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Publié : 6 octobre 2022

Littérature

Pèlerinage littéraire de Médan : la fougue n’est plus !

Le dimanche 2 octobre 2022 sera une date à oublier dans les annales littéraires de la France : le ciel était sombre et il pleuvait des cordes pendant que des intervenants ont tenté de perpétuer l’esprit d’Émile Zola, qui n’est plus. Dans les jardins de la Maison d’Émile Zola, des discours sont prononcés depuis 120 ans. Mise à part celui de Jack Lang, ancien ministre de la Culture de François Mitterrand, on a eu affaire à des discours fades. L’après midi du 2 octobre, à Médan, fut ennuyeuse et mouillée.

Après ces mots, on peut d’ores et déjà dire que l’auteur de ce texte sera déclaré « persona non grata » à Médan et en particulier au Musée Zola/Dreyfus. Pourquoi ne pas dire la réalité ? L’esprit de Zola n’est plus revigoré par ce type de rencontre qui nécessite un nouvel élan comme celui d’une équipe jeune et dynamique qui s’emparerait des idées et des actions à la Zola.

Devant deux cents personnes, « le ciel est sombre » a souligné un des gardiens du temple ; certes, il faisait allusion au chaos géopolitique actuel et à la guerre en Ukraine. Il a mis en avant les « nouveautés des Cahiers Naturalistes » et les produits « dérivés » suite à l’inauguration du musée Zola/Dreyfus : des livres, des facsimilés, des visites à ce musée « pédagogique » de haut niveau, fruit d’un travail de vingt ans et le mécénat de M. Pierre Bergé. Il a également fait part des disparitions importantes pour le cercle littéraire d’Émile Zola : Mme Mireille Delmas-Marty et Henri Mitterrand.

Ensuite Clive Thomson, professeur émérite à l’Université Ontario, qui avait fait une thèse sur Paris et avait rencontré Henri Mitterrand, a endormi l’auditoire avec une litanie de dates et des faits sans aucune ossature littéraire. Même pas une citation de Zola ! A la fin de son discours, il a souligné que « le cas de Zola n’a pas encore été réglé » ; ceci explique donc cela ! Des réflexions d’autres auteurs devront se poursuivre, mais par qui ? En voyant l’auditoire et les intervenants, on ne sait pas vraiment d’où pourrait venir cet élan nouveau dans une pensée humaniste comme celle de Zola.

Jack Lang, président de l’Institut du Monde arabe et ancien ministre de la Culture a « chauffé la salle » pour rendre hommage à tous les prédécesseurs du pèlerinage littéraire de Médan : deux présidents, des hommes de lettre tel Céline et des philosophes comme Bernard Henri-Levi. Il a souligné l’importance des moments de débats comme les soirées de Médan dans « une cage à lapin ». C’était un autre temps où beaucoup de Français respectaient la pensée et la réflexion … Désormais, selon les propos de Jean Cocteau, « la bêtise s’est mise à réfléchir » et aujourd’hui à diffuser sur les réseaux sociaux.

Malgré le moment sombre de ce monde chaotique, il faut chercher les Zola du XXIe siècle. Il faut que la jeunesse se réveille… soit présente pour des luttes pour la vérité. Sauf que « des ouvriers de la vérité » comme Zola ne sont plus là ou sont ailleurs. Pas à Médan ce dimanche d’octobre noirci par les bombes qui tombent non loin d’ici dans le Donbass ukrainien.

Pour être dans la justesse du récit, M. Lang a également dénoncé la bête immonde : l’antisémitisme et sa résurgence comme un imbécile poison du XXIe siècle. Pour contrecarrer ce phénomène, il faudra encore une fois invoquer la démarche zolienne. Il faudra des « J’accuse » dans tous les milieux et dans toutes les occasions pour montrer un nouvel élan vers la vérité et de la justice.

Pour lui, il est indispensable de (re)lire Zola pour remettre la France au milieu d’un débat universel prônant Liberté et Justice. C’est une œuvre d’une vie pour laquelle il faut de jeunes combattants avec « des convictions, intimes et morales ». Comme Zola, Jack Lang place ses espoirs dans cette jeunesse éternelle.

Il est dommage que cette jeunesse soit absente lors de cet après-midi mollasse d’un mois d’octobre sombre pour l’humanité. Dans ce 120e anniversaire de la mort d’Émile Zola, la fougue n’est plus là… et l’esprit de Zola qui le réveillera ? Le temps le dira.