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Publié : 16 novembre 2022

Communiqué

Lettre ouverte par la SNSP et d’autres : "Le Département des Yvelines lâche le spectacle vivant"

Par un communiqué du mercredi 16 novembre 2022, la Société National des Scènes Publiques a envoyé une lettre ouverte au Conseil Départemental des Yvelines, intitulée : "Le Département des Yvelines lâche le spectacle vivant".
Voici l’intégralité de la lettre ouverte qui est à lire ci-dessous.

« Alors que les artistes et les acteurs culturels du territoire tentent de se remettre de la crise qu’ils ont traversé ces deux dernières années avec la pandémie et qu’ils se retrouvent encore plus fortement impactés par les conséquences d’une inflation galopante, le Département des Yvelines fait le choix original d’abandonner (définitivement ?) toute ambition en matière de politique culturelle et de soutien au spectacle vivant. Voici une lettre ouverte des artistes en Île-de-France.

En effet, si l’on en croit les informations recueillies auprès d’acteurs de terrain, le Département des Yvelines s’apprête à donner le dernier coup de grâce à une politique en faveur du spectacle vivant déjà largement affaiblie ces 10 dernières années : en dehors des aides à l’investissement (mais quel intérêt à construire des équipements que l’on n’aura pas les moyens de faire fonctionner ?), d’un soutien à quelques festivals, du maintien d’un conventionnement pour une poignée de « grandes institutions départementales » (sur quels critères ?) ou encore de l’incitation à utiliser le dispositif Pass + (dont l’utilité devient toute relative si nous n’avons plus les moyens de développer une offre pertinente), il n’y aura plus de soutien effectif au spectacle vivant.

Sauf — et c’est un comble ! — l’invitation à candidater à un appel à projets autour… des Jeux Olympiques ! Comment imaginer que le soutien au spectacle vivant ne puisse passer désormais que par des projets ayant trait au sport et aux jeux Olympiques ? Plus généralement, la généralisation de la logique d’appels à projets ponctuels, au détriment de conventionnements pluriannuels et d’aide au fonctionnement, ne peut constituer une réponse satisfaisante à la nécessaire structuration et consolidation des projets artistiques et culturels, a fortiori dans le contexte actuel.

Si ces orientations nous scandalisent, que dire de la méthode… Cette suppression totale des aides au spectacle vivant a été menée unilatéralement en l’absence de toute écoute des acteurs du secteur, qu’il s’agisse des lieux de diffusion, des espaces de création et d’accompagnement ou encore bien sûr des artistes. Il y a un an déjà, le signal d’alarme avait été tiré par nos organisations face à la refonte des aides du Département, que nous avions découverte par hasard quelques jours avant son vote par l’Assemblée départementale. Face aux interrogations et incompréhensions, un soutien transitoire avait alors été mis en place, mais revu à la baisse et accordé « au cas par cas ». Il s’accompagnait d’une promesse de concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur qui, neuf mois plus tard, attendent toujours que le Conseil Départemental organise des assises de la culture dignes de ce nom, réunissant tous les partenaires concernés.

Ce désengagement progressif – et maintenant quasi définitif vis-à-vis des acteurs du spectacle vivant – va avoir des conséquences dramatiques pour ces derniers et pour toutes les personnes pour qui ils œuvrent au quotidien : les compagnies et équipes artistiques tout d’abord, déjà fragilisées par l’absence d’aide à la création et les loyers prohibitifs sur le territoire ; les élèves et professeurs des collèges, pourtant compétence départementale, avec lesquels les acteurs culturels construisent des projets ambitieux et essentiels ; les publics des acteurs sociaux ou sanitaires ; et plus généralement les habitant·es du territoire, déjà pénalisé·es par un maillage territorial imparfait, lié notamment à la disparition notable de nombreuses initiatives culturelles ces dernières années.

Dans ce contexte, nous, organisations syndicales et réseaux du spectacle vivant, dont plusieurs dizaines de nos membres continuent d’agir pour l’intérêt général sur le territoire yvelinois, alertons avec responsabilité et gravité les élu·es départementaux·tales : quelle politique culturelle voulons-nous pour ce territoire ? Devra-t-on se résigner à 4 ou 5 « cathédrales » au milieu d’un désert culturel ? C’est en tout cas le chemin que nous prenons car les structures de proximité, les acteurs de terrains, les associations culturelles, les théâtres de ville, les salles de concerts, les collectifs d’artistes ne tiendront pas longtemps dans l’adversité sans soutien. Il y a quelques années, les Yvelines, un des départements les plus riches de France, était montré en exemple dans de nombreux domaines de la vie culturelle et artistique. Aujourd’hui, il tend à devenir une anomalie désolante dans le paysage francilien.

Nous sommes partagé·es entre l’incompréhension, l’inquiétude et la colère, mais nous voulons croire que les élu·es départementaux·tales sauront prendre conscience de la gravité de la situation. Et qu’ils nous rencontreront pour poser les bases d’une vraie concertation au service de la vie culturelle des Yvelines. »

 

Signataires :

  • Actes If – Lieux artistiques et culturels indépendants en Île-de-France
  • ACTIF – Association Culturelle de Théâtres d’Île-de-France
  • La FéRue — Fédération des arts de la rue en Île-de-France
  • Réseau Chaînon Île-de-France
  • RIF – Réseau des Musiques actuelles en Île-de-France
  • SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
  • SNSP – Syndicat National des Scènes Publiques
  • Synavi – Syndicat National des Arts Vivants