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Publié : 8 mars

Politique locale

Conseil municipal de Triel : la crise politique perdure

La réunion du conseil municipal de Triel-sur-Seine a été, le 6 mars, le théâtre d’une nouvelle confrontation entre le maire, Cédric Aoun, et ses opposants au pluriel. Depuis 2023, la crise politique perdure en raison d’une hostilité croissante entre les défenseurs d’une transparence budgétaire (17 membres) et l’équipe majoritaire-devenue minoritaire- du maire. Bilan : 2 points pour l’opposition (autorisation de dépense non votée et l’adjoint à la sécurité maintenu dans ses fonctions) et 1 point pour le maire (l’adjointe frondeuse mise à l’écart de sa délégation).

Le 6 mars à vingt heures, Cédric Aoun, maire de Triel-sur-Seine a réuni son conseil municipal pour aborder 17 délibérations dont la principale de la soirée relative à l’autorisation ou non « d’engager, de liquider et de mandater » des dépenses d’investissement avant le vote du budget primitif de la ville. Deux autres délibérations importantes concernaient le maintien ou non des deux « futurs anciens adjoints » de la liste majoritaire du maire. Avant tout, il faut se rappeler que le maire ne dispose plus d’une majorité claire et dépend du bien-vouloir ou de la chance de recueillir des voix dispersées (égarées) ici et là. En réalité seuls onze de ses anciens colistiers de la liste « Triel, C’est vous » continuent à suivre le maire de Triel dans ses choix et dans ses actions.

Après le débat et l’adoption d’une subvention communale pour l’achat d’un dispositif de vidéo-surveillance ou de vidéo-protection, les conseilleurs municipaux ont débattu l’autorisation ou non « d’engager, de liquider et de mandater » des dépenses d’investissement avant le vote du budget primitif (point 2 de l’ordre du jour). Le montant en jeu représente la somme de 2 074 649,61 € qui permettrait au maire de poursuivre sa politique et son action municipale (réalisation de la crèche municipale de 50 berceaux, réfection du COSEC…). Pour certains, il était temps de trouver un terrain d’entente pour finir les projets/chantiers commencés mais pas encore terminés. En plus, le maire a souligné le problème de la TVA car le fonds de compensation de la TVA permet de récupérer la TVA payée durant l’année en cours.… Si cette délibération n’était pas adoptée, cela risquerait d’avoir des répercussions ; en outre, le maire a rappelé que des subventions ne seraient pas obtenues, voire certaines pourraient être remboursées aux autorités émettrices de ces aides.

Rupture de confiance

Cédric Aoun, maire de Triel-sur-Seine, a martelé que « l’on demande l’autorisation de dépenser et non pas des nouveaux investissements ! » Mais, la rupture de confiance avait été actée depuis janvier 2023 car certains élus, qui faisaient partie de l’équipe du maire, continuent encore à demander des éclaircissements et des comptes : Souad Bendjeddou a été succincte en exigeant « l’état de comptes ou le grand livre  » (version excel) ; Bérengère Voillot a expliqué que l’on « ne peut pas se déterminer avec les éléments à leur disposition. » En outre, elle a demandé au moins « des estimations de coût et de besoins de la ville ». Pour le maire, ces critiques émanent d’un groupe d’élus qui sont « dans une position dogmatique ». En outre, les conséquences seraient « néfastes pour le fonctionnement de la ville » : sorties d’écoles annulées ; pas de poursuite des chantiers en cours ; pas de possibilité de payer les frais de maintenance des écoles ; risque de perdre de subventions.

« Que nenni » ont rétorqué les élus en nette opposition au mode de fonctionnement du maire de Triel-sur-Seine. Pour Fernando Mendes, ancien pilier de Cédric Aoun, «  tout cela est faux ; les achats sont possibles pour le fonctionnement normal de la ville ». Sophie Kérignard de la liste Vivre Ensemble à Triel a emboité le pas en expliquant que « l’on ne touche pas aux dépenses en fonctionnement de la ville. » Yvon Rosconval de Triel Autrement a martelé la nécessité d’une transparence car il s’agit de l’argent public. Tant que le maire procède ainsi, « on bloquera le système ! » Suite à ce long échange, le résultat a reflété le rapport de forces : 17 voix contre l’autorisation d’engager des dépenses avant l’adoption du budget primitif de 2024. Le maire a, lui, reçu 16 voix. Le blocage risque de durer jusqu’au moment du vote du budget en avril 2024.

Deux votes décisifs

Suite à un débat sur le bien-fondé ou non d’une motion pour défendre l’action du département des Yvelines, et à deux délibérations pour résilier deux marchés publics (entachés d’erreurs !), le moment crucial est venu pour deux adjoints au maire, Mme Valérie Lefuel Duval et M. Pascal Gilles, respectivement 1e et 2e adjoints au maire.

Maintenir ou non comme première adjointe Mme Valérie Lefuel Duval était la question pour le conseil municipal. Après une décision (hâtive ?) du maire de procéder au vote à bulletin secret, le résultat a été 16 voix pour le maintien, et 17 voix contre. Certains élus ont fortement réagi en dénonçant la méthode utilisée : Mme Voillot a contesté la délibération en soulignant qu’elle n’était pas conforme à la loi et qu’elle allait la faire annuler. M. Fernando Gomes a haussé le ton : « ça suffit les manipulations ». Le maire a lui a demandé de sortir… Sans succès.

Pour la question de retirer ou non la délégation du 2e adjoint, M. Pascal Gilles, un deuxième moment de suspens a envahi la salle du conseil municipal. Le vote, son dépouillement et l’annonce des résultats ont été reçu dans un silence de cathédrale : 17 voix pour le maintien et 16 voix pour le révoquer. Etrange.…

La suite a été classique : un débat sur les orientations budgétaires de la ville pour 2024 qui n’a pas surpris le public. L’avis de la municipalité ne concordait pas avec celui des opposants au pluriel.

En conclusion, la crise politique à Triel-sur-Seine a atteint un paroxysme. La passion des uns, la demande de transparence des autres et l’indifférence de certains ont abouti à une impasse de taille. Tant que ces ingrédients seront présents, les hostilités seront grandissantes. Par conséquent, cette crise ne permettra sans doute pas de faire adopter le budget de la ville, une étape essentielle pour faire fonctionner la démocratie locale dans une ville comme celle de Triel-sur-Seine. Il reste la question clé : comment sortir de cette crise politique qui obère l’avenir de la ville ?