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Publié : 25 mars 2010

Election régionale 2010

Bilan des élections régionales : la droite morfle, la gauche se rejouit, l’abstention gagne

Retour sur les résultats des élections régionales et surtout du premier tour. Quel bilan ? Quelles perspectives pour la suite ? Où en sont les forces politiques françaises et leurs formations ?

Une abstention très massive

Au niveau national, l’abstention a été conforme aux prévisions, soit plus de 50 % et en Île-de-France à plus de 56 % au premier tour. Aux Mureaux, elle a littéralement explosée : plus de 70 % des citoyens ne se sont pas déplacés pour voter. Le bureau ayant le plus voté (Mairie, bureau n°1) n’atteint que difficilement les 40 % de participation alors que les bureaux les plus bas ont eu une moyenne de 15 % de votants, Jean Macé (Vigne-Blanche) descendant même à 10 % de participation.
C’est un problème très grave dans une démocratie représentative, c’est-à-dire qui fait élire des représentants du peuple à qui celui-ci délègue sa souveraineté. Quelle légitimité ont des élus qui le sont avec moins de 50 % de votants ? S’il était besoin de montrer que la crise est profonde entre les populations françaises et ses institutions, voilà la chose faite.

Le PS supplante l’UMP

Nationalement les listes socialistes ont majoritairement supplantées l’UMP. A 30 % contre 27 %. C’est donc un pari réussi pour leur Première secrétaire qui assoit son assise sur la gauche et sur son parti, notamment en vue de la prochaine présidentielle qui semble être tout ouvert pour la Dame des 35 heures. Localement l’UMP a été balayé à moins de 18 % talonnée par le FN à 15,5 % et dominée complètement par la liste Huchon à 34 % des voix. Les Mureaux confirme ainsi son implantation à gauche et la faiblesse du parti « majoritaire ».

Les écolos gagnent leur pari

En Île-de-France, et dans deux autres régions Europe Ecologie franchit la barre des 15 %, au niveau national, la formation écolo reste autour de 12,5 %. C’est une victoire pour les militants de longue date, un demi-échec pour les nouveaux. Pour ceux qui ont connu les moments difficiles, voir l’écologie politique rester au-dessus de 10 % montre une continuité du vote Europe Ecologie qui s’en voit crédibilisé dans la gestion d’exécutifs. Pour les nouveaux, qui avaient peut-être cru décrocher la lune, un score de 12 % au niveau national – et des scores locaux descendant à moins de 9 % - c’est une retombée du souffle des européennes. Mais ceux-là avaient mis la barre trop haut car Europe Ecologie a quand même réussit de belles performances avec un score comme celui-ci au niveau national et de bons scores dans certaines régions. Mais est-ce que ces chiffres seront en développement durable ? Car à regarder de près, la barre des 10 % n’est pas franchie dans huit régions et seules les régions urbaines connaissent vraiment un vote écolo à plus de 15 %. De quoi alimenter la réflexion des plus pessimistes.

La remontée de l’extrême-droite

La « surprise » de ce premier tour, c’est la remontée du Front National. Il arrive à passer la barre des 10 % dans treize régions, celle des 15 % dans cinq régions et les 20 % dans une région. En Île-de-France alors qu’on l’annonçait à moins de 5 %, le FN a frôlé 10 % devant le Front de gauche, le MoDem et le NPA. Aux Mureaux sans aucune campagne militante, sans distribution de tracts et sans affichage dans la ville, les frontistes récoltent 15,46 % des voix à deux points de l’UMP qui atteint difficilement 17,44 %. L’abstention de l’électorat de l’UMP a été flagrante et la partie ayant voté s’est reportée en partie vers le FN. Le parti des Le Pen père et fille a réussi à capter un électorat lassé des discours politiques habituels et se sentant délaissé socialement. Il a retrouvé un électorat qui s’était un peu dispersé auparavant. Un retour durable ?

Gauche radicale : le Front de gauche devant, le NPA fait de bons scores dans les quartiers populaires

La gauche de la gauche arrivera-t-elle à s’entendre ? Entre le NPA et le Front de gauche chacun a des atouts complémentaires : l’un a la force de l’unité, des moyens financiers plus importants, une couverture militante sur toute la France, l’autre a un porte-parole qui parle aux jeunes et surtout aux quartiers populaires et des militants moins nombreux mais très investis sur le terrain social. Mais loin d’établir un monopole, c’est une concurrence libre et non faussée qui existe entre le Front de gauche (FG) et le NPA. Le premier a réussi à montrer sa dominance certaine sur le plan électoral – plus de 7 % au niveau national, soit une progression par rapport aux européennes – et a démontré que l’alliance valait mieux que des listes séparées dans les régions où FG et NPA sont partis ensemble au premier tour. Le second a bu la tasse – il atteint autour de 3 % au niveau national – face au FG mais conforte son positionnement dans les quartiers populaires de la région, ce qui montre qu’Olivier Besancenot a une réelle audience dans ces quartiers. Ce qui est d’autant plus encourageant pour le NPA que la prochaine élection de premier plan (en 2011, il y a les cantonales et les sénatoriales) est la présidentielle en 2012. Mais l’est moins pour une candidature unique. Alors candidat commun ou chacun dans son coin ? Le pari va être dur à relever mais d’aucun ont déclaré un jour que l’union était un combat.

Les démocrates (a)battus

Le MoDem est battu par le bipartisme qu’il voulait enterrer. Le centre « humaniste » qui voulait rassemblait chrétiens-démocrates et sociaux-libéraux a vu son électorat se disloquer entre un Parti socialiste qui a réussi à réincarner une opposition proposante et gestionnaire, des écolos captant un électorat centriste et de CSP+ (cadres, « bobos »…), et un Nouveau Centre (allié à l’UMP) qui a regagné le centre-droit. Mais ne faisons pas de François Bayrou un homme à terre tout de suite. Si son mouvement ne trouve pas d’électorat stable sans la présence de son président en tant que candidat, tout peut changer si celui-ci l’est. Pour être plus clair : l’élection présidentielle peut voir Bayrou revenir en force s’il gagne de nouveau le pari qu’il avait emporté en 2007, mais avec des troupes considérablement affaiblies et sans un vivier de ministrables et de députés comme il y a trois ans…

Retrouver notre analyse sur ces élections dans le prochain numéro papier des Nouvelles.