (Groupe 5) mais aussi Rive droite (Groupe 6), qui sert souvent de solutions de délestage, constitue l’un des plus importants points d’engorgement du réseau francilien. S’y succèdent des trains de grandes lignes pour les deux Normandie, de cabotage vers Evreux et Rouen, essentiellement porteurs de déplacements domicile-travail, des trains transiliens directs ou semi-directs et des trains de FRET. Le moindre grain de sable fragilise la ligne J dans son ensemble jusqu’à Saint-Lazare, impacte sa fiabilité et son taux de ponctualité. Rappelons-le, aujourd’hui, en cas de pépin sur les trains normands, ce sont systématiquement les usagers Franciliens qui en paient le prix.

Aussi, de manière très concrète pour notre territoire, la création de nouvelles voies, même si elles sont dédiées à la Normandie, renforcera substantiellement la robustesse de la ligne J existante. Le saut de mouton à Saint-Lazare, lancé grâce au projet LNPN, va véritablement apporter un vrai gain de performance en matière de fréquence et de régularité puisqu’il améliorera les entrées et sorties de trains en gare.

C’est cet ensemble d’opérations qui permettra aussi d’assurer la montée en charge du futur RER E entre Paris et Mantes-la-Jolie, pour lequel aura été investi près de 6 milliards d’euros pour finalement si peu de trains supplémentaires par heure lors de sa mise en service.
La menace de suppression de la branche Poissy du RER A n’est pas à prendre à la légère. Aussi ne créons pas de situation pire que ce qui n’existe aujourd’hui pour les usagers !

Objectivement, l’argument de l’impact sur le développement économique n’est pas étayé. Les activités économiques existantes ne sont pas menacées (et si cela était le cas, nul doute que des solutions seraient trouvées). Quant aux nouveaux projets de développement économique, ce sera l’occasion pour GPSEO de revoir sa copie. D’ores et déjà des alternatives plus économiques et plus vertueuses émergent, comme l’extension de la clinique Montgardé à Aubergenville.

Plus généralement, les flux entre l’Ile-de-France et la Normandie et ses ports fluviaux vont encore s’intensifier. Force est de constater que la décroissance, la limitation des déplacements et la remise en cause du modèle consumériste défendu par les écologistes, ne sont manifestement pas à l’ordre du jour. Et ce, alors même que nous prenons de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Il est donc plus qu’urgent de favoriser le report modal, c’est-à-dire le transfert du transport des personnes et des marchandises de l’usage de la route vers l’usage du ferré (et du fluvial pour le FRET). Cela passera par une meilleure offre de service de transport public et de marchandise à l’échelle interrégionale. C’est toute la raison d’être de la LNPN ! Cela aura un impact direct sur le trafic routier, allégeant de fait l’A13 mais également les routes départementales traversant nos villes et villages déjà saturées.

Restent les impératifs sur lesquels le territoire ne peut transiger : l’arrêt des trains en gare de Mantes bien évidemment !
Mais aussi la nécessité d’intégrer les exigences en matière de préservation des terres agricoles. Plus le nouveau tracé longera la Seine, l’A13 ou les voies ferrées existantes et moins il aura d’impacts. Des solutions devront être trouvées pour traiter les cas spécifiques tels ceux d’Ecquevilly et de Chapet. Il sera plus utile économiquement et socialement de traiter ponctuellement les points noirs en matière de nuisances pour les riverains et d’insertion paysagère que de mettre en œuvre la proposition de la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France d’enfouir le tracé au vu des surcoûts et du traitement des remblais.

Face au péril climatique et ses conséquences, face à la montée en charge des besoins en matière de transports et de mobilités décarbonées, notre territoire ne peut décemment s’opposer à ce projet qui, malgré les peurs de certains, sera bénéfique pour la vallée de Seine. Car disons-le clairement, ce projet engendrera pour les habitants du territoire une amélioration nette de leurs conditions de vie et de mobilités bien supérieure à la création de nouvelles voies routières, encore projetées sur ce territoire, alors que bien plus impactantes en matière environnemental.

La politique d’aménagement du territoire nous impose de penser le temps long, en responsabilité. Elle ne peut ignorer les enjeux plus globaux. Rejeter aujourd’hui le Ligne-Nouvelle-Paris-Mantes-Normandie, c’est réduire la capacité de résilience de notre territoire mais également celui de l’Ile-de-France et de la Normandie.

Ghislaine SENÉE, sénatrice des Yvelines
Ancienne Présidente de la Commission de l’Offre de Transport du Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF, ancêtre
d’Ile-de-France Mobilités)